Le cabinet ISM Corum a testé 40 grandes entreprises entre avril et juillet 2016 suite à la demande du ministère du travail (DARES) et 12 d’entre elles se sont rendues coupables de discrimination envers les Maghrébins notamment pour les postes d’employés ou de managers.
Ce test consistait à envoyer des CV avec les mêmes caractéristiques (diplôme, âge, sexe et expérience) mais avec des noms et prénoms différents — c’est à dire un CV avec un nom à consonance maghrébine et un autre à consonance française.
Le résultat est alarmant : en effet 36% de réponses positives pour le candidat portant un nom à consonance maghrébine contre 47 % pour le candidat portant un nom à consonance française. Cela montre bien qu’il est plus difficile de trouver un emploi lorsque l’on est d’origine maghrébine.
D’autres enquêtes [1] montrent que la discrimination liée à l’origine ethnique est particulièrement importante notamment chez les cadres ; en effet les Maghrébins obtiennent beaucoup moins de réponses positives pour leur entretien que les personnes de type occidental (enquête réalisée par Jean-François Amadieu).
L’article L1132-1 du Code du Travail rend pourtant la discrimination à l’embauche illégale, cependant cela ne dissuade pas les recruteurs d’agir de la sorte.
Pour pallier cette discrimination [2] (qui concerne 12 entreprises sur les 40 testées), la ministre a décidé de leur donner une seconde chance pour que des mesures correctives soient prises, cependant si aucune mesure n’est prise le nom de ces entreprises sera révélé au public.
Aujourd’hui la préférence nationale n’est pas condamnée ou très mal condamnée en France, elle est même en préparation en Suisse pour certains secteurs en cas de fort chômage. Ainsi, en cas de fort chômage, certains secteurs d’activité pourront privilégier les nationaux c’est à dire les individus qui ont la nationalité suisse par rapport aux immigrés. En outre, le parti d’extrême-droite suisse UDC propose d’instaurer une taxe pour tous les patrons qui embaucheraient un immigré notamment dans le secteur de l’hôtellerie ou dans la construction ; cette initiative pourrait être lancée très prochainement dans le canton de Vaud (pour moment le texte a été soumis de façon informelle à des juristes) .
En outre, supprimer les discriminations permettrait d’augmenter le PIB de 7 % soit une hausse de 150 milliard €, ce qui est non négligeable en ce temps de crise.
C’est aussi une perte pour les recettes publiques.
En effet, supprimer les discriminations feraient augmenter les recettes publiques de 2 % et réduire les dépenses de l’État de 0,5 % (France Stratégie).
Aujourd’hui ces entreprises qui discriminent se privent d’individus à fort potentiel au profits d’individus moins talentueux car ils ont « les bonnes origines ». Par exemple aux États-Unis, l’accès à des postes à responsabilité pour les noirs et les femmes auparavant occupés par des hommes blancs a permis une croissance de 15 à 20 % depuis 1960 (France Stratégie).
Cette étude prouve que les capitalistes sont en contradiction avec eux-mêmes car ils se privent de potentiels humains compétents et cela a un impact négatif sur le PIB et sur leurs profits.
Cependant cela permet de diviser les individus pour mieux régner. Aujourd’hui les capitalistes souhaitent que les travailleurs se définissent par leur origine et non pas par leur classe sociale pour pouvoir les monter les uns contre les autres ; il s’agit de pousser le travailleur à combattre son collègue qui a les mêmes intérêts que lui au lieu de combattre son véritable ennemi, c’est à dire le capitaliste.
Aujourd’hui, nous devons combattre les discriminations pour des raisons humaines et sociales non pas pour des raisons économiques. Chacun devrait voir ses qualifications et compétences reconnues, et pouvoir développer son potentiel, sans qu’un patron puisse nous dénigrer avec ses préjugés racistes.
En outre, combattre les discriminations permet d’unir les travailleurs d’une même classe, au delà des clivages d’origine ou de religion.
Pour endiguer ce fléau, des mesures peuvent être prises dans le secteur privé notamment par la mise en place de concours, mode de sélection qui reste le moins discriminant, cela permettrait de connaître le potentiel de chacun et de ne pas juger en fonction de la couleur de peau.
Par ailleurs d’autres discriminations existent, comme le montre le cas récemment pour un appartement à Levallois Perret, l’annonce stipulait « nationalité française obligatoire et pas de Noir ».
Bien que le propriétaire ait le droit de choisir son locataire (solvabilité, stabilité professionnel) en revanche un propriétaire ne peut refuser de louer son bien pour des raisons liées à l’âge, au sexe ou à la nationalité (article 225-1 du code pénal).
Le lieu de résidence est aussi un motif de discrimination à l’embauche ; en effet un habitant de Clichy-sous bois aura plus de mal à trouver un emploi par rapport à un habitant de Paris même si il a les mêmes caractéristiques (diplôme, âge, sexe et expérience).
Les discriminations restent très peu condamnées en France car elles sont difficiles à faire reconnaître et à prouver. Le combat contre le racisme et les discriminations est indissociable du combat pour une société égalitaire, débarrassée de l’exploitation capitaliste, car les patrons chercheront toujours à entretenir le racisme et à alimenter les divisions entre les travailleurs. Diviser pour mieux régner...