RSI est une entreprise d’intérim spécialisée dans le Bâtiment et les Travaux Publics. RSI fournit de la main-d’œuvre précaire pour les entreprises des chantiers.
Les entreprises clientes sont des entreprises de taille moyenne, elles-mêmes sous-traitantes de grandes entreprises comme VINCI, BOUYGUES, EIFFAGE.
"On travaille comme des esclaves"
« Tout le monde sait que nous n’avons pas de papiers, l’agence d’intérim, les chefs sur les chantiers... Ils nous traitent d’emblée différemment : on est insultés, sous pression. Si on se défend, on nous répond "Fin de mission". Si on est blessés et qu’on ne peut pas retourner sur le chantier, on est virés, sinon on continue de travailler malgré les douleurs. On travaille comme des esclaves et on n’est pas considérés comme des hommes » (Le Parisien du 2 novembre)
10 novembre 2021, sur Europe 1, Darmanin dénonce le rôle des entreprises dans notre exploitation
Quelques jours après l’installation de notre piquet de grève, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a dénoncé le discours de certains candidats à la présidentielle sur l’immigration. Il notait que « jamais ils ne s’en prennent aux entreprises. On peut s’en prendre aux étrangers en situation irrégulière qui se trouvent sur le sol national, mais il y a aussi des entreprises, de très grandes marques, qui les font venir » et d’insister : « C’est aussi de la faute de certains capitalistes d’utiliser la misère humaine. Et dans les candidats (...) il n’y a pas beaucoup de dénonciation de ces chefs d’entreprise. »
Exploitation des Sans-papiers, l’État montre l’exemple
Nous démentons les propos de Darmanin. Les entreprises ne nous ont pas fait venir. C’est l’État français, en maintenant la misère dans nos pays mal décolonisés – c’est l’État français en y provoquant des guerres, qui nous a poussés à franchir le désert et la mer. Et c’est en nous maintenant Sans-papiers, en France, que l’État a créé un marché de main-d’œuvre de 6 à 700 000 Sans-papiers dans lequel les employeurs n’ont qu’à piocher. Et nous confirmons. Ce sont bien souvent de grandes entreprises qui nous utilisent. Mais elles le font à travers une cascade de sous-traitance qui dissimule leur responsabilité. Et l’État lui-même montre l’exemple. Notre collectif tient deux autres piquets de grève, l’un devant l’agence Chronopost d’Alfortville, l’autre devant la plate-forme DPD du Coudray-Montceaux dans le 91. Dans ces filiales de La Poste, entreprise d’État, des milliers d’intérimaires, Sans-papiers comme nous, trient les colis à toute heure du jour et de la nuit.
L’Inspection du Travail doit pouvoir nous régulariser
Quand une inspection est prévue sur un chantier, c’est la panique. Les chefs nous demandent de ne pas venir... ou alors de nous cacher, si les contrôleurs arrivent à l’improviste. Parfois, ce n’est pas possible, et l’inspecteur du Travail regarde ailleurs pour ne pas nous voir travailler en habit de ville. Il sait que nous sommes Sans-papiers, mais s’il intervient en rappelant la réglementation, il sait aussi que nous serons virés. Si Darmanin était sincère dans sa dénonciation des entreprises, lui, son gouvernement et sa majorité changeraient la loi pour donner un pouvoir de régularisation aux agents de contrôle confrontés à ces situations. C’est ce que nous demandons.
Régularisation sur simple preuve de la relation de travail
En particulier, l’inspection du travail doit être dotée d’un pouvoir de régularisation sur simple constat d’une relation de travail
La société RSI a accepté de délivrer aux grévistes 83 cerfas/promesses d’embauche ainsi que les documents nécessaires à la régularisation. Il s’agit d’une première victoire. Maintenant,
La préfecture doit régulariser tous les grévistes de rsi et leurs soutiens sans-papiers