La première ministre a annoncé ce 23 août que « l’augmentation des franchises médicales fait partie des réflexions pour redresser les finances publiques ». Le gouvernement entend en effet doubler les franchises médicales, c’est-à-dire le prix des médicaments restant à payer par les patients.
Une partie des médicaments ne sera ainsi plus remboursée, totalement ou partiellement. « La piste à l’étude est d’augmenter de 50 centimes » la franchise actuelle, déclarait Thomas Cazenave, ministre délégué aux Comptes publics ce 25 août. Pour rappel, pendant longtemps, les médicaments prescrits étaient gratuits pour les patient-es, puisque pris en charge par l’État. Le gouvernement Sarkozy a instauré en 2008 une « franchise » obligeant les patient-es à payer une partie de leur traitement. Macron veut aller plus loin. C’est une atteinte gravissime au droit à l’accès aux soins pour toutes et tous, sous prétexte de combler le « trou de la sécu ».
La sécurité sociale, conquête arrachée de haute lutte par la Résistance antifasciste à la Libération, garantissait l’accès à la santé pour toutes et tous. Des soins gratuits et de qualité garantis sans conditions de ressources, car la santé ne doit jamais être une marchandise. On voit le contre-exemple aux États-Unis, où les pauvres ne peuvent pas se soigner, où des personnes doivent emprunter et s’endetter lorsqu’ils ont une maladie grave, où la moindre fracture coûte des milliers d’euros, où les assurances santé privées se gavent de milliards… Voilà le modèle macroniste : effriter peu à peu l’accès public et gratuit au soin. Y compris dans les pharmacies, au moment de récupérer ses médicaments.
Le doublement de la franchise pourrait « rapporter de 500 à 600 millions d’euros dans les caisses de l’État » selon le gouvernement. Autrement dit, peu de chose. En comparaison, l’État français verse 156 milliards d’euros d’aides aux entreprises chaque année : 300 fois plus, juste pour aider les patrons ! Et la fraude fiscale à elle seule est estimée à 100 milliards d’euros par an. En plus, le gouvernement prétendait que la réforme des retraites permettrait de faire des économies pour « financer la santé ».
Il y a donc, derrière, cette franchise des médicaments, qui finalement ne rapporte pas grand chose au budget de l’État, une volonté plus profonde qu’un objectif économique : une volonté d’humilier, d’attaquer un droit. Une punition collective.
Encore une fois, alors même que les actionnaires ne cessent de se remplir les poches, ce sont les classes populaires et les plus précaires qui sont rackettées jusqu’à leurs médicaments. Un mépris criminel.