Il n’est pas question de comprendre

Question de langage dans la lutte des classes. Réflexion suite aux tentatives d’analyse de l’agrément de l’assurance-chômage paru le 26 juin 2014 au journal Officiel.

Donc, nous avons essayé -au sein de la CIP locale- de comprendre cet agrément avec des copains, pour rédiger un tract, nous n’y sommes pas arrivés, et c’est pas faute d’avoir essayé. On a sué, on a relu, on a rerelu, on a lu des analyses, on a analysé les analyses, et tout ça pour nous retrouver dans des conclusions encore plus obscures que le point de départ. On en est arrivés très vite à cette simple conclusion : il faut à tout prix élargir le propos ou on risque la noyade.

Et puis j’ai réfléchi à la complexité de ce texte depuis. On avait déjà eu d’énormes difficultés à tenter de décrypter l’ANI, de la même façon.

S’acharner à essayer de décrypter ces textes est une mauvaise piste.

Si un texte destiné à régir nos vies à tous est aussi difficile d’accès, c’est qu’il y a un très gros problème déjà à la base.

Il n’est plus question d’expliquer ce texte, il est question de refuser tout net un texte incompréhensible dont dépendent nos existences.

Il n’est pas question de parler la langue de nos ennemis.
Il n’est pas question de transformer son cerveau au bon vouloir bureaucratique pour espérer gagner un peu dans une lutte illusoire, où on ne sera plus qu’une poignée, la poignée des gens qui ont réussi à comprendre un texte imbittable.
Il n’est pas question qu’on retire aux travailleurs les moyens de se défendre eux-mêmes en posant la condition de la compréhension d’un salmigondis pareil pour entrer dans la lutte.
Il n’est pas question d’un monde où chaque travailleur, chaque précaire, chaque chômeur, est tenu de travailler d’arrache-pied pour simplement comprendre ses propres droits.
Si la compréhension de ses droits est si difficile, qu’advient-il de la lutte qui devrait en découler ensuite ?

Lire les conclusions sur la soupe à l’herbe

Mots-clefs : luttes des classes | langage

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