Fausses solutions : Ils proposent, nous disposons

C’était couru d’avance, ils n’entendent pas remédier à ce cloaque dans lequel nous baignons, à cette merde qu’ils nous font bouffer, par l’arrêt du nucléaire, du toxique, de l’élevage intensif, de l’angoissant, des surproductions, des exportations, du gris partout, du béton, de l’acier, des métaux lourds, des polluants quels qu’ils soient, de la violence, de la misère, de la famine, de tout ce qui fait qu’il n’y a au fond qu’un seul problème : celui qu’ils ont créé mais que nous alimentons, en continuant à croire que nous ne sommes pas assez puissant*e*s pour mettre un terme à cette haine et à cette atmosphère de zone industrielle qui envahit nos vies.

Voici un petit extrait du texte officiel de négociation de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC)
"Notant que la majeure partie des gaz à effet de serre émis dans le monde par le passé et à l’heure actuelle ont leur origine dans les pays développés, que les émissions par habitant dans les pays en développement sont encore relativement faibles et que la part des émissions totales imputable aux pays en développement ira en augmentant pour leur permettre de satisfaire leurs besoins sociaux et leurs besoins de développement" (nota bene : les erreurs grammaticales et autres n’ont pas été changées, le texte est retranscrit fidèlement)

Le but n’est donc autre que celui-ci :
"Mettre toutes les nations sur la voie d’un avenir durable en empêchant les températures moyennes mondiales d’augmenter de plus de 2 degrés Celsius, qui est la ligne de défense mondialement acceptée contre les pires impacts climatiques à venir. "(CCNUCC)

C’était couru d’avance, ils n’entendent pas remédier à ce cloaque dans lequel nous baignons, à cette merde qu’ils nous font bouffer, par l’arrêt du nucléaire, du toxique, de l’élevage intensif, de l’angoissant, des surproductions, des exportations, du gris partout, du béton, de l’acier, des métaux lourds, des polluants quels qu’ils soient, de la violence, de la misère, de la famine, de tout ce qui fait qu’il n’y a au fond qu’un seul problème : celui qu’ils ont créé mais que nous alimentons, en continuant à croire que nous ne sommes pas assez puissant*e*s pour mettre un terme à cette haine et à cette atmosphère de zone industrielle qui envahit nos vies.

D’ailleurs, arrêtons d’avoir peur, nous sommes déjà en guerre : ils nous l’ont déclarée depuis longtemps. Nous vivons sous leur couvre-feu et pendant que nous leur laissons interdire, ils n’ont plus de barrières à dire tout ce qu’ils veulent, à faire et mettre en oeuvre leurs politiques décomplexées.

Je me suis toujours demandé pourquoi certaines de mes connaissances s’enquéraient avec sincérité de la raison de ma rage contre ce sommet-sommet quel qu’il soit en fait : je ne comprenais pas qu’il fût possible de penser un seul instant que cette COP21, que cette clownerie abjecte, puisse être en soi une solution, ce qui d’ailleurs me portait à croire que ces questions n’étaient que des provocations un peu frustrées, de la fausse ingénuité.

Eh bien non. J’ai compris que la plupart se posait réellement la question : j’ai pensé alors qu’il y avait un monde entier entre nous, quelque chose d’abyssal.
Car il y en a que cela rassure : une éolienne géante et une grande clameur festive comme symbole du renouveau, d’un monde qui change, et un quota acceptable de CO2 acté « contre les pires impacts climatiques à venir », puis sans oublier bien sûr :
« l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la participation publique, de l’accès du public à l’information et de la coopération internationale en la matière en vue de promouvoir les changements nécessaires dans les modes de vie, les attitudes et les comportements pour favoriser un développement résilient aux changements climatiques et produisant peu d’émissions et mobiliser le soutien du public aux politiques et aux mesures adoptées dans le domaine climatique » ( CCNUCC).
Et les vaches seront bien gardées.

Car en plus de ce qu’ils (eux, les tyrans, les oligarques) proposent-toujours les mêmes fèces indigestes- il y a donc ce que proposent ceux qui les accusent de donner de « fausses solutions », mais qui n’ont jamais un positionnement bien clair et qui préfèrent rester dans les limites de la fredaine écolo-bobo.
Ergo la question suivante, bien simple : comment peut-on « lutter contre » et rester dans les cadres et les lignes tracés par ceux-là même que l’on dit vouloir combattre ? Comment parler de bloquer ou d’envahir un site dit symbolique tout en ne dégradant rien ? Est-il possible d’affirmer encore aujourd’hui, et d’y croire, que c’est en faisant usage de méthodes pacifistes et non violentes que nous pourrons montrer notre détermination ?

Il y a cette chose effrayante que beaucoup font encore semblant de ne pas voir : l’urgence. L’urgence géopolitique, entre flux de réfugiés -politiques, climatiques, encore la même et unique question-, exportations massives, excavations de montagnes, assèchements de marais, déforestations, constructions en tout genre de grands projets inutiles-délogements de familles entières pour construction d’une ligne TGV, pour une portion d’autoroute, un aéroport-, terres polluées, disparition imminente d’îles, communautés paysannes menacées, licenciements de masse, délocalisations, catastrophes climatiques à répétition, catastrophes nucléaires, et violence toujours, violence partout.
C’est sordide, mais qu’est ce qui nous empêche d’y mettre un terme, déconstruire, désapprendre ?

