Près de 300 personnes étaient présentes à l’Assemblée de lutte pour Rémi à la Parole Errante.
Les bases de l’assemblée :
Pas de prises d’images
Assemblée autogestionnaire
(tâches de modération réparties entre les initiateurs de l’assemblée)
Qui est à l’initiative de cette invitation ?
Des personnes issues des collectifs NDDL + lutte du Testet et d’autres luttes contre les grands projets.
Depuis quelques années nous subissons la violence policière dans nos luttes contre les grands projets de construction et nous voulons dénoncer les armes qui servent cette violence et le contexte sécuritaire qui la fonde.
Ordre Du Jour
- Temps de témoignages sur le Testet
- Temps sur les objectifs et les revendications que nous nous adressons
- Temps sur les modalités concrètes d’organisation de la mobilisation que nous voulons
Note de rédaction du CR :
P = proposition / I = intervention / Q = question / RD = réponse directe
DISCUSSION PREALABLE SUR L’ODJ
P : inverser les temps de l’ODJ pour privilégier le temps d’organisation des actions et de la mobilisation avant celui des témoignages
> maintien de l’ODJ à la demande d’un nombre important de personnes de la salle
RETOUR DU TESTET
Un certain nombre de personnes de retour du Testet témoignent
> I : situation confuse sur place, beaucoup de détonations dans la nuit de samedi à dimanche mais dans le camp de tentes et avec la musique les gens ne savaient pas forcément ce qui se passait. La journée était festive et familiale. Peu de gens se sont rendus compte de la situation parce que chaque étincelle enflammait les souches et produisait bcp de fumée. La nouvelle de la mort a surpris tlm le matin et le déferlement médiatique est arrivé en prenant les gens par surprise.
> I : Le barrage doit coûter 9 millions d’euros. La structure qui construit le barrage est également celle qui a conduit les enquêtes sur place = conflit d’intérêt
- Dimanche matin : 9h communiqué pref sur la découverte d’un corps et on ne sait pas les causes de la mort (fête, overdose, etc. sont des rumeurs qui circulent). Ce n’est que 2h plus tard qu’on découvre les circonstances et bien plus tard qu’on a les réponses
- Les déclarations sur la difficulté d’accès sont fausses, les enquêteurs ne sont arrivés que lundi, sous prétexte qu’ils ne trouvaient pas enquêteurs compétents sur place. Les opposants ont même facilité l’arrivée des gendarmes.
- L’autopsie révèle que c’est une grenade explosive, mais ça ne décrit pas précisément l’arme utilisée. Criminalisation de Rémi sur la base de son sac à dos déchiqueté qu’on accuse d’avoir transporté un engin explosif. Des traces d’explosifs utilisés par la gendarmerie ont été trouvées sur les vêtements de Rémi.
> I :La transhumance a atteint le barrage sur la zone avec les manifestants dans l’après-midi.
A 16h des groupes ont engagé le combat avec les gendarmes en s’organisant dans ce but.
Le préfet avait donné sa parole qu’il n’y aurait pas de gendarmes sur les lieux, mais le jour dit les gendarmes étaient présents, notamment suite à l’incendie d’un engin de chantier. Des groupes préparés sont arrivés sur le flanc droit des gendarmes et les affrontements ont duré jusqu’au coeur de la nuit.
Le PSIG de Gaillac est à l’origine de violences dénoncées depuis plusieurs semaines.
> I : « J’ai passé une demi-heure avec Rémi avant les évènements et il a dit qu’il ne faisait pas partie des ’extremistes ’ ». Sur la zone il y a des groupes violents mais les gendarmes n’avaient pas de raison d’être là (260 gendarmes mobilisés). La manifestation se répartissait sur 2 km. Un groupe de pacifiste a tenté d’apaiser le jeu. Durant les débats politiques et les festivités il y avait un autre endroit d’affrontements.
> I :Une contre-enquête s’organise sur le Testet avec des témoignages et photos qui sont rassemblés.
Il faut rester prudent sur ce qui est affirmé quant aux circonstances. Des structures s’organisent pour faire la part des choses.
> I :En n’étant pas sur place, ça serait bien néanmoins de sortir du cliché des violents et non-violents, avec des violents qui seraient alcooliques et casseurs. On doit sortir de ces débats là.
Cazeneuve a par ailleurs évoqué une suspension des grenades offensives.
> Q : est-ce qu’il y a des gens qui ont des modes d’action différents ?
> RD : ces questions ont parasité et phagocyté les débats sur le Testet qui ont suivi et nui à l’organisation d’une mobilisation. Ca serait bien que ça ne se reproduise pas ce soir à Paris.
> RD : les questions se sont posées suite à la mort de Rémi mais également suite à la manif de Gaillac. Des groupes legal team et automedia se sont mis en place là-bas avec l’idée de tolérance et de cohabitation des modes d’action.
