Dans une région surexposée à la pollution industrielle — qui se traduit notamment par une surmortalité des cancers du poumon — la nouvelle carrière serait une lourde menace pour l’eau et l’air, d’autant plus que la zone exploitable pour le cimentier s’étale en fait sur 550 hectares. C’est donc pour des raisons vitales que des habitant·e·s sont organisé·e·s contre ce vieux projet, avec le soutien récent de plusieurs dizaines de Gilets jaunes. Ce combat ne s’embarrasse pas de joindre « le climat » et « le social », mais exprime simplement la nature de l’autodéfense écologique : sauver l’organisation du territoire dont nous dépendons pour vivre et le droit d’en décider. Nous appelons toutes les personnes en résistance contre le capitalisme écocidaire à lui apporter leur soutien.
Calcia, propriété du deuxième plus gros groupe cimentier au monde, HeidelbergCement, s’acharne depuis presque quarante ans à imposer une nouvelle carrière dans le Vexin, dont les sols sont riches en calcaire, un composant essentiel du ciment. Multipliant les opérations de lobbying et les pseudo-concertations, soutenue par des responsables politiques biberonnés à l’idéologie du développement industriel, l’entreprise n’a pas réussi à défaire l’opposition des habitant·e·s. Depuis 2018, trois votes consultatifs ont contesté son projet : un vote exprimé par une majorité des élus de la communauté urbaine GPSEO (qui représente 410 000 habitants), une motion de plus de 45 maires du territoire concerné et l’avis négatif de plus de 2 500 citoyen·ne·s [1]. Malgré cela, Calcia a finalement profité de l’accélération du calendrier du Grand Paris et obtenu le 30 juin dernier l’autorisation de démarrer les travaux de la part de François de Rugy et de Bruno Le Maire.
Cet appui de l’État ne date pas d’hier puisque celui-ci avait déjà empêché la Charte du parc naturel du Vexin, fondé en 1995, de bloquer tout projet de carrière sur le territoire protégé. Ses services avaient alors institué la zone 109 — de l’article 109 du Code minier — sur 550 hectares de terres agricoles pour garantir le droit d’exploitation de Calcia. Le feu vert donné par le gouvernement ouvre donc la voie à une carrière bien plus importante que celle des 100 hectares immédiatement menacés.
Face à l’entreprise et face au Grand Paris qui impose son hégémonie mégapolitaine à la région, des habitant·e·s se défendent depuis près de quarante ans. Organisés à travers l’Association vexinoise de lutte contre les carrières cimentières (AVL3C) et le collectif Non aux projets inutiles en Val-de-Seine (Nopivals), il·elle·s ont été rejoint·e·s par des Gilets jaunes le 6 juillet dernier, lors d’une occupation éphémère de la zone 109.
Une nouvelle grande marche est organisée le 14 septembre 2019, autour de deux sites emblématiques [2] : un projet de viaduc routier qui ressurgit tous les vingt ans et le projet de carrière. Celle-ci se fera au départ de la mairie de Gaillon-sur-Montcient.
À l’heure où les travaux de Gonesse ont démarré, pour installer une des gares du Grand Paris et préparer le bétonnage de 680 hectares de terres cultivées, malgré le mouvement d’opposition, il est essentiel que les ennemi·e·s du Grand Paris, de l’écocide et de l’oppression capitaliste se rencontrent. Il est essentiel qu’une alliance se dessine en vue de dénoncer et de combattre ensemble les anachronismes et la voracité de la mégapole, puis de construire d’autres espaces communs que ceux qui nous sont imposés pour nous gouverner par la précarité, la surveillance et la consommation.
Visuel : Claadel