Crazy week à Rennes !

Retour sur la mobilisation contre la loi asile-immigration et sur les stratégies de l’Assemblée Générale Antifasciste de Rennes. Article publié sur Expansive

Retour sur la mobilisation contre la loi asile-immigration et sur les stratégies de l’Assemblée Générale Antifasciste de Rennes.

Nous n’avons pas l’ambition de dire que notre modèle est le meilleur, le seul possible ou qu’il est transposable à toutes les autres villes. Cependant nous constatons son efficacité, ici à Rennes, et voulons partager notre stratégie et nos expériences au plus grand nombre. Ce texte est donc un appel à construire, investir et renforcer des espaces assembléistes pour toutes les luttes.

CONTEXTE GENERAL : "MOBILISATION CONTRE LA LOI ASILE-IMMIGRATION"

La loi immigration apparaît non seulement comme une loi raciste, mais aussi comme une loi d’exploitation. Celle-ci s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de mise au travail généralisée de la population, en mettant notamment la pression sur ses franges les plus précaires. Après le rejet de la 1re version de la loi par l’Assemblée Nationale, le texte a intégré de nombreuses idées de l’extrême-droite (remise en cause du droit du sol, déchéance de nationalité, conditionnement des prestations sociales, etc). C’est ce sur quoi la gauche institutionnelle et syndicale a concentré son opposition : sur une base principalement morale, en choisissant comme moyen les manifestations du dimanche (parfois même du matin !), empêchant toute construction d’un rapport de force.

Nous nous opposons à l’ensemble de la loi immigration et ne nous satisfaisons pas de la censure partielle du Conseil constitutionnel. Nous nous opposons aussi à la gauche "de posture" qui n’a jamais réellement essayé d’empêcher la promulgation de cette loi, voyant le combat déjà perdu d’avance. Cette même gauche qui, lorsqu’elle était au pouvoir, a "géré" de manière faussement humaniste les sans-papiers, pour le résultat que nous voyons aujourd’hui... Toutefois, on peut noter, depuis plus d’un an, la mobilisation contre la loi asile et immigration d’organisations et de collectifs qui, pour certains, se sont regroupés au sein du réseau de La Marche des Solidarités.
C’est pourquoi nous, l’Assemblée Générale Antifasciste de Rennes, avons développé notre propre stratégie pour mettre à la fois la pression sur ceux qui ont fait cette loi, et sur ceux qui devront l’appliquer. D’autant plus que, malgré la censure du Conseil, de nombreuses dispositions racistes et d’exploitation sont restées (sur l’aide sociale à l’enfance ASE, le juge unique, les "métiers en tension", la facilitation des OQTF etc).

Cette loi est un moyen pour l’État de durcir la répression des émeutes qui ont suivi le meurtre de Nahel : le législateur prévoit de nouveaux motifs de refus de délivrance, de renouvellement ou de retrait, des cartes de séjour, dont les infractions commises contre des élus ou des agents publics ou "la menace grave pour l’ordre public". Il est, aussi, "imposé aux ressortissants étrangers la souscription d’un contrat prévoyant l’engagement de respecter [les principes de la République]". Ce qui est à mettre en relief avec le récent triptyque d’Attal "tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, on t’apprend à la respecter".
Par cette loi et d’autres mesures (annonce de l’uniforme à l’école, du SNU obligatoire en 2026 et des "travaux d’intérêt éducatifs" pour les mineurs de moins de 16 ans) ce sont en grande partie les mineur.es ou les jeunes majeur.es habitants des "quartiers" ou "issue de l’immigration" - qui se sont révolté.es cet été - que l’État continue de réprimer.
Pour rappel, pendant les quatre jours d’émeutes, la police a tué deux personnes et mutilé des dizaines d’autres. Ensuite, la justice a fonctionné à plein régime : il y a eu un nombre inédit de comparutions immédiates et de placements en détentions (Au 1er août, « 2 107 personnes ont été jugées, 1 989 ont été condamnées et 1 787 ont été condamnées à une peine d’emprisonnement »). Sur un temps plus long, les enquêtes policières continuent et des personnes sont encore aujourd’hui perquisitionnées et/ou jugées. Des dispositions sont d’ailleurs prises en ce moment-même, pour que le système judiciaire soit capable de fonctionner sur ce rythme infernal pendant les JO [1].

ROULÉ DE LA SEMAINE : "CRAZYWEEK POUR L’AG ANTIFA"

Neuf jours avant la décision du Conseil d’État (le mardi 16/01), nous faisions le constat en AG de l’absence de mobilisation contre la loi (excepté les manifs du dimanche et des blocages lycéens peu soutenus) et votions une manifestation antifasciste pour le samedi 20 (précédant celle du dimanche) et une autre pour le jeudi suivant, jour de la décision. Cela afin d’imposer notre propre agenda, nos pratiques et un réel rapport de force.

La manifestation du samedi s’est bien déroulée, avec entre autres : les soldes d’un centre commercial perturbées deux fois, la mairie redécorée et un tractage pour annoncer la prochaine AG.
Le dimanche, nous avons décidé de prendre la tête de la manifestation intersyndicale avec nos banderoles pour montrer l’existence d’une riposte antifasciste aux actions du gouvernement, et permettre la diversité des pratiques. Cette manifestation a aussi été l’occasion de déplier deux grands draps pour appeler à venir à la manifestation du jeudi soir et appeler à rejoindre l’AG antifasciste et l’AG de Rennes 2.

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Mots-clefs : Loi darmanin

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