Désertons et sabotons la grande machine de l’Éducation

Pour en finir avec la République des professeurs, appel à la déconnexion des appareils syndicaux, des différentes formes de mouvements qui n’ont rien gagné depuis le CPE

La mobilisation contre les lois Blanquer et Vidal ne prend pas. Oui, les manifestations sont toujours plus clairsemées. Hé quoi, où êtes-vous les professeurs de tout le pays, les enseignants chercheurs, les personnels administratifs, les étudiants, les lycéens ? On s’égosille, on appelle les autres. Pourtant le silence. Un bon silence bien moite. Le silence des pantoufles pour parler journaliste. La langue du journalisme qui répète les chiffres morbides de la Préfecture et les communiqués lénifiant des syndicats. La même langue en fait. Celle des vainqueurs. Celles de ceux qui ont déjà perdu à répéter toujours la même rengaine : enseignement pour tous, gratuité, non à la sélection. Soit. Je suis pour tout ça. Je l’ai toujours été. La pensée du slogan, la pensée tract a fini de marcher. La parole qui inscrit au lieu de construire, de faire groupe, d’attaquer. Car de quelle école parle-t-on ? Celle qui sélectionne déjà, qui expulse les pauvres, qui interdit son accès aux jeunes femmes voilées, celle des professeurs au garde-à-vous qui vont vous faire des cours de morale républicaine et de méritocratie ? Pouaaa, quelle horreur, car ces gens, ces petiiiits hussards de rien du tout détestent leurs élèves (pas tous, nuance, pensée dichotomique non, pas de manichéisme oulala nihiliste !), mais quand même, les ont pas dans la peau les petits gosses. Eux qui demandent qu’à la quitter cette école.

Et l’Université nous rejoue le même sketch, celui du plus de moyens, du y a plus rien, alors que les universitaires méprisent leurs étudiants, ils veulent les meilleurs (eux ils les aiment se voyant en eux), enseigner à l’élite c’est-à-dire ne rien apprendre, ânonner son cours du haut de sa chaire, et aller à la bibliothèque faire ses recherches, poser ses scribouillis dans des livres lisibles seulement d’eux-mêmes. Les zombies académiques, qu’attend-on d’eux ? Qu’ils se battent contre la sélection ? Mais on ne comprend rien à votre texte Monsieur, vos arguments n’ont ni queue, ni trou, ni rien du tout. Et qu’avez-vous à proposer lance la gauche qui elle, défend le service public autoritaire et paternaliste ?

Ni République des professeurs ni celle des managers. Ni hussards ni gros bâtards, pardon, je devrais pas dire ça, je m’excuse, la parole, la parabole était trop grosse, comme la ficelle qui est de faire croire qu’on va sauver l’éducation à coups de slogans indignés. Alors quoi dit la gôôôôche ?

Eh ben, on dit nous, plus d’école, plus d’enseignants, regardez un peu du côté de chez Deligny, regardez les écoles libertaires qui n’avaient rien de commun avec les écoles au début du siècle dernier, regardez un peu en dehors de l’État. Mais, c’est livrer nos enfants aux véganes, aux zadistes, aux destructeurs de la famille, aux chômeurs, bref aux pédophiles disent les bons bourgeois qui confondent les pédagogues avec les curés bouffeurs d’ostie (sûrement pas végane l’ostie catholique française). On est bien loin du propos initial, revenez à vos moutons, à vos élèves pardon bredouille le recteur de la sous-préfecture du département a le plus à droite de la France.

Ni moutons, ni barbiches à la Jaurès ou de délégué syndical. L’enfance est le bien le plus précieux. Il est temps d’en finir avec l’école, sans parler de l’Université, ce zoo pour tristes plumitifs qui finiront seuls dans leurs amphis délabrés et sans âme. Il reste donc les étudiants, déjà dans leur carrière, qui ne veulent entendre parler qu’UE, validation, débouché, notes. Perdus les étudiants, qui encore en 2006 faisaient le coup de feu sur la Sorbonne. Beaux moments de chaises qui volent et de livres du XVe siècle sur la tête des bleus. Souvenirs. On en est plus là, et ceux-là même pourrait nous arrêter en attendant la polissse ! Reste les lycéens, peut-être, les jeunes, les collégiens, la grève des enfants. Irresponsable ! Vous manipulez nos jeunes vous créez l’incendie qui va tout abraser, arroser (bref, je ne trouve pas le bon mot). Tiens oui, des grèves d’enfants dans les écoles ça aurait une autre gueule que le SNIUPP ou le SGEN ou le FSU et le « tous ensemble tous ensemble prout prout ! » Il suffit d’en parler avec eux. C’est eux que ça concerne les lois Vidal et tout le tintouin.

Si on ouvrait les portes des écoles, il n’y aurait plus personne au bout de 10 minutes. La vie est dehors. On les comprend. Alors, quoi donc ? Quel programme Monsieur l’anarchiste (mot compte double et scrabble = 98 points pour l’usage d’un mot valise) ? Ouvrons les portes des écoles et des facultés, désertons et sabotons la grande machine de l’Éducation. A dix millions d’élèves, on a de quoi faire craquer les familles, les parents d’élèves, les organisations syndicales, les sociétés de conseils, les escadrons de gendarmerie mobile, les partis de gauche, les collabos en tout genre, l’État et ses sbires, les marchés financiers, la Nasa et l’alignement de Saturne sur Mars. Alors on s’y met ?

Note

Les enfants emmerdent l’école

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