Lors de l’été 2013 se sont réunis à Stuttgart de nombreux collectifs provenant de divers pays européens ayant un point commun : lutter contre des projets d’aménagement de grande ampleur qui menacent de détruire leur territoire de vie. Durant ce rassemblement la date du 8 décembre 2013 a été choisie pour se mobiliser dans toute l’Europe contre les Grands Projets Inutiles et Imposés (GPII), tels que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.
Grands ? A la hauteur de la mégalomanie des élus ! Souvent de plusieurs dizaines d’hectares, mais il y a aussi de petits projets tout aussi scandaleux…
Inutiles ? On ne peut qualifier autrement des projets qui ne répondent qu’aux intérêts financiers d’une poignée de promoteurs, élus, banquiers. Dans le cas de Notre Dame des Landes, il existe déjà un aéroport pouvant être agrandi… pourquoi en construire un nouveau ? Surtout quand on nous répète à longueur de journée qu’il n’y aura bientôt plus de pétrole et qu’il faut veiller à notre « empreinte carbone ».
Imposés ? Bien souvent aucune concertation n’est réalisée avec la population. Et si des réunions ont lieu, c’est surtout pour mettre de la poudre aux yeux des habitants. Dans un autre projet, celui de la ligne LGV Bordeaux-Toulouse, le tracé était déjà choisi et les forages déjà réalisés, tandis que les élus présentaient trois tracés aux habitants en leur faisant croire qu’ils avaient le choix. Dans tous ces projets, tout est fait pour diviser et individualiser les cas, en faisant croire à chacun qu’il a intérêt à être « gentil » pour que SA situation personnelle soit arrangée. Et dans le cas d’une mobilisation collective, celle-ci est réprimée très violemment, la manifestation de Nantes du 22 février 2014 en est l’exemple le plus récent.
Le projet d’Ivry Confluences a malheureusement tous les critères pour rentrer dans cette catégorie
Grand ? 145 hectares, dans une ville de 612 hectares signifie que 20 % de la ville va être modifié en 20 ans. C’est énorme. 450 foyers expulsés c’est gigantesque. Et encore plus scandaleux lorsqu’on sait qu’aux JO de Barcelone (dont les travaux ont profondément modifié la ville) c’est 140 familles qui ont été expulsées.
Inutile ? D’une part, ce projet prévoit la destruction de logements actuellement pleins pour construire, à la place, de multiples bureaux (la moitié de la surface du projet), qui resteront probablement vides (voir notre article page 7). D’autre part, la mairie se vante de construire 50 % de logements sociaux, mais pour qui ? En effet, seuls 15 % de cette portion seront accessibles aux personnes à faibles revenus. Inutile enfin car a-t-on besoin d’un si gros projet d’aménagement pour créer du logement ? Ne pouvait-on pas réhabiliter certains logements au lieu de les détruire ? Ne pouvait-on pas surtout construire sur les nombreux terrains déjà vides au lieu d’exproprier des habitants ?
Imposé ? La municipalité se vante de faire plus de concertation que le minimum imposé par la loi : « Lorsqu’une ZAC est créée, la municipalité doit en informer ses habitants et leur demander leur avis. Cette démarche réglementaire est obligatoire et s’étale sur 6 mois. A Ivry-sur-Seine, la concertation durera tout le long de l’opération, c’est-à-dire jusqu’en 2020 ! ». Mais les dispositifs mis en place par la mairie ne sont pas du tout destinés à prendre en compte l’avis de la population mais plutôt à la convaincre de la nécessité du projet et à lui faire miroiter des relogements dans des programmes neufs (voir l’article Effet men in black).
Le 8 décembre plus de 200 personnes sont venus montrer leur opposition à ce type de projet. Grâce aux interventions des habitants tout au long de cette déambulation-manifestation dans le quartier du port, les manifestants ont pu mieux comprendre le projet Ivry Confluences et ses conséquences sur le quartier.