> I : intervention d’un militant de la même association de naturalistes que Rémi : les arguments qui sont repris par les experts sont déjà avancés par les opposant-e-s sur place depuis 2 ans.
> I : Aujourd’hui il y a une manifestation pro-barrage à Gaillac. Les rumeurs de fachos et autres sont infondées. Une quarantaine de personnes sont parties en contre-manif.
> I :Il y a un témoignage d’une personne qui dit avoir tenté de soustraire le corps aux gendarmes, qui ont tiré celui-ci en sens inverse. Le corps n’a donc pas été « retrouvé » mais traîné hors de l’affrontement par les gendarmes.
Le dimanche soir il y avait une manif spontannée vers Gaillac, les gens se sont dispersés sur la base d’une rumeur fausse de libération des inculpés, avec une volonté délibérée de calmer le jeu coûte que coûte, quitte à lancer des fausses rumeurs pour inciter le mouvement à se disperser.
PARENTHESE EXPOSE ARMES
La déclaration de Cazeneuve amène à une suspension des « grenades TNT ».
2 types de grenades incriminées :
- DBD de desencerclement armée avec 18 plots caoutchouc qui sont éjectés avec beaucoup de force tout autour, sur un rayon de 30m.
- GLI F4 surnommée assourdissante, à diffusion lacrymogène suivie d’une explosion très sonore
La suspension des grenades TNT est une ineptie parce qu’on ne sait pas desquelles il s’agit précisément, parce que toutes les grenades
OBJECTIFS QUE L’ASSEMBLÉE SE FIXE
> I : Il faut évoquer la criminalisation des militants mais aussi la violence exercée contre les quartiers populaires avec laquelle il faut faire le lien.
> I : Depuis une trentaine d’années, une guerre sociale est faite aux pauvres et personnes non-blanches.
Aujourd’hui on utilise des techniques qui tuent (clés et armes). Si on reste sans réaction, on va continuer à le subir. Ce n’est pas parce que les gens sont violents qu’ils meurent mais parce qu’ils sont en opposition au pouvoir.
> I : (Amal Bentounsi) : La seule différence entre cette violence policière et celle des quartiers c’est la visibilité et la fréquence de cette violence, quotidienne dans les quartiers populaires.
Il y a beaucoup de solidarité pour Rémi, mais dans les quartiers populaires ce n’est pas le cas et ça se banalise. Dans nos affaires (Bentounsi et Farid), il y a une complicité de la justice et de l’État. Il faut qu’il y ait une réforme de fond, qu’il y ait une commission indépendante qui soit saisie sur les enquêtes de crimes policiers. Dans l’affaire Bentounsi, c’est une démonstration magistrale de renversement : la victime est criminalisée. Il ne faut pas laisser arriver la même chose pour Rémi.
> I : Il faut pointer des responsabilités : le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et demander sa démission.
Sur place il y a un responsable à viser : Carsenac, président du conseil général, qui pose des pb depuis des années.
> Les assos écolo sur place ont pris l’habitude sur place de passer au niveau du dessus de Carsenac parce qu’il est un interlocuteur hostile.
> I : Paroles de KDD, groupe de RAP citées en illustration de ce qu’il se passe.
France nature environnement a décidé de s’engager sur cette question. Lettre à Valls pour demande l’arrêt immédiat du projet et proposition de rassemblement dimanche soir.
> I : Il faut aller + loin que les simples revendications de désarmement et de démission des responsables, il faut une mobilisation plus large (à l’Europe par exemple, contre la manigance politico-financière).
> I : la lutte écolo et les GPII doivent être mis au centre des objectifs
> RD : C’est la lutte contre les violences policières qui doit primer. Il y a des collectifs mobilisés sur ces questions.
> RD : contestation de la qualification du projet « inutile ». On est contre ce type de projets parce qu’on est contre le système.
> I : rappel de Creys-Malville, c’est le projet de société qui est mortifère : il y a une fabrication de la pauvreté volontaire.
> RD : il faut dénoncer les politiques d’aujourd’hui et demander l’arrêt de tous ces projets de construction.
> I : Il faut agir et sortir des paroles : on doit faire la liaison avec les quartiers populaires.
> mais il faut bien l’organiser parce que ça ne se fait pas facilement
> I : Il y a un groupe à l’origine de l’Assemblée avec une proposition de manifestation déjà posée, ça signifie que des choses ont déjà été décidées en amont de cette assemblée.
> Ce genre de rassemblements (assemblée en l’occurrence) ne sont pas là pour être tous d’accord mais pour évoquer des pistes de construction. Si un collectif organisé est à l’origine de la mobilisation c’est normal, et il ne faut pas considérer qu’ils aient une prise sur l’AG, c’est juste qu’ils s’appuient sur leur organisation préalable pour créer la possibilité de ce rassemblement.
