Il faut retirer des mains des patrons le pouvoir de régularisation des salariés sans papiers

Le collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry appelle à un rassemblement en soutien à M. Magassa à Malakoff, pour sa réembauche et sa régularisation, et plus généralement pour la régularisation de tous les sans-papiers !

Sans-papiers : main d’oeuvre précaire...

Nous sommes des dizaines de milliers de travailleurs « Sans-Papiers ». Nous travaillons dans le Nettoyage, la Restauration, le Bâtiment, la Voirie. Ce sont les secteurs qui ne peuvent pas délocaliser leur main d’oeuvre ; alors les gouvernements successifs ont organisé la délocalisation sur place aux conditions d’emploi de la Roumanie ou de l’Inde.
Sans droits, nous sommes obligés d’accepter n’importe quel travail, à n’importe quel salaire. Quand nous sommes licenciés, les employeurs n’hésitent pas à nous jeter sans indemnités. Nous servons de variable d’ajustement.

… enchaînée à un patron

En temps normal, le travailleur est libre de changer d’endroit et d’employeur. Mais ce n’est plus le cas pour nous avec la loi CESEDA de 2006. Quand nous obtenons un titre de séjour dit « salarié », celui-ci n’est que temporaire. Il est lié à l’employeur, et doit être renouvelé chaque année. Il disparaît si l’entreprise fait faillite... ou si le patron trouve mieux et nous licencie.

Ce n’est pas nous, c’est le patron que l’État régularise

Pas de régularisation sans la promesse d’embauche d’un employeur sur document administratif, le fameux CERFA. Alors si on comprend bien :

  1. après avoir été surexploités par les patrons ; après avoir piétiné la boue des chantiers ; après avoir déchargé des centaines de camions ou lavé des millions d’assiettes dans les restaurants, c’est à nous de faire la preuve de notre utilité future pour l’économie française.
  2. l’État, en conditionnant la présentation d’un CERFA pour nous régulariser, cherche d’abord à régulariser la situation des patrons qui le souhaitent. Et tant pis pour les Sans-Papiers que les patrons préféreront maintenir dans l’illégalité.

MONOPRIX doit fournir les documents de régularisation

C’est le cas de M. MAGASSA Bougary qui a été employé au MONOPRIX de Malakoff entre 2009 et 2016. Travaillant sous une autre identité, il a avoué en 2016 sa situation à son employeur et demandé les documents de régularisation.
MONOPRIX lui a effectivement rempli le CERFA nécessaire, mais n’a jamais signé l’attestation de concordance d’identité, ce qui rendait M. MAGASSA incapable de prouver l’ancienneté de son activité salariée. Le dossier a alors été rejeté par la préfecture. Pire ; la direction du magasin a demandé à M. MAGASSA de démissionner, ce qui est une pratique courante et déloyale d’employeurs vis-à-vis de salariés qui ne sont pas au courant de leurs droits.
Maintenant, MONOPRIX fait semblant d’ignorer que M. MAGASSA a travaillé dans son magasin pendant six ans.
Nous manifestons aujourd’hui devant le magasin de Malakoff. Nous demandons à MONOPRIX les différents documents de régularisation et la réembauche de M. MAGASSA.

Il faut retirer des mains des patrons le pouvoir de régularisation des salariés sans papiers

Le gouvernement fait tout son possible pour nous empêcher de réunir les feuilles de paye prouvant une insertion dans le marché du travail, qui est une des conditions de régularisation. Et quand nous parvenons quand même à réunir ces feuilles de paye, il met la décision de signature du cerfa dans les mains des patrons et nous met ainsi en danger de licenciement. Le cas de M. MAGASSA n’est pas exceptionnel.
Tous les jours, des salariés sans papiers se retrouvent licenciés parce qu’ils ont exposé leur situation à leur patron, ou que celui-ci l’a découverte, et qu’il refuse de fournir les documents réclamés par l’État, ou encore que l’employeur a eu peur. Mais que ceux-ci se rassure, le gouvernement aboie parfois, mais il ne mord pratiquement jamais les patrons. Il réserve ses coups pour les salariés. Avec ou sans papiers. Hier contre les retraités. Aujourd’hui contre les cheminots. Demain encore contre les Sans-Papiers avec la loi Collomb qui va passer au Parlement la semaine prochaine.

Régularisation globale de tous les Sans-papiers
Rassemblement samedi 14 avril 2018 16h devant le magasin 6 avenue Pierre Brossolette à Malakoff, à l’entrée du périphérique, Porte de Chatillon

Collectif des Travailleurs Sans-Papiers de Vitry 94
e-mail : ctspv94@gmail.com ; twitter : @ctspv94

Localisation : Malakoff

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