Quatre individus cagoulés auraient essayé de poignarder un chauffeur, qui devrait sa vie « à ses stylos accrochés dans sa veste qui ont fait riper la lame », avant d’être enfermé dans le bus, en compagnie de bouteilles de gaz.
L’information, un brin tirée par les cheveux, nous vient d’un élu, Stéphane Beaudet, entre autres, président du TICE (le réseau de bus en Essonne) [2]. Pas un inconnu, donc, qui a déjà lancé plusieurs diatribes contre "les voyous" du syndicat Sud.
Le chauffeur en question n’est pas non plus un inconnu, puisqu’il est délégué syndical FNCR [3], au sein duquel il est également président du Syndicat National des Transport Inter-urbain de Personnes, et c’est dans ce double cadre qu’il a tenté de s’opposer au mouvement de grève [4].
Il faut donc revenir sur les cause de ce mouvement. La société Transevry, sous-traitante du réseau TICE, et filiale de Keolis, elle-même filliale de la SNCF, est sous convention "milieu urbain" pour le STIF [5], amenant un certain nombre d’avantages pour ses gestionnaires, mais maintient pour ses salariés la convention collective Inter-urbaine, plus défavorable pour ses travailleurs. Chose que le tribunal a jugé illégale par deux fois.
Jeudi 7 novembre, les travailleurs lancent la grève, et bloquent de dépôt pour l’application de la convention collective urbaine. Le chauffeur-syndicaliste craindrait-il pour son statut de président de sa section "transport inter-urbain", ou plus simplement se met-il toujours du côté des intérêts patronaux ? Toujours est-il que la FNCR s’est prononcée contre la grève. L’intervention des gendarmes mercredi 13, dans le dépôt et sur demande de Stéphane Beaudet, a fini de mettre le feu aux poudres.
On peut alors douter que les intérêts de ce chauffeur soient les mêmes que ceux des travailleurs qu’il est censé défendre ; l’incendie ne semble pas le fruit du hasard. Quant à la tentative de meurtre, pour le moment rien n’est avéré si ce n’est les propos d’un élu UMP qui voit des bolchéviques, couteau entre les dents, partout, et qui compte bien monter l’affaire en épingle. Faut-il-rappeler qu’il n’y avait aucun témoin sur les lieux et que malgré cette terrible aggression, notre chauffeur n’a pas la moindre blessure ?