1968 – 2018 : La fac fête sa contestation.
Programme de la nuit des idées à Nanterre : https://prop-osons.parisnanterre.fr/prop-osons-la-nuit-des-idees-811878.kjsp?id_agendaevenement=14580
En 1968, la fac de Nanterre est le lieu d’une vive contestation étudiante. Iels remettent en cause la loi Fouchet qui établi une forme de sélection à l’université, le système de notation, l’autorité des professeurs et le principe même de l’université, lieu d’un savoir et d’un ethos de classe, peu ouvert aux classes populaires. La révolte ne se limite pas à une histoire de mixité dans les résidences universitaires et à une libération sexuelle, elle concerne dans les « années 68 » toutes les formes de domination : familiales, universitaires, politiques, sociales, culturelles, sexistes, économiques, racistes, validistes, environnementales etc..
En 2018, la fac de Nanterre est un moulin, le non-lieu par excellence. Le RER vomit et ravale son flot d’étudiant.es quotidien. Nanterre n’est pas une ville universitaire, c’est une ville avec une université. Les tags sauvages sont remplacés par des fresques approuvées par la direction, les associations et syndicats sont parqué.es dans un bâtiment à part, le hall qui courait du bâtiment A au E est segmenté. La direction est barricadée derrière une porte blindée dans sa tour administrative. Elle a voté les modalités de sélection en licence et en master en fuyant à Saint-Cloud derrière les flics pour tenir son conseil d’administration. Elle commémore 1968 en fêtant le travail, l’urbanisme, l’art classique, et oublie les cours en PDF, l’absence de profs et la sélection sociale et raciste qu’elle a entérinée.
Une récupération politique. Les « années 68 » ont consacré le fait que « tout est politique ». L’université tente au contraire de dépolitiser les événements de 1968. L’art populaire est récupéré, institutionnalisé, et les tags ne sont qu’un avatar de plus de l’art classique
1968-2018 – Nuit des idées. Ce que la fac vous propose :
Les « années 68 » ont été, de l’avis des chercheurs, le temps de la contestation des formes de domination et des institutions. La fac ne l’a pas oublié :
- Iels écrivaient « ne travaillez jamais ». La fac propose de « travailler autrement », libéralisme et numérique.
- Iels contestaient l’université. La direction la légitime en invitant des profs et le président.
- Le Mouvement de Libération des Femmes annonçait la deuxième vague du féminisme. 25 hommes et 15 femmes sont invité.es et personne n’a l’idée d’écrire le programme en langage inclusif.
- 10 millions de grévistes en 68. La fac n’invite que ceux qui occupent le champ médiatique depuis 50 ans avec Cohn-Bendit et Serge July : Roland Castro et Jean-Pierre le Dantec.
- Les étudiant.es luttaient contre la sélection à l’université. La fac vote les modalités de sélection en master, puis en licence.
- Les étudiant.es imaginaient une fac autonome et libre. Le président Balaudé nous propose d’« imaginer la politique autrement » en appelant les flics pour protéger son Conseil d’Administration.
- La transgression de l’ordre s’écrivait illégalement sur les murs. L’ordre se reproduit sur les murs, avec autorisation préalable.
- Les « années 68 » sont des années militantes. La présidence vous transmet ses plus plates excuses, elle a oublié d’inviter des militant.es. Elle vous propose toutefois une soirée DJ avec Lame de Fond. On vous rassure, il n’y sera pas question de politique ni de pensée critique, mais de grosses soirées sexistes pour étudiant.es bourges et de week-end à la neige.
Tract de certaines personnes.