La préfecture de Police de Paris [1], considérée comme un véritable « État dans l’État », est gouvernée d’une main de fer depuis juillet 2015 par Michel Cadot (auparavant préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, préfet de la zone de défense et de sécurité Sud, préfet des Bouches-du-Rhône) avec à ses ordres Christian Sainte, le patron du 36 quai des Orfèvres, lui aussi ancien flic marseillais.
Si une partie des militant.e.s connaissent son nom, associé à la forte répression des mouvements sociaux depuis son arrivée, comme une grande partie des classes populaires parisiennes subissant pourtant quotidiennement humiliations et violences policières, nous n’avons pour l’instant qu’une image floue de ce pion de l’État.
Les médias dominants adoptent en effet communément l’utilisation simpliste de « préfecture de Paris » sans nommer explicitement Michel Cadot. En choisissant ainsi de ne pas nommer le nom du préfet, les médias contribuent à faire croire qu’on ne peut pas lutter contre ce qui serait une énorme machine politique.
Mais en réalité derrière chaque action, il y a des hommes (des femmes aussi mais surtout des hommes au niveau des hauts fonctionnaires de l’État, société patriarcale oblige...) qui prennent des décisions et font des choix et doivent en assumer les actes.
C’est grâce à ce stratagème que Maurice Papon, préfet de Police de Paris de 1957 à 1967 qui a commis plusieurs crimes contre l’humanité, a pu se cacher pendant près de 20 ans !
Si Mich-Mich avait plutôt bien réussi à cacher son nom jusqu’ici, même lors des attentats du 13 novembre, c’est par la bouffonnerie de sa communication qui est devenue la risée de tous les médias français avec ses conseils aux Parisien.ne.s donnés sur Twitter que Cadot est en train de se faire un nom :
Même les Parisien.ne.s les plus je-m’en-foutistes de la question politique ont ainsi été choqué.e.s par l’incohérence de ses propos !
Cadot ne s’est pourtant pas arrêté en si bonne voie et a continué ce week-end dans sa communication déplorable, avec l’interdiction de vente de tout produit inflammable tout en maintenant la vente d’essence !
Depuis le début de l’après-midi, Michou fait son show sur toutes les chaînes de TV. Il annonce ainsi en live le nombre d’arrestations place de la République, non sans que soient diffusées en même temps sur Twitter des photos des manifestant.e.s « avec le visage masqué » (donc méchant.e.s).
Il explique sans sourciller lors de sa conférence de presse :
qu’il n’y a pas lieu de dramatiser ces heurts, qui sont bien gérés par la police
puis plus tard :
la force a été utilisée de manière proportionnée, nous allons rendre la propreté à cette place
Ok donc traîner des gens au sol en les gazant et en les matraquant cela s’appelle « bien gérer », monsieur Cadot ? Bien, si on vous fait subir la même chose on verra ce que vous dites...
Conscient qu’au vu du nombre de médias sur place, il ne va pouvoir raconter n’importe quoi pendant longtemps, il use ensuite la corde sensible des Parisien.ne.s en expliquant que les méchant.e.s manifestant.e.s qui « ont attaqué la police avec des gaz lacrymogènes (wtf ?), des boules de pétanques, des chaussures... et surtout (argument massue) avec les bougies déposées en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre ».
Pourtant, quelques minutes auparavant, BFM-TV nous annonçait que c’était les flics qui étaient en train de marcher sur ces mêmes bougies lors de leurs charges !
Mais une fois la conférence de presse de Cadot passée, changement de fusil d’épaule pour BFM-TV qui reprend le discours en martelant que c’est scandaleux, qu’une quarantaine de manifestant.e.s sont en train de jeter des bougies sur les flics (super violent...).
Hop, Julien Bayou, porte-parole d’EELV emboîte le pas et se désolidarise des manifestant.e.s sous prétexte de la dégradation de ces bougies (personne ne lui avait demandé de venir à celui-là, sérieux...)
Ils sont 80 énervés, cagoulés, habillés en noir. Ils sont chauffés parce que la manifestation est interdite. Si elle avait été autorisée, ils auraient été 40 : ça donne une image catastrophique de ce rassemblement qui est à la base un rassemblement pacifique
Une journaliste du Figaro remet 10 balles dans la machine :
Manuel Valls continue en fanfare :
Et on continue avec Anne Hidalgo sur BFM-TV qui commence par expliquer que ce sont les Parisiens (elle ne féminise pas, il n’y a pas de Parisiennes apparemment) qui ont réclamé l’armée dans la rue et qu’aujourd’hui, « le préfet de police de Paris a fait son travail et que les manifestants ne représentent rien ni personne » alors que les vrais Parisiens eux « sont dignes et ne veulent pas de violence ».
Et on continue par François Hollande, larmoyant, qui explique que « c’est un manque de dignité et de respect d’avoir détruit ces bougies et ces fleurs, ce qui légitimise les assignations à résidence des éléments les plus violents (sic) »
Cazeneuve termine le bal par un point presse fleuve qui reprend encore les mêmes arguments :
Parmi les projectiles lancés, ces activistes violents ont utilisé des bougies posées symboliquement par des citoyens parisiens en mémoire des victimes, ces actes doivent être qualifiés avec fermeté par respect pour les victimes. Je ne fais pas d’amalgame entre pacifistes et groupes violents qui confisquent la parole citoyenne avec pour seul moteur la violence. Les manifestants ont détourné les forces de police de leur vraie mission, celle de protéger la population contre les attentats. Je légitime donc complètement l’action du préfet de Police de Paris (il ne cite pas son nom) et les 26 assignations à résidence étaient bien légitimes car il ne s’agit pas encore une fois, je le répète, de militants écologistes pacifiques mais d’individus ultra violents.
Voilà c’est encore gagné pour Cadot, tous les médias se focalisent sur ces bougies (on le rappelle détruites à la base par les flics) et oublient qui est à l’origine de la désinformation et qui est responsable des brutalités policières en cours !
Aujourd’hui en France, si on écrase une bougie, toute la classe politique légitime le choix de Cadot de nous écraser la gueule par terre ! Ce n’est même plus la loi du Talion, c’est la loi de la dictature !
Ne commettons pas les même erreurs que par le passé, nommons nos ennemis, Michel on ne te fera aucun cadeau !