« L’anarchisme est une théorie révolutionnaire de lutte des classes. C’est une pratique au quotidien, qui conduit l’individu à lutter contre les injustices sociales et sociétales en s’organisant collectivement avec d’autres individus. Sur tous les lieux de vie, l’anarchisme est une méthode de lutte efficace, un outil d’éducation et de formation, donc également une éthique et une philosophie. Il s’agit d’abolir toutes les oppressions systémiques et les sous-oppressions qui en découlent : capitalisme, sexisme et racisme. La question des moyens et de leur rapport avec la fin est donc au centre de cet objectif et a été historiquement à l’origine des différentes tendances plus ou moins distinctes de l’anarchisme. Il en est une récente par sa forme et sa dangerosité qui plaît et traverse les tendances historiques : l’alternativisme.
« Alternatifs » et « alternatives »
Les partisans de cette tendance dans l’anarchisme défendent la construction ici et maintenant « d’alternatives autogestionnaires en actes » au capitalisme comme moyen de transformation sociale. Il s’agit de produire ces alternatives (Amap, boulangeries autogérées, centres sociaux, librairies et écoles « libertaires », etc.) localement puis de les fédérer pour construire au nez et à la barbe du système un contre-système qui prendra sa place. Cela présente un double intérêt : d’abord, il est possible de construire la nouvelle société tout de suite dans ces alternatives, ensuite, le fait d’y participer confère à l’alternatif un caractère révolutionnaire permanent vu qu’il est lui-même en rupture avec le vieux monde.
Si la thèse des alternativistes est exacte, alors elle est révolutionnaire (sans ironie). Plus besoin d’organisations, de syndicats, de pratiques collectives de luttes pour l’émancipation. Il suffit d’exhorter les individus à s’alternativer dans les alternatives pour construire ensemble et par soi-même l’anarchie. La question de la rupture nette avec le capitalisme n’apparaît plus comme décisive. La répression du système est bien moins pesante car il se fera de toute façon enfumer par la fédération déterminée des alternatifs actifs. La révolution n’est plus à penser, à définir et à préparer vu qu’elle a déjà commencé dans le panier bio du mardi, l’atelier vélo du vendredi et la boxe ou la chorale autogérée du week-end. Plus besoin même de se dire anarchiste, on peut l’être sans le savoir par la pratique de son alternativité. C’est dans cette pensée que les alternativistes déduisent le « renouveau » de l’anarchisme qui aurait déjà débuté. On passe ainsi d’une lutte collective à de l’agitation individuelle et culturelle souvent pertinente mais pas au point de se substituer au militantisme volontariste. »
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Paul
Groupe Regard noir de la Fédération anarchiste