De tous les personnages de la Commune de Paris, Louise Michel est la première femme à avoir triomphé de la conspiration du silence et de l’oubli.
Combattante, oratrice, éducatrice, poète, accusée transformant les tribunaux en tribune, elle campe un personnage qui servira de référence à toutes les révolutionnaires d’idéologies diverses depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours.
Louise Michel naît à Vroncourt (Haute-Marne), le 29 mai 1830. Fille d’une servante, elle est née au château appartenant à M. et Mme Demahis qui l’éduquent dans la connaissance des Lumières et le souvenir de la Première République. Cette éducation lui fera prendre conscience d’abord de l’injustice, puis de la nécessité de la combattre.
En 1853, elle devient institutrice, mais elle refuse de prêter serment à l’empereur Napoléon III. Elle enseignera donc dans des écoles « libres », c’est-à-dire sans lien avec le pouvoir, d’abord en Haute-Marne, puis à Paris à partir de 1856.
Ses méthodes pédagogiques s’inspirent de quelques grands principes : l’école doit être pour tous, pas de différence entre les sexes, nécessité d’une éducation à la sexualité, l’enseignant doit en permanence accroître son savoir.
Sur ces idées, elle rencontre tout ce que Paris compte de républicain et l’avant-garde socialiste.
En 1870, après la défaite de Napoléon III, Louise Michel se bat pour une République démocratique, inspirée de la Convention de l’an II, et sociale dans le prolongement de juin 1848. Elle sera de tous les combats pour la défense de Paris et pour réclamer l’élection de la Commune. Elle préside le Comité de vigilance des femmes de Montmartre.
Le 18 mars 1871, elle est au premier rang des femmes de Montmartre qui mettent en échec la tentative de Thiers de s’emparer des canons de la Garde nationale.
Pendant la Commune, elle combat dans la Garde nationale. Elle se bat sur les barricades de la Semaine sanglante. Le 24 mai, sa mère ayant été prise en otage par les versaillais, elle se constitue prisonnière. Elle connaîtra l’horreur des prisons de Satory et des Chantiers à Versailles.
Le 16 décembre, elle passe devant un conseil de guerre qu’elle transforme en tribune pour la défense de la révolution sociale. Elle est condamnée à la déportation dans une enceinte fortifiée. Elle est incarcérée à la prison d’Auberives en (Haute-Marne), jusqu’à son départ pour la Nouvelle-Calédonie le 24 août 1873 où elle arrive le 8 décembre.
Au bagne, elle reprend son travail d’institutrice auprès des Canaques. Elle les approuve quand ils se révoltent contre la colonisation. Elle se prend de sympathie pour les Algériens déportés après leur révolte de 1871.
Libérée après la loi d’amnistie du 12 juillet 1880, elle revient en France où elle débarque à Dieppe le 9 novembre et est accueillie triomphalement à Paris, gare Saint-Lazare.
Elle reprend son action révolutionnaire marquée par sa fidélité aux idéaux de la Commune de Paris. Elle est devenue anarchiste pendant sa déportation ce qui ne l’empêche pas d’entretenir des relations courtoises avec ses anciens compagnons d’armes engagés dans la propagation du socialisme. Jusqu’à la fin de sa vie, elle ira de ville en ville porter la parole révolutionnaire ce qui lui vaudra de séjourner à nouveau en prison à plusieurs reprises.
Elle décède le 9 janvier 1905 à Marseille après une ultime réunion publique. Le 21 janvier 1905, une foule considérable suit son cortège funèbre de la gare de Lyon à Paris jusqu’au cimetière de Levallois où elle est inhumée à côté de sa mère.