Le 21 février 1995 à Marseille Ibrahim Ali est assassiné

Le 21 février 1995 à Marseille, Ibrahim Ali, 17 ans membre du collectif Hip Hop, les B-Vice, était tué d’une balle dans le dos par des colleurs d’affiches du Front National.

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Toute la misère et la vie de nos quartiers se retrouvent dans l’enchaînement de cette soirée du 21 février 1995. Ce soir-là, les B-Vice rentrent d’une répétition. Pour trouver un studio, il faut aller au Centre Social près du port, à 8 kilomètres de la Savine où vivent les B-Vice.

Chacun peut s’identifier à Ibrahim Ali, à cette vie de galérien passée à galoper derrière des bus trop rares dans le quartier, à esquiver les embûches du racisme qui opprime au quotidien et qui, parfois, tue. Comme à chaque fois, la famille et les militants de quartiers organiseront des manifestations pour ne pas laisser salir la mémoire d’Ibrahim Ali ni celle, par ricochet, de la jeunesse des quartiers populaires que la presse décrit volontiers comme menaçante ou délinquante. Jusqu’à l’établissement des faits par la justice, la presse reprendra trop souvent la ligne de défense du FN qui parlera de provocation et d’attaque sur ses militants.

Toujours en avance sur son temps et sans peur du ridicule, Bruno Mégret, numéro 2 du FN de l’époque, ira même jusqu’à affirmer que le tir meurtrier reçu par Ibrahim Ali dans le dos constituait de la légitime défense. Le coup de « la légitime défense » pour un tir dans le dos avait jusque-là été évoqué uniquement pour des assassinats commis par des policiers. Pour les militants racistes, il faudra probablement attendre 2017 et l’élection de Marine Le Pen pour voir la jurisprudence modifiée et étendue.
Tout ce que la France compte d’organisations antiracistes inconséquentes et inféodées au Parti Socialiste va se mettre en mouvement pour pleurer sur le crime raciste. Cela permet de masquer les causes de la montée du racisme et son exploitation par tous les partis politiques de gouvernement. Cette gestion par l’émotion et la morale du crime empêchera que l’on mette un grand coup dans les structures du FN et en particulier sur son DPS, à l’origine de nombreuses violences racistes. À l’époque, les principaux rabatteurs de cette politique d’indignation sans lendemain sont Dieudonné qui en fera une chanson et Maitre Collard, qui s’empresse de devenir l’avocat de la famille d’Ibrahim Ali.

Vingt ans après, l’un est devenu député front national et l’autre fait parrainer ses enfants par Jean-Marie Le Pen. Il y a une logique dans ces trajectoires : ceux-là n’ont de cesse de faire du fric sur notre dos en incarnant la fausse alternative à nos problèmes, celles qui collent toujours au discours dominant : anti racisme nian-nian au profit du PS en 1995, islamophobie pour Collard et antisémitisme pour Dieudio au profit du FN en 2015.

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Ces attaques sont le fruit de la passivité d’une partie des nôtres. Soprano qui a grandi et a construit sa carrière de rappeur à partir de la même association de quartier que fréquentait les B-Vice fait ce constat amer : « Aujourd’hui, les jeunes des cités ne savent pas qui est Ibrahim et ne vont pas voter. On a tous notre part de responsabilité là-dedans, moi compris. Une chose est sûre, nous n’avons pas assez transmis. ».
C’est pertinent mais injuste. Si certains n’ont pas transmis la mémoire de nos luttes ou, pire, n’ont pas lutté durant ces 20 ans, d’autres l’ont fait par tous les moyens nécessaires face au racisme et aux injustices qui pourrissent la vie de nos quartiers.

Ils en ont souvent payé le prix fort.

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Mots-clefs : Front National | banlieue

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