Il faut être offensif et les luttes réussissent quand les non-violents et les « violents » avec les « non-violents ».
> I : Il y a des réunions qui s’organisent entre différents milieux et avec différents mots d’ordre. Il faut construire absolument une convergence.
> Q : où des décisions vont-elles êtres prises ? Dans cette assemblée ou bien au coeur d’une organisation/structure qui prendrait le relais ? Pour des novices de la lutte qui arrivent là ce soir, il y a besoin de visibilité.
> I : les gens de la ZAD à Nantes fixent leur propre temporalité et on devrait faire pareil et organiser les manifestations selon nos possibilités et nos envies, et non pressurisés par la nécessité de répondre à l’actualité des autres mobilisations en France.
REVENDICATIONS
- Arrêt du projet pour un apaisement sur place
- Désarmement des gendarmes et suspension des unités sur place durant cette nuit-là
> Interdiction des armements dits non-létaux - Démission des responsables
> RD : les responsables ne sont que des fusibles, un autre prendra la place, ça ne sert à rien de les cibler. - Construire une mobilisation + large
> il faut dans un minimum d’un mois construire une manifestation nationale concertée
> il faut des actions décentralisées pour inciter les autres à s’investir ailleurs et les motiver
> RD : on a besoin de petites victoires, des manifestations qui sont de petits succès plus accessibles que les grandes mobilisations qui échouent où ne donnent à voir que l’image de la violence. - Il est important de se souvenir de la personne et qu’il s’agit d’une mobilisation écologiste contre les GPII.
> Multiplier les modes opératoires d’action : avoir un rassemblement symbolique (die-in pour montrer le refus de la violence). - Revendication d’une société autonome de production et de vie et construire un projet de société
- Il faut des manifestations au niveau national avec une demande d’arrêt des violences policières, dans le cadre de projets de construction comme NDDL.
- Il y a 15 jours une manif a eu lieu pour dénoncer la mort d’étudiants mexicains en opposition à un projet de construction.
- Il faut demander la fin de l’impunité policière et que les policiers fassent de la prison comme les autres citoyens.
> RD : le combat est un engagement sur la durée et c’est lui qui donne des résultats et il faut sortir de la division pour construire sur du long terme. - Blocage d’endroits stratégiques, ne pas se résumer à une initiative anti-capitaliste mais se concentrer en soutien à des endroits en lutte.
- On crève aujourd’hui du manque de rapport de force : aucun combat est inutile et il faut construire une convergence.
- Occuper une place tant que la démission d’un responsable n’est pas obtenue
- Demander la démission d’un ministre c’est une proposition qui ne peut pas être consensuelle, c’est dangereux de vouloir prendre ce genre de proposition comme point commun.
- Occuper des places ou des parcs pour faire le lien avec la nature et pour faire écho à Gezi Park et aux révolutions arabes.
RD : il y a un soucis de délimitation des parcs par des barrières qui nous enferment dans le parc en cas d’intervention policière.
SYNTHÈSE DES PRISES DE PAROLES SUR LES OBJECTIFS DE L’ASSEMBLÉE
4 grand thèmes se dégagent :
Rapport de Force à construire avec l’état.
- Dénoncer les responsabilités,
- L’État est responsable.
- Demander la démission du ministre de l’Intérieur.
- Demander la démission du président du Conseil Général.
- Attention : ce sont des fusibles !
- Demander une commission indépendante.
- Dénoncer les conflits d’intérêts, les lobbys…
Violences policières
- Exiger l’interdiction des armes policières.
- Dénoncer le PSIG de Gaillac (bavures, etc.)
- Faire et entretenir le lien avec les luttes dans les quartiers.
- Dénoncer les différences de traitement médiatique.
- Dénoncer l’opposition constante entre militants / groupuscules violents.
- Organiser un réseau anti-répression ou des forums anti-répression, partout.
Mobilisation
- Organiser une manifestation mercredi soir.
- Appel à manifestation Dimanche Après-midi
- Organisation d’un Die-in (symbolique forte, mais aussi immobilisme)
- Appuyer une convergence large et s’inscrire dans la durée.
Raisons de la lutte
- Rappeler ce pourquoi Rémi se battait.
- GPII : logique globale
- écologie
- Projet de société mortifère et productiviste
- Anti-capitalisme
- Ne pas opposer les luttes, chacun.e à ses raisons pour lutter.
Note du modérateur :
Nous avons donné 30mn de prise de parole sur les envies, les motivations ou les objectifs de tou.te.s quand à la mobilisation. Après quoi, j’ai tenté de faire une synthèse de ces prises de paroles.