Et puis, comment peut-on croire encore, en premier lieu, qu’un seuil de CO2 à ne pas dépasser -comment peut-on croire qu’il ne sera pas dépassé- pour « limiter » les catastrophes en tout genre, que des « énergies renouvelables » produites par ceux-là même qui produisent l’énergie nucléaire, une « éducation de la population » prodiguée par ceux-là même qui nous ont foutu dans ce bourbier profond dans lequel on macère et on se noie, seraient des mesures suffisantes, non seulement pour assurer l’avenir commun, mais surtout pour que nous puissions nous endormir sans cette rage au ventre et cette angoissante certitude que demain ne sera à nouveau qu’un autre jour passé à tourner en rond dans la cage ?

Et donc comment peut-on croire encore, que c’est par des actions tristement systémiques et par une attention extrême portée à la nécessité de ne pas participer à la surenchère, que nous pourrons trouver une raison à nos levers ? Croyons-nous encore vraiment qu’il est possible de déchirer en douceur un ersatz de contrat si violent, qui nous tient tous et nous tue, et que-surtout-nous n’avons jamais signé ?

Et puis bien sûr, c’est par un langage bureaucratique, que peu ont le temps ni l’envie de déchiffrer, qu’ils nous imposent de nouvelles lois, de nouvelles décisions prises par un « commun accord » dont nous sommes de part son contenu exclus, et qui organiseront et mettront en oeuvre la suite de ce déclin précipité menant à notre chute à tous :

« Sont convenues de renforcer encore l’application intégrale, effective et continue de la Convention comme suit (...) Sont convenues de ce qui suit][Sont convenues du présent protocole, d’un autre instrument juridique ou d’un texte convenu d’un commun accord ayant valeur juridique en vue de promouvoir la mise en oeuvre de la Convention et de son objectif (...) Conformément aux décisions 1/CP.17, 2/CP.18, 1/CP.19 et 1/CP.20, sont convenues de renforcer encore l’application intégrale, effective et continue de la Convention comme suit »(CCNUCC).

Inutile de préciser qu’il est compliqué de trouver ces « 1/CP.17, 2/CP.18,1/CP.19 et 1/CP.20 », et qu’elles sont plutôt incompréhensibles, proposées au départ en français à l’arrivée en anglais. Il s’agit globalement d’accords pris entre « parties » sur des accords pris entre « parties », elles noient dans un besoin qu’elles ont créé de renvoyer à un océan de clauses et articles et communs accords sur clauses et articles.

Ce qu’il faut retenir c’est qu’elles introduisent toutes la même chose, les mêmes mensonges :
on part d’un accord entre « parties » dont l’objectif très respectable serait de « réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre conformément à l’objectif ultime de la Convention et de préserver et accroître la résilience aux effets néfastes des changements climatiques »( CCNUCC), en proposant comme option première-les autres étant les mêmes formulées légèrement différemment-de « s’efforcer » à «  aboutir à une économie et une société résilientes aux changements climatiques et produisant peu de gaz à effet de serre »( CCNUCC), ou encore « De faire en sorte que les émissions mondiales de gaz à effet de serre atteignent leur maximum d’ici à 2020 au plus tard, soient réduites au moins de moitié d’ici à 2050 et continuent ensuite de diminuer [atteignant un niveau proche de zéro d’émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre à longue durée de vie d’ici à la fin du siècle, compte tenu des conclusions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat »( CCNUCC).

Il y aurait autant de plaisir à continuer de citer cette négociation odieuse et hypocrite que de s’arracher une dent en l’accrochant à la poignée d’une porte.
Retenons que l’idée maîtresse n’est autre que celle de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique »( CCNUCC), c’est-à-dire, clairement de repousser à plus lointaine échéance notre mort certaine dans d’atroces souffrances, et non pas de stopper net notre déclin, de détruire leur machine répugnante. On en revient toujours à ça.

Pour en finir, aucune solution concrète et clairement lisible n’a encore été proposée depuis le protocole de Kyoto, aucune qui soit de nous visible, intelligible, aucune que nous puissions humer dans l’air qui nous entoure, dans notre présent ni notre avenir, dans nos relations entre nous, au monde, rien qui parle d’Humain, de liens, de tranquillité et douceur de vivre.

Accepter une-fausse-grâce de quelques années, n’est ni suffisant, ni psychiquement acceptable : nous voulons tout ce qui nous est dû, et tout de suite.
Il faut tout reprendre, appliquer la véritable justice, celle qui ne souffre pas d’accords obscurs et criminels entre parties, celle qui n’emploie pas de langage bureaucratique, celle qui ne détourne pas l’attention pour pouvoir agir sournoisement dans le désintérêt de tous ; il faut reprendre possession de nos sentiers, de nos espaces et mettre à bas leurs cadres et structures asphyxiantes : on ne lutte pas en restant dans le système qu’ils ont créé.

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