Souvent, au détour d’une rue, on croise le nom d’un-e révolutionnaire. Périodiquement, lors de dates clés, on voit des élus de gauche radicale ou communiste, des syndicalistes de grandes centrales syndicales, venir poser une gerbe ou faire un discours. Chaque année, la mémoire de militants de la cause ouvrière est célébrée et perpétuée par l’ensemble de la gauche de progrès social.
Rarement pourtant, on aura vu cette gauche aussi prompte à condamner, se dissocier et réprimer de concert avec les forces de l’ordre sa frange la plus radicale. L’attitude des responsables politiques, des Services d’Ordre syndicaux, de simples militants relève du scandale absolu au regard de l’histoire.
Responsables et cadres du mouvement social, rappelez-vous, lorsque vous irez poser votre pitoyable bouquet au pied d’une stèle en mémoire d’Auguste Blanqui qu’il appelait et participait régulièrement à des émeutes et a passé de nombreux séjours en prison pour cette raison. Pensez que Louise Michel était, en son temps, ce que vous appelez aujourd’hui une « casseuse » qui attaquait sans discrimination les symboles de la domination. Pensez-vous que de telles personnes que vous dites admirer se seraient offusquées une seconde de la vitrine brisée d’une agence immobilière, de la blessure d’un flic caillassé par des jeunes cagoulés ? Pensez-vous qu’ils auraient seulement l’idée saugrenue de défiler à visage découvert ? Quelle serait sa réaction face à un service d’ordre armé de batons et de gazeuses et qui en a fait usage contre les manifestants sous le regard complice de la flicaille ?
Il est tellement simple de se (r)acheter une virginité révolutionnaire, à l’éclosion d’un mouvement social dans un autre pays que le votre ! Tellement facile de soutenir, dans le lointain, les révoltés et de les conspuer ici ! Qui osa, si ce n’est quelques obscurs réactionnaires, et des ministres assermentés, dénoncer les « casseurs » en Grèce ? Qui s’est élévé au sein même des syndicats et partis politiques français contre « les éléments extérieurs au mouvement social place Gezi ou de la place Tahrir ? » . Ca sonne faux n’est ce pas ? Pas facile de faire tenir vos fantasmes sur la respectabilité du mouvement social hors de vos frontières ! Et quiconque a fait des manifestations ces derniers jours sait que la répression que nous subissons n’a rien à apprendre de celle mené au travers le monde dans les régimes dits « autoritaires. ». Chacun se rappelera même que la France inspira en son temps Ben Ali et autres « laxistes » en son genre...
Alors, de grâce, un peu de sérieux, ne feignez pas d’être du côté des exploités lorsque vous parlez de celles et ceux qui s’affrontent radicalement avec ce monde et sa police, en reprenant le langage des policiers...
Mais le véritable objet de ce texte est de s’adresser à cette base du mouvement social qui parcourt largement l’échiquier syndical et politique : les syndiqués et cell(eux) qui ne le sont pas, les militant-e-s politiques et cell(eux) qui n’ont de carte nulle part. Toutes cell(eux) qui ressentent ce besoin de changement radical. Face aux trahisons des directions syndicales, face à l’intoxication médiatico policière et la violence d’État, il est temps de vous dissocier oui ! Mais des directions conservatrices, du discours médiatico-policier et des analyses réactionnaires du mouvement. Banissons les divisions policières du mouvement, solidarisons nous des gardés à vue, des interdits de manifestation et des inculpés du mouvement social et produisons notre propre critique du mouvement
Parce que les responsables syndicaux et politiques jouent le jeu de la réprésentation, le jeu du dialogue social et de la cogestion. Parce que ces petits jeux n’ont jamais permis au mouvement social de connaître de réelles avancées sociales mais seulement des reculs historiques. Parce que les luttes défensives, meme « victorieuses » ont fait leur temps !
Autonomisons nos luttes, dépassons les mots d’ordres des centrales syndicales, construisons, par la base, le mouvement révolutionnaire pour de bon !
Un ami révolutionnaire