Des milliers de jeunes en situation de précarité, qui suivent leur parcours universitaire, invité-es à dégager manu-militari de leur résidence pour faire place nette. Les autorités veulent y loger les flics, soignant-es, secouristes et agents de sécurité pendant la compétition… En échange, un maigre lot de consolation : les étudiant-es recevront un dédommagement de 100 euros et deux billets pour assister à une épreuve des JO. Super !
Face au désastre annoncé de l’événement sportif et à la guerre sociale menée par le gouvernement, la résistance s’organise. Deux banderoles ont été déployées par un collectif étudiant contre la future opération d’expulsion. L’une sur la résidence Jourdan, à Paris, et une autre sur la résidence ENSAVT, à Créteil. La jeunesse ne se laissera pas piétiner par Macron et ses ministres.
Voici le communiqué de La Rescrous :
“Nous sommes des étudiantes et des étudiants vivant dans des résidences CROUS et nous avons décidé de nous organiser pour protester contre notre expulsion lors des JOP. Nous adressons ce message clair à Mme Oudéa-Castera et au gouvernement : nous ne sommes pas “fiers” de laisser nos logements pour l’été, nous nous considérons abandonnés, démunis et révoltés face à cette décision.
Tout d’abord, nous souhaitons rappeler que notre présence dans ces logements n’est pas une chance, c’est un droit. Le gouvernement se doit de promouvoir l’égalité des chances, pour que toutes et tous, de la France entière, puissions avoir accès à un logement et des conditions de vie décente, dans des villes où les loyers explosent. C’est un droit mis à mal au vu du faible nombre de place comparée au nombre grandissant d’étudiantes et d’étudiants.
Le nombre d’étudiants logés en CROUS est passé de 35% en 1960 à 6% en 2022. Alors que seulement un quart des étudiants boursiers avaient un logement CROUS en 2021, un étudiant sur deux saute des repas par manque de moyen, un étudiant sur trois envisage d’avoir recours à l’aide alimentaire et que 10% des étudiants bénéficiant de ces aides ont déjà dormi dehors, le gouvernement ne prend aucune mesure pour nous venir en aide. Pire, les charges de nos logements ont augmenté cette année et les loyers augmenteront encore l’an prochain.
Ce droit est aussi mis à mal quand ces résidences se détériorent d’années en années sans que de réelles mesures soient prises pour le bien-être des résidentes et résidents. Ce constat s’aggrave au vu des moyens mis pour rendre les résidences présentables pour les CRS alors que les résidences sont laissées dans un état déplorable pour les étudiantes et étudiants.
C’est pourquoi nous sommes contre la réquisition de nos logements qui nous poussent à l’incertitude, nous voici en mars et toujours très peu de visibilité quant au déroulement de cet été. Cette réquisition met en péril nos études, notre santé, notre situation financière. Une telle situation est une faillite du CROUS quant à son rôle social. Par ailleurs, c’est demander aux étudiants les plus précaires de payer le poids des JOP au travers d’un sacrifice de temps, de moyens et d’investissements pédagogiques que nous ne pouvons pas nous permettre.
Aucune des promesses formulées pour accompagner cette réquisition n’offre de garantie claire et précise. En se cachant derrière une gestion au cas-par-cas, le CROUS ne prend pas en compte les demandes de garanties pour les étudiantes et étudiants alternants, les étudiantes et étudiants passant leur diplôme, des étudiantes et étudiants étrangers. Ce flou entretenu sur nos situations durant l’été alourdit les impacts négatifs que cette réquisition a sur les résidentes et résidents.
Enfin, la maigre promesse de 100 euros et deux places pour des épreuves des JOP ne suffit pas à dédommager les résidentes et résidents face au prix de la réquisition, et tarde à se concrétiser. Pire encore, les incitations du CROUS à rentrer chez nos parents, c’est-à-dire généralement loin de Paris si ce n’est à l’étranger, montrent à quel point les promesses du gouvernement ne sont que des déclarations médiatiques !
Nous ne sommes pas considérés, nous ne sommes pas écoutés, nous sommes abandonnés !
C’est pourquoi nous appelons le gouvernement à prendre plus au sérieux la détresse étudiante qui se propage rapidement et qu’il ignore. Nous sommes las face à ce mépris, nous ne sommes pas disposables comme bon leur semble, nous souhaitons que la jeunesse soit respectée, dans ses droits et ses valeurs.
Pour ces revendications, nous avons brandi des banderoles sur la façade de nos résidences, et nous avons décidé de continuer à porter nos revendications. Nous appelons toutes les personnes nous soutenant à s’opposer à cette réquisition en nous suivant sur les réseaux sociaux et en participant à la manifestation du 6 avril devant le ministère des JOP, au 95 avenue de France.
Le collectif la Rescrous”