Tôt dans la matinée, le bâtiment des sciences sociales de la faculté de Nanterre est bloqué pour libérer du temps et permettre à des étudiants de manifester, au même moment, des lycéens s’occupent de bloquer leurs établissements. Du lycée Dorian, en passant par Maurice Ravel, jusqu’à Louis le Grand (ou pas), les blocus sont effectifs et se maintiennent. On dénombre une bonne trentaine de lycées bloqués.
Malgré les manigances des bureaucrates des syndicats lycéens et étudiants pour discréditer notre appel, ce sont des milliers de lycéens et d’étudiants qui se rassemblent doucement place de la Nation à 11h pour une manifestation annoncée comme joyeuse et déterminée.
Peu avant le début de la manifestation, une barbouze de l’UNEF vient défendre l’un de ses camarades de l’Union nationale lycéenne (UNL) qui se faisait sortir de la manifestation, car il monopolisait les interviews auprès des médias, au détriment des lycéens et étudiants qui ne sont pas des militants professionnels. Il tente de gifler un lycéen, puis se prend une bonne rouste et se fait dégager à son tour, ce qui va provoquer une intervention policière et l’interpellation d’une personne. La foule va ensuite encercler les policiers et exiger, avec force, la libération du camarade et réussir à le libérer.
Le cortège s’organise, avec en tête trois banderoles, sur lesquelles on pouvait lire « Lycéens, étudiants, contre la loi travail », « Le retour du mouvement social » et « Se lever pour 1200 c’est insultant ». Une enceinte crache de la musique, quelques pétards explosent, des torches illuminent la foule sous les quelques gouttes de pluie, pendant qu’une partie des lycéens et étudiants scandent « Loi travail, loi des patrons » ou encore « A bas l’État, les flics et les patrons ».
Au niveau de l’intersection entre le boulevard Diderot et la rue de Reuilly, permettant de rejoindre la rue du faubourg Saint-Antoine, un Macdonald, un centre de recrutement de l’armée, un Ibis hôtel, une boutique de tapis de luxe et des murs sont respectivement recouverts de peinture ou tagués.
On ne s’arrête plus, des gens continuent de rejoindre la manifestation, qui atteint pas loin de 5000 personnes. La tête de cortège est presque entièrement composée d’une majorité de lycéens qui s’attaquent aux banques et à toutes les enseignes capitalistes, ainsi que des beaux graphs venant recouvrir les sombres murs de cette rue commerçante. Les slogans continuent : « Tous les flics sont des bâtards », « Lycéens, étudiants, contre la loi macron », « El Khomri t’es foutue la jeunesse est dans la rue » ...
Plusieurs torches sont craquées, ce qui permet d’avoir une arrivée flamboyante sur la place de la Bastille. Les CRS bloquant la rue de Rivoli, ça continue sur la gauche, en direction de Sully-Morland pour les contourner.
Juste avant le pont entre Sully et Jussieu, une dizaine de camions de CRS bloquent le cortège et le scinde en deux. Les manifestants balancent des bouteilles, des pétards et d’autres objets sur la flicaille. Une personne est interpellée, mais relâchée, encore une fois sous la pression de la foule, ce qui atteste que la solidarité peut être une arme et que se tenir signifie aussi agir ensemble.
Une partie des personnes reforment un cortège, qui va contourner les flics, pour revenir à Sully et passer dans les petites rues et se frayer un chemin jusqu’à République. Les lycéens, étudiants et autres personnes présentes gagnent au chat et à la souris. La partie du cortège qui est restée retenue à Sully n’a pas eu de problème et a pu venir tranquillement jusqu’à République également.
La manifestation de 14h va mettre du temps a démarrer et un nouveau cortège lycéen, étudiant, militant, travailleur et autres prend forme, puis va agréger au maximum deux cents personnes.
S’organiser en dehors des structures syndicales et des organisations traditionnelles, porter un message radical sans être marginal, se tenir ensemble pour faire face aux flics, agir en manifestation tout en exprimant une diversité dans les modalités d’actions, sont tant de choses qui sont possibles et que nous pensons nécessaires.
D’autres dates arrivent et nous vous invitons à les rejoindre, ainsi qu’à faire bloc pour s’opposer au tournant sécuritaire et à toute la merde qu’on nous prépare.
- > Samedi 12 mars, 14h Saint-Michel, manifestation contre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité. Plusieurs facultés ont adopté la motion de retrait de l’état d’urgence, même si nous pensons que le retrait de l’un ou de l’autre ne sont pas séparable, car inscrit dans une même continuité des politiques capitalistes et libérales.
- > Jeudi 17 mars et vendredi 18 mars, appel à bloquer les lycées et les facultés pour participer à une nouvelle manifestation contre la loi travail, au départ de Nation 11h.