Voltairine de Cleyre - « L’anarchisme sans étiquette »

Voltairine de Cleyre, née le 17 novembre 1866 à Leslie, Michigan et morte le 20 juin 1912 à Chicago, est une militante et théoricienne anarchiste américaine qu’Emma Goldman considérait comme la femme anarchiste la plus douée et la plus brillante que l’Amérique ait jamais produite.

Née le 17 novembre 1866 d’une Américaine et d’un Lillois émigré aux États-Unis qui prénomma sa fille Voltairine en hommage à Voltaire.
Ses parents divorcent en 1880, son père la placera au couvent. Dès sa sortie, Voltairine s’impliquera dans le mouvement des libres penseurs.
Influencée par les écrits de Thomas Payne et Mary Wollstonecraft, elle donne des conférences, écrit des chroniques pour les journaux.
Suite à un attentat à la bombe au cours de l’émeute de Haymarket, quatre anarchistes seront accusés à tort et pendus le 11 novembre 1887. Voltairine devient anarchiste.
En 1890 paraît son essai L’esclavage sexuel. Elle y condamne les idéaux de beauté encourageant les femmes à se déformer le corps, et les pratiques éducatives qui forment les enfants selon qu’ils appartiennent à un sexe ou un autre.
Son fils Harry naît le 12 juin 1890. Elle n’aura jamais de vie commune avec le père de l’enfant, James B. Elliott, ni avec aucun autre de ses amants.

Emma Goldman la considère comme « la femme anarchiste la plus douée et la plus brillante que l’Amérique ait jamais produite ».
Devenue proche des anarchistes individualistes, elle s’engage pour un anarchisme sans adjectifs : « Je ne m’appelle plus autrement que simple anarchiste. »
En 1895, dans une conférence sur la question sexuelle, elle déclare aux femmes : « (…) À cause de l’interdit qui pèse sur nous, de ses conséquences immédiates sur notre vie quotidienne, du mystère incroyable de la sexualité et des terribles conséquences de notre ignorance à ce sujet. »
Le 9 décembre 1902, elle survit à la tentative d’assassinat de Herman Helcher. Elle lui pardonnera :
« Ce serait un outrage à la civilisation s’il était envoyé en prison pour un acte qui était le produit d’un esprit malade. »
Lors de sa conférence « Le mariage est une mauvaise action » en 1907, elle affirme : « Le contrat de mariage, imposant une promiscuité des âmes et des corps, va à l’encontre de l’amour. »
Au printemps 1911, Voltairine de Cleyre reprend espoir dans le changement. Grâce à Ricardo Flores Magón, « l’anarchiste mexicain le plus important de l’époque », selon l’historien Paul Avrich.
Elle va donner des conférences pour expliquer l’importance de la solidarité internationale, rassembler des fonds pour aider la révolution, devenir la correspondante du journal Regeneración à Chicago.
Dans son essai paru en 1912, De l’action directe, elle souligne que « l’action directe a été toujours employée et jouit de la sanction historique de ceux-là mêmes qui la réprouvent actuellement. » Poétesses, essayiste, pionnière féministe, partisane de l’anarchisme, Voltairine de Cleyre meurt le 20 juin 1912 à Chicago d’une méningite septique.

Note

Cette bande dessinée est extraite du recueil Séquences libertaires, co-édition des Editions du Monde Libertaire et des Editions Libertaires.

Les textes et dessins – mis en planches par MLT et OLT – illustrent, par de courts récits, les vies de celles et ceux qui voulaient vivre libres : sans Dieu ni maître.
Le guérillero antifranquiste catalan Francisco Sabaté – mettant la poudre au service de ses idées – inventa un mortier pour lancer ses tracts. Loin des images véhiculées par les bertillonnages de la presse à sensation, les anarchistes ont toujours préféré diffuser leurs idées de vive voix ou par voie de presse.
De mai 1886, à Chicago, au mois de décembre 1969, à Milan, vous trouverez ici, en quelques cases, les visages et l’histoire des victimes de la machine policière et judiciaire. Suivent des révolutions étouffées par les rouges ou les bruns, des journaux interdits, des arrestations, des assassinats, épisodes évoqués à travers des itinéraires individuels ou collectifs. L’Histoire faite par et pour les possédants est riche en répressions. Mais n’oublions pas ces libertés arrachées sur lesquelles il faut veiller et qu’il faudra défendre, ainsi que celles qui restent à prendre. Journée de huit heures, objection de conscience, liberté d’expression et bien d’autres combats permanents font l’objet de quelques pages.
D’autres viendront, une place reste à faire aux militantes anarchistes dont les noms sont encore dans l’ombre.

Mots-clefs : anarchisme | féminisme

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