L’appel à une journée de mobilisation générale de la CGT le mardi 5 février s’est transformé assez rapidement en appel à la grève générale. Depuis plusieurs semaines maintenant, sur différents espaces publics occupés et dans les assemblées en France, gilets jaunes et syndicats se rencontrent et demandent aux grandes centrales de lancer un appel à la grève générale.
Le constat est partagé. Les syndicats sont peu représentés parmi de nombreux gilets jaunes, intérimaires, CDD, chômeurs, salarié.e.s dans des petites boîtes. La mobilisation des ronds-points a permis à plein de gens d’enfin participer à un mouvement social. Reste que pour de nombreux salarié.e.s du privé et de la fonction publique, les capacités de mobilisation des syndicats demeurent encore efficace. Une grève qui dépasserait les secteurs clés de la mobilisation syndicale pourrait être vraiment puissante.
Deux inconnues demeurent.
- L’engagement réel des syndicats, en particulier de la CGT, à mobiliser sur les lieux de travail - il faut souvent tanner son représentant du personnel pour qu’il lâche les infos, et ce point est crucial tant le syndicat possède une force réelle de mobilisation et un maillage du territoire inégalé.
- La mobilisation des travailleuses et travailleurs qui naviguent hors du champs syndical et dont les possibilités de faire grève sont réduites.
Les communications des syndicats seront cruciales ces prochains jours. Un appel de la CGT qui démontrerait que cette dernière est prête à s’engager totalement dans un mouvement de grève dur, pousserait à la fois ses syndiqué.e.s et sympathisant.e.s à faire massivement grève et à s’y impliquer, mais aussi à permettre à nombre de travailleurs dans des situations plus compliquées à oser se mettre en grève. Il encouragerait également celles et ceux qui ne le peuvent pas, à se mettre en indisponibilité, en congé, en RTT, en maladie.
De nombreux syndicats, dont l’Union syndicale Solidaires (regroupant notamment les syndicats SUD), se sont déclarés prêts à se lancer dans une grève générale reconductible. Mais on ne se lance pas dans une reconductible comme ça. Le mouvement des gilets jaunes, au delà de ses contradictions, a rassemblé autour de cette impression de puissance. La journée du 5 est primordiale. La suite prendra certainement d’autres formes, et les assemblées locales de grévistes commenceront peut être à s’organiser.
En Île de France, les principaux syndicats, CGT, FO, FSU, Solidaires, appellent à la grève et à organiser des assemblées générales pour décider de la suite. Au niveau national, des préavis de grève de plusieurs mois parfois ont été déposé dans le public (dans le privé, il n’y a pas besoin de préavis de grève pour la faire !).
Il nous reste moins d’une semaine pour nous persuader que cette fois-ci, ce ne sera pas une grève d’une journée, que l’on ne laissera pas un secteur (les cheminots, les routiers, les travailleurs des raffineries) faire la grève seul.e.s.