La librairie Quilombo met en avant les éditions du bout de la ville depuis quelques mois. L’équipe des éditions du bout de la ville présentera son travail d’édition sur la prison ainsi que le comité de rédaction de L’Envolée, journal d’opinion des prisonniers et des prisonnières en France depuis plus de 20 ans.
Quel est le sens politique de la publication et de l’édition de paroles de prisonniers et de prisonnières ?
Que signifie censurer une telle parole ?
Cette soirée sera notamment l’occasion de revenir sur le numéro 57 (juin 2023) de L’Envolée qui raconte et analyse les censures de l’administration pénitentiaire - notamment les trois numéros de L’Envolée publiés depuis deux ans.
Présentation des éditions du bout de la ville par la librairie Quilombo (extrait) :
En 2022 sort Sur la sellette. Chroniques de comparutions immédiates, de Jonathan Delisle et Marie Laigle. Pendant un an, les auteur·e·s ont pris place dans la salle 4 du tribunal de Toulouse pour observer et chroniquer les procès en comparution immédiate qui s’y tiennent. Cette procédure expéditive, qui s’applique potentiellement à tous les délits, voit les accusé·e·s jugé·e·s en quelques minutes. C’est une justice à l’os, débarrassée de tous les apparats qui peuplent nos imaginaires de « Justice ». On y voit des grands bourgeois envoyer en prison à la chaîne des personnes appartenant aux classes les plus défavorisées de la société, qui n’ont aucun espace pour se défendre ou faire entendre les raisons qui ont pu les amener à sortir de la légalité. La justice de classe s’y montre à nu. Les récits d’audience rassemblés dans le livre sont éloquents et dévoilent, dans un style sec, factuel, la fonction essentielle de l’appareil judiciaire : enfermer les pauvres."
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L’Envolée n°57, édito, juin 2023 (extrait) :
Qu’on se batte contre la torture blanche des quartiers d’isolement, qu’on dénonce le mythe de l’impossible « réinsertion » après la peine, qu’un média de gauche enquête sur les conditions indignes de telle ou telle prison, au fond, le maton de base, il s’en tamponne le coquillard : c’est pas lui qui est visé, c’est son administration, c’est le droit, voire la société… Lui, il peut se dire qu’il y est pour rien. Mais dénoncer les fouilles abusives, l’arbitraire des placements au mitard, attaquer les violences des collègues, écrire que la violence et la déshumanisation sont les fondements structurels de la prison, ça, ça les froisse, les bichons.
C’est pas d’hier qu’on le dit ; et ça leur a jamais plu, comme en témoignent les censures, retenues de journaux et plaintes qui émaillent l’histoire de L’Envolée depuis sa création en 2001. La nouveauté, c’est que cette vérité de base, « la prison tue », commence à émerger de plus en plus dans le débat public, et que des liens se tissent avec celles et ceux qui dénoncent d’autres violences d’État – notamment celles des policiers. La nouvelle bordée de censures administratives dont notre petit canard fait l’objet prend un poids particulier au moment où l’on voit, d’un côté, des familles s’organiser pour se battre suite à la mort d’un proche en prison, et de l’autre, des syndicats de matons obtenir toujours plus de reconnaissance et de moyens. Quand les porteurs d’uniformes d’obédience fasciste sont de plus en plus influents et organisés. Bien sûr qu’ils n’ont jamais aimé que ce qu’ils font au fin fond des quartiers d’isolement ou des mitards soit révélé et dénoncé ; mais ils se sont donné de plus en plus de moyens de faire pression pour pas que ça se sache."
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