Le 21 octobre 2010 : que s’est-il passé ?
(Cette partie est tirée de la brochure « documentaire du collectif du 21 octobre »)
"L’appel à manifester du jeudi 21 octobre 2010 a été lancé par des syndicats lycéens et étudiants plusieurs jours auparavant, dans une période charnière de la mobilisation où les raffineries étaient encore en grève et où la jeunesse était déjà bien engagée dans le mouvement. Chaque jour, entre 13/14h, la place Bellecour était devenue le point central de rencontre de la jeunesse lycéenne (Lyon et banlieue confondus). Dans les cortèges, la diversité des jeunes devenait plus visible et bruyante et la présence policière se faisait plus répressive à l’arrivée des manifestations. La presse locale se complaisait à titrer sur les seules violences et voitures brûlées et faisait de Lyon de façon démesurée une ville en « état de siège », en proie aux "casseurs" à l’image de celle du Progrès du 20 octobre 2010.
Brice Hortefeux, alors ministre de l’intérieur, présent à Lyon le 20 renchérissait en déclarant « La France n’appartient pas aux casseurs ». La mise en actes de cette déclaration se fera le lendemain. Ce jeudi, alors que la manifestation autorisée se mettait en place place Antonin Poncet, à quelques pas de là, place Bellecour, ceux et celles qui s’y étaient donnéEs rendez-vous n’ont pu franchir la rue qui séparait les deux places et se joindre à la manifestation. Un dispositif de police démesuré avait nassé la place Bellecour (GIGN, voltigeur, hélicoptère qui filme toute la journée, deux canons à eau).
Entre 13h30 et 19h30, plus de sept cents personnes, majoritairement des jeunes, voire même des mineurEs, et même des personnes qui n’avaient rien à voir avec la manifestation ont été séquestrées sans aucune justification, sans explication. Beaucoup d’entre elles ont été insultées, humiliées par les forces de police, pour certaines flashballées, aspergées de gaz lacrymogène, arrosées avec des canons à eau en l’absence même de provocation ou de rébellion. Ces attaques inattendues car injustifiées étaient entrecoupées de longs moments d’attente tendue. Au cours de l’après-midi, de nombreuses provocations et brimades émanant des forces de l’ordre se sont multipliées. Les témoignages convergent pour dénoncer une discrimination au faciès flagrante et des propos insultants et racistes : les plus âgéEs, les plus organiséEs, les moins bronzéEs ont pu sortir, les autres non. Notons que les violences physiques ont semblé plutôt banales pour certains jeunes de banlieues. Et pour clôturer ce dispositif, au bout de sept heures d’enfermement, les jeunes ont dû faire la queue pour subir des contrôles d’identité et photographies pour fichage. Celles/ceux qui ne pouvaient justifier de leur identité ont été embarquéEs dans des bus.
En bref, une garde à vue de 700 personnes pendant plus de 7 heures sans justification dans des conditions choquantes. Rappelons que quand une personne est en garde à vue, elle a le droit de voir immédiatement un avocat, un médecin, d’aller aux WC et de savoir ce qu’on lui reproche !"
Ce qu’en dit la CEDH
Évidemment, la cour européenne des droits de l’homme n’étant pas une alliée, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle lise le tri effectué à l’intérieur de la nasse comme un comportement raciste de la part des keufs, ni même qu’elle fasse mention des violences subies par les personnes présentes.