Ceci est un appel individuel. Il s’agit d’un individu qui se trouve être dans une période pourrie de l’Histoire avec un grand H. Un gars qui a toujours eu un militantisme public et qui a toujours été dans la rue au coté des opprimés. Et qui continuera.
Comme tout le monde j’ai été super choqué. J’ai eu un moment de paralysie. Que faire quand toute l’impuissance du mouvement social (au sens large, des anarchistes aux syndicalistes) se manifeste ? Que faire quand la plupart des gens se retrouvent du côté de l’État ? État qui contribue pourtant à les foutre dans la merde toute l’année… Que faire quand tes propres camarades, certains frères, certaines sœurs de luttes, se résignent à l’état d’urgence, considéré que c’est un moindre mal ? Que faire quand la peur paralyse certains et certaines d’entre nous, ceux qui étaient habitué à aller au Petit Cambodge, ceux qui connaissaient les barmans de la Belle équipe ?
Que faire quand la plupart des gens se retrouvent du côté de l’État ?
La période est violente. Daesh a montré ce qu’ils étaient : des bouchers fascistes. On avait beau le savoir ça nous touche plus quand on connait quelqu’un(e), ça nous touche plus quand on récupère des amis en larmes, quand on a des murs facebook remplis d’hommage à un tel ou une telle. C’est forcément autre chose qu’un attentat à Beyrouth ou Peshawar.
Et pourtant il est nécessaire de se reprendre. Car le deuxième piège de la mâchoire est là, il cherche à se refermer sur nous. L’État et sa politique sécuritaire. L’État qui nous divise au quotidien. L’état qui nous détruit, l’état qui fait qu’on étouffe depuis des années, l’état qui nous surveille. Et surtout l’État qui essaie de nous faire marcher au pas derrière lui en profitant de l’émotion qui nous balaie...
Nous avons des comptes à lui demander. Pas seulement pour les interventions militaires hasardeuses qui ont servi de terreau à l’islamisme en Afghanistan ou en Libye. Socialement, l’État, prend un virage de plus en plus autoritaire. Cet autoritarisme, inhérent à tous les états, se renforce sur le plan légal. A travers l’état d’urgence, mais aussi à travers tout un paquet de lois antiterroristes, lois sur le renseignement...
L’interdiction des manifestations est là symptomatique d’un durcissement de la part de l’état. Qu’on ne nous fasse pas rire avec des questions de sécurité. A l’heure où Fabius annonçait l’interdiction des manifestations contre la COP, le marché de Noël et sa foule rouvrait sur sur les Champs-Élysées. A l’heure ou les manifestations pour les migrants se trouvaient muselées, les galeries Lafayette ne désemplissaient pas dans les beaux quartiers. Ne nous y trompons pas : il s’agit bien là d’une tentative de museler le mouvement social, de le rendre aphone. Il s’agit là d’une dérive autoritaire d’une structure sociale qui ressemble de plus en plus à une « démocrature »...
Qu’on ne nous fasse pas rire avec des questions de sécurité. A l’heure où Fabius annonçait l’interdiction des manifestations contre la COP, le marché de Noël et sa foule rouvrait sur les Champs-Élysées.
Face à cela il ne faut pas céder à la peur. Ni celle de Daesh, ni celle des flics et de la justice. Nous avions des combats avant cet événement historique. A nous de les mener. Il faut donc continuer à croire en nos luttes, car, c’est elles seules qui nous amèneront à une réelle émancipation. Soyons sûrs d’une chose : aucun cadeau ne nous sera fait. Ni de la part de l’État, ni de la part des islamistes, ni de la part des fachos de tous bords qui tirent la société de plus en plus à droite ces dernières années.
Nous devons donc continuer à mener nos luttes. Nous devons continuer à pouvoir descendre dans la rue. Camarade il ne faut pas nous endormir !
Refuser de maintenir les manifestations, c’est accepter la dictature de la peur ! C’est donner aux forces réactionnaires une marge de manœuvre énorme. C’est rendre les armes contre les fachos qui attendent leur heure.
Camarades, n’annulez pas vos rassemblements ! Forcez l’État à les interdire ! À Paris comme ailleurs ! Ne rendez pas les armes sans mener le combat politique qu’il faut mener contre les puissants !
Courage ! Les mauvais jours finiront !