L’état d’urgence, ou l’urgence de détruire l’Etat ?

Il y a quelque part quelque chose qui n’va pas.

Oubliez l’innocent recueillement sur vos morts
Vous n’échapperez pas à l’appel de Nation.
Partout on la placarde, on la chante dehors ;
Sans égard elle vous piège au creux de son sillon.

Et quand ses serviteurs ont cessé de crier,
Ses puissants gyrophares à l’Ordre vous rappellent :
A l’Ordre des puissants, survivant, renforcé,
Dont les victimes pourtant se ramassent à la pelle !

Les flics qu’on appelle à veiller nos foyers
Sont les mêmes qui, hier, tabassaient l’opprimé(e) ;
Harcelant chaque soir les visages de la nuit,
Ils violent, humilient, et tuent aussi.

« La France » est un écran qui cache une hécatombe :
République coloniale et marchande de bombes
Ses patrons se nourrissent de vos fidélités,
Ficellent ainsi vos corps et votre liberté.

Nous refusons le choix entre une terreur et l’autre,
Car tant qu’en nos cœurs brûleront des soleils
D’aucune « Sécurité » ne serons les apôtres
Mais crèverons vos yeux, vos dents et vos oreilles !

Mutilez, faites taire, tant qu’encor’ vous pouvez
Ignorer dans vos pieds les rageuses épines ;
Notre camp est un tiers dans la guerre engagée :
Quotidienne, inlassable et clandestine !
Nous sommes un poison qu’on ne peut digérer
Sans nourrir dans son corps une mèche intestine,
Qui, quand sonnera l’heure, sonnera le bûcher.