La pref pêche au pétard mouillé - 64 arrêtées, un camarade incarcéré pour l’exemple !

| Riposte collective

Compte rendu des suites judiciaires de la mobilisation de l’AG Antifasciste Paname du 5 octobre dernier : 64 interpellations, 2 procès et un camarade incarcéré pour l’exemple.

Samedi 5 Octobre, suite à l’appel au rassemblement de l’Assemblée Antifascite Paname contre une séance de dédicace de la Maison d’édition d’extrême-droite "Magnus" (publiant notamment Marguerite Stern, Papacito et autres influenceurs à la carrière échouée), une manifestation s’élance alors spontanément dans le Ve arrondissement dans l’optique d’aller perturber sa bonne tenue.

64 camarades seront alors interpellées, choisissant pour beaucoup de rester ensemble en cas d’arrestation. Cette stratégie permet en effet d’embourber la machine judiciaire et d’empêcher de rester isolées face aux arrestations.Un « Coup de filet dans la mouvance Antifasciste » titre la presse, à propos de ce qui s’avère être une farce de la préfécture et une nouvelle débâcle judiciaire.

55 ARRETEES ET LES CELLULES DE PARIS CRAQUENT

S’ensuivent alors 55 gardes-à-vue (GAV), qu’une dizaine de camarades ont pu esquiver grâce à la médiocrité du travail administratif des keufs. Lors des GAV, l’ensemble des camarades embarquées ont choisi de ne rien déclarer lors des auditions. Le fait d’user de son droit au silence consiste à ne décliner rien d’autre que son petit état civil : Nom, Prénom, Date et Lieu de Naissance, ce qui a ainsi permit d’éviter toute incrimination, de soi comme des autres. Dans les procédures, les motifs d’interpellation ont changé au gré du vent entre une participation à un "groupement", à une "manifestation" ou à un "attroupement armé", montrant bien les tâtonnements de la préfecture de police dans la construction de sa communication. Une majeure partie des camarades refuse de se soumettre aux relevés signalétiques et au prélèvement adn.

Les comicos parisiens ont été surchargés par les arrestations, certains ne pouvant plus accueillir de nouvelles prévenues, empêchant même de gérer les GAV courantes. Les flics s’occupant de la paperasse ont été incapables de gérer l’afflux d’interpellées, ouvrant la brèche à d’innombrables vices de procédures. Où auraient bien pu être détenues les 55 agitateuses suivantes ?

DES DOSSIERS VIDES

La plupart des camarades sont sorties au bout de 24h de GAV, sans aucune poursuite, faute de preuves. Quelques sorties sont tout de même accompagnées de convocations à revenir effectuer les relevés signalétiques, ce qui consiste à venir fournir les dossiers des flics de nos empreintes digitales et de photographies. Nous conseillons de ne pas s’y rendre : empêchons le travail de fichage de la flicaille et de sa justice ! En cas de questions sur ta convocation, n’hésite pas à nous contacter.
Six personnes seulement ont été prolongées de 24h, mais cela ne fournira pas plus de matière judiciaire au parquet. Quatre d’entre elles finiront alors par sortir dans les mêmes conditions, le lundi midi.

Le lundi 7 Octobre au soir, avait alors lieu au Tribunal de Grande Instance les comparutions immédiates des deux derniers camarades toujours détenus. L’un passe pour le même chef d’inculpation que les 54 autres gardées-à-vue, le second lui est assorti Violences sur PDAP (Personnes Dépositaires de l’Autorité Publique) ayant entraîné une ITT de 3 jours. Les deux demandent un délai pour préparer leur défense, droit que nous recommandons vivement d’utiliser pour éviter d’être jugé dans une procédure sévère et accélérée. Le premier écope d’un contrôle judiciaire et d’une interdiction de manifestation en attente de son procès le 26 novembre, ce qui est déjà sévère, et le second sera amené immédiatement en détention provisoire (DP), c’est-à-dire en prison en attente de son procès, le 27 novembre.

UNE ATTAQUE CONTRE LE DROIT A LA DEFENSE

À la barre, le camarade a pu présenter toutes ses Garanties de Représentation (documents servant à prouver qu’on va se présenter le jour du procès : une preuve de logement, d’activité et d’identité). Pourtant, le misérable juge Coquio, bien connu des inculpées des mouvements sociaux pour son appétence à l’enfermement, a prétexté que le refus de donner ses empreintes en GAV empêchait son identification, vomissant ainsi l’argumentaire du ministère public, qui avait demandé la DP pour les deux camarades. S’offrant au passage un commentaire raciste sur son nom de famille, le juge nous montre une fois de plus le racisme crasse au sein de l’institution judiciaire, indiquant de quelles logiques peut procéder ce genre de décisions.

C’est une décision politique très grave qui pourrait amener à considérer la signalétique comme une garantie de représentation, sans laquelle la case prison deviendrait obligatoire. Le parquet de Paris semble avoir choisi de durcir sa politique en matière de signalétique. En plus d’être un parquet particulièrement enclin à demander la prise d’empreintes forcées, il a ici multiplié les convocations abusives pour obtenir empreintes et prélèvement ADN sans aucune raison motivée. Cette politique va à l’encontre des jurisprudences européennes qui condamnent la signalétique comme outil de fichage généralisé.

Ne nous y résignons-pas ! Le droit est une matière mouvante : les jurisprudences font le droit à venir et les futures garanties sur lesquelles nous pourrons nous appuyer pour nous défendre. Céder au chantage du parquet, c’est ouvrir la voie au fichage généralisé des camarades, et plus largement de tous les justiciables, par les condés. C’est à nous d’arracher des jurisprudences favorables en adoptant une attitude combative face à la justice. Ne cédons pas à leur chantage au fichage.

Ne nous y trompons pas non plus, l’emprisonnement du camarade est également un coup porté contre une mobilisation anti-transphobe et antifasciste. Chaque procès est un procès du mouvement. La machine judiciaire a servi à justifier les caprices d’arrestation de la préfecture, véritable fiasco médiatique, en choisissant d’en enfermer un, pour l’exemple. La justice cherche à nous isoler, à arracher la liberté d’un camarade pour affaiblir celle de toutes. Nous nous battrons collectivement jusqu’au bout pour la relaxe complète des inculpés.

La procédure à l’encontre des camarades illustre de nouveau, si cela était nécessaire, qu’il n’y a de bonne justice que celle qui est combattue, que la justice n’est que le penchant légaliste de la police avec une fonction similaire : briser les espoirs d’émancipation, réprimer le mouvement social et isoler les camarades. Montrons-nous plus fortes que la répression, restons solidaires dans ces moments, et surtout continuons de lutter !

Toutes nos pensées vont au camarade sous les verrous, que l’on espère très vite en liberté.

Pour la Dolce vita, et pour que crève la taule !
Riposte Collective

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