Les résidents du centre Jean Quarré, unis contre leur expulsion programmée

Ce texte a été écrit par des migrants habitant dans le centre Jean Quarré (Paris 19e) le mercredi 3 avril 2019, puis traduit en français avec l’aide d’habitants solidaires. Une manifestation est prévue samedi.

Nous, 150 habitants de ce centre, vivons ensemble dans le respect mutuel, quelque soit nos religions, nos couleurs de peaux, nos racines. Noirs ou blancs, nous ne sommes qu’un et il n’y a aucun problème entre nous.
Pour nos droits, nous sommes prêts à résister, main dans la main. Nous exigeons nos droits, ici. Pourquoi voulons-nous nos droits ?

Parce qu’ils nous ont manqué de respect, ils nous ont trahis, ils veulent nous expulser du camp. Lorsqu’ils nous ont dit qu’ils ne nous jetteraient pas d’ici, ils nous ont menti. Ils veulent nous expulser.
Ils crient aux Droits de l’homme. Où sont-ils, ces Droits de l’homme ?

Dans la rue, la vie est très dure, nous voulons votre aide. On dit que l’État français ne déporte pas, mais nous jeter à la rue, c’est comme nous déporter. Si on nous déporte dans nos pays, c’est la mort, mais la rue, c’est une autre façon de nous tuer. Si le chef du camp et les responsables dormaient à la rue, ne verraient-ils pas la mort de leurs propres yeux ?

Nous ne sommes pas des marchandises, des moutons, qu’on achète bien gras un jour et revend le lendemain.
Si le chef du camp dort une nuit dans la rue, nous cesserons de protester.

Un Dubliné [1] n’est-il pas lui aussi un humain, pour avoir à dormir dans la rue ? Et quand on est malade ? Dans la rue, ils ne nous autorisent même pas à dormir. Ils nous gazent, ils nous réveillent à grands jets d’eau et ils détruisent nos papiers et nos affaires. Il s’agit de torture. Il s’agit du racisme. L’État français, c’est un État raciste. Ils négligent nos droits. Nos familles s’inquiètent pour nous. Une fois à la rue, si nous tombons malades, qui viendra nous aider ? Si nos nerfs lâchent ? Oublions le froid, comment allons-nous supporter les saisons chaudes ?

Nous le disons aux habitants du quartier : nous sommes tous sous pression et nous nous faisons expulser par la force de la police et de l’État.

Nous avons beaucoup de problèmes dans le centre. L’organisation Emmaüs et les travailleurs sociaux nous on dit que nous devions quitter le lieu d’ici 20 jours. Que si nous refusions, c’est la police qui nous expulsera par la force. Actuellement, nous sommes extrêmement inquiets de notre situation. Nous ne savons pas où aller.
Nous vous demandons de bien vouloir coopérer avec nous et être nos compagnons de route. Si vous, respectables voisins, ne nous soutenez pas, ils nous feront sortir du centre et nos vies seront bouleversées. Nous vous demandons de nous aider pour participer à nos manifestations et nos actions de protestation. Nous vous demandons de nous soutenir.
D’ici 20 jours, 20 résidents vont être expulsés.

Tous les résidents de Jean Quarré exigent une solution à ce problème et s’opposent à l’expulsion de ces personnes.

Manifestation samedi 13 avril : les habitants du centre Jean Quarré unis contre leur expulsion programmée !

  • Point de rendez-vous et départ : 10h sur la Place des Fêtes
  • Rassemblement 11h place Armand Carrel, devant la mairie du 19e arrondissement.

Note

Le texte est disponible en farsi ainsi qu’en version tract (FR).

Texte en farsi
Tract en français

Notes

[1Dubliné·e : étranger·e en procédure Dublin, dont le nom et les empreintes ont été recueillis par la police du pays où la personne s’est faite contrôlée. C’est alors dans ce pays qu’il doit demander l’asile, peu importe où il se trouve et vit désormais, s’il ne parvient pas à passer en procédure normale de demande d’asile

Localisation : Paris 19e

À lire également...