Fiction

Apothéose de la manif du 23 juin. La prochaine à l’hippodrome de Chantilly pour un dernier tour de piste.

« Il y a une raison que nous n’accepterons plus, il y a une apparence de sagesse qui nous fait horreur, il y a une offre d’accord et de conciliation que nous n’entendrons pas. Une rupture s’est produite. Nous avons été ramenés à cette franchise qui ne tolère plus la complicité. » M. Blanchot

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C’est bien, ce coup-ci il n’y avait pas de « casseurs ». Enfin les « manifestants sincères » ont pu défiler en toute sécurité « sous la protection » de la police, main dans la main avec les services d’ordre toujours prêt à assurer la paix à coup de batte de base ball. Les centrales syndicales peuvent se réjouir dans les « médias libres » que le droit d’exprimer sa désapprobation de la « loi travail » ait été respecté.

Belle victoire de l’ordre en effet. Et toutes les coquilles vides de partis politiques-citoyens-de-gauche-responsables venues récupérer ce néant politique ne s’y sont pas trompés et ont pu célébrer ce retour à une saine contestation, c’est-à-dire à sa neutralisation.

Bref, toute cette « opposition » interne au système et qui se dit même parfois « anticapitaliste » a pu se débarrasser des exploités-révoltés par la vie de merde qu’ils vivent déjà et contre laquelle ils s’organisent collectivement déjà, loi travail ou pas.

Les pestiférés (« Untorelli ») qui n’ont plus guère que leur corps à dissimuler et protéger - à défaut de compte offshore - peuvent bien crever dans l’invisibilité avec l’onction de ceux qui débattent à l’intérieur du statu quo. Il y a bien longtemps que l’expression sociale de ce qui dans cet ordre pourri n’est plus soutenable ne rencontre comme interlocuteur que la violence mitlitarisée et la désapprobation morale qui se confond avec.

Prenons-en acte, la caution politique donnée expressément par toutes ces organisations bureaucratiques de merde a le mérite d’indiquer clairement le camp qui est le leur, celui de laquais inoffensifs pour l’ordre qu’ils prétendent contester.
Ce n’est certes pas nouveau, mais il me parait important que ce soit dit clairement, puisqu’il s’agit plus que jamais de ne pas se confondre dans les postures fictionnelles qu’on nous dessine.
Une lecture politique à la hauteur de ce qui passe suppose de combattre sans faux semblant tout ceux qui participent à nier toute dimension politique là-même où elle menace toujours de faire irruption. Conjurer le spectre vous savez...

***

Reste donc l’essentiel derrière le spectacle : l’offensive à mener ne passe pas par les stériles négociations ou par la seule reconnaissance de ceux qui font carrière de nous mépriser, mais à ouvrir sur autre chose. Or, une telle possibilité prend de fait la forme d’un antagonisme sans merci. La bourgeoisie, de droite ou de gauche, est prête à légitimer toutes les violences pour sauver la « démocratie » et l’« État de droit ». Construire l’adversaire comme l’ennemi absolu, rendre l’extension de la violence des rapports sociaux capitalistes tolérables par les discours de dénonciation de la violence fut le piège ourdi de tout temps contre les combattants de l’émancipation. Les années 70 ne sont pas très lointaines dans la mémoire des vaincus.

La flicaille ne contiendra pas éternellement le discrédit qui mine la morale impérative du capital à laquelle on veut soumettre nos vies. Nous ne sommes plus dans les années 70, le capitalisme connaît une crise structurelle qui ne se réglera plus comme jadis. Affirmons la positivité du négatif, exprimons-la ; la force du commun est notre seule puissance. Hâtons le crépuscule des fausses idoles.

Salutations à tous/tes ceux qui savent ce qui se passe pour en faire l’épreuve chaque jour. À tous les révolté/es, en taule et encore libres, les blessé/es et mutilé/es dont la résistance inlassable, intime, est le seul témoignage d’espoir et de dignité dans ce bordel qui tient lieu de monde.

À bas l’État, les flics, les patrons, et la cohorte de leurs adjuvants de « gauche » !
et vive le communisme !

Mots-clefs : manifestation

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