Crise humanitaire et expulsions à Calais

À Calais, malgré la situation catastrophique pour les migrants qui ont été regroupés dans un bidonville toléré mais éloigné de tout, les autorités ont expulsé les deux derniers squats de migrants du centre-ville mardi 2 juin.

Une crise humanitaire se déroule actuellement à Calais. Les exilé-es ne reçoivent pas assez de nourriture pour manger. Le centre Jules-Ferry fournit seulement un repas par jour à la moitié des exilé-es (1800 repas par jour). Ce centre est également extrêmement loin des lieux de vie à l’ouest de la ville , ce qui rend la situation alimentaire encore pire dans ces lieux de vie. Il y a seulement deux points d’eau pour les exilé-es dans la ville, l’un est au Squat Galloo (une lance à incendie) et l’autre au centre Jules-Ferry (trois robinets), pas de point d’eau pour le camp plus à l’ouest. Dans Jules-Ferry le point d’eau est très loin, il est difficile de transporter de l’eau pour toutes les personnes vivant sur le bidonville autour du centre. Les gens ont besoin de davantage de tentes pour dormir, mais il n’y a pas plus de tentes à distribuer. Les capacités limitées de soins médicaux ne permettent pas de traiter toutes les personnes qui en auraient besoin. Plus de cent femmes vivent dans les jungles sans aucun accès à la structure censée les mettre à l’abri (pas d’accès séparé pour elles aux repas ou aux installations sanitaires). Un nombre encore plus grand de mineurs isolés vivent dans les jungles sans aucun suivie particulier.

Les autorités sont très désireuses de construire de nouvelles clôtures et d’isoler les personnes en dehors de la ville, mais sont incapables ou refusent de fournir suffisamment de ressources pour couvrir les besoins humains fondamentaux, dans le déni total des droits humains.

source Calais Migrant Solidarity

Et on s’enfonce encore et encore

Comme si elles n’avaient toujours pas compris qu’il faut changer de braquet, les autorités ont à nouveau joué la force à Calais.

Comme si elles ne se rendaient pas compte que la stratégie répressive ne menait à aucune amélioration de la situation.

C’est ce mardi 2 juin, jour de tempête à Calais, que les autorités ont choisi d’envoyer leurs forces de l’ordre, leurs gardiens de la paix, évacuer les deux derniers lieux de vie qui persistaient au centre ville. Impasse des Salines et derrière le magasin Leader Price du Fort Nieulay.

Une nouvelle fois, des êtres humains privés de refuge contre la pluie et le vent, ont été triés, arrêtés ou apeurés, orientés ou abandonnés là, stigmatisés, oubliés.

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Expulsions à Calais et Paris

Aujourd’hui, la police française a expulsé le Squat Galloo et la jungle près du supermarché Leader Price. Ouvert en juillet 2014 par une collaboration entre les associations, les migrants et les militants, plus de 300 personnes vivaient à « Fort Galloo » qui était un espace où les gens pouvaient se rassembler, partager un repas, recharger les téléphones, se reposer.

Ce matin, l’expulsion de « Fort Galloo » a commencé à 6h, à 10h les effectifs de la police avaient augmenté. La police a encerclé le bâtiment désaffecté de 12 000 m2 de récupération de métaux en bloquant toutes les issues possibles. Les personnes séjournant à l’intérieur ont eu très peu de temps pour rassembler leurs affaires et ont été escortées hors du bâtiment par une entrée latérale. Il y aurait eu 66 personnes arrêtées et environ 40 emmenées au centre de rétention de Coquelles. Le lieu est maintenant « sécurisé ».

À la jungle du Leader Price, qui a déjà connu une semi-expulsion plus tôt cette année, des dizaines de gendarmes ont vidé la zone autour du supermarché, obligeant les gens à partir de leurs lieux de vie. Il y aurait également eu des arrestations.

La nouvelle destination pour les gens éjectés de leurs abris est la prison à ciel ouvert à la périphérie de Calais, la nouvelle jungle entourant le centre Jules-Ferry. Les personnes expulsées aujourd’hui étaient celles qui avaient résisté contre le déménagement « volontaire » au nouveau centre de jour il y a deux mois, après avoir subi des pressions de la police et d’autres organismes de l’État fin mars. Une déclaration des résidents de Galloo (en anglais), datant de fin mars explique pourquoi ils ne se déplacent pas volontairement vers le nouveau centre.

Cette opération de police a été coordonnée avec l’expulsion d’un grand campement à La Chapelle à Paris, où vivaient plus de 350 personnes.

Traduit du site Calais Migrant Solidarity.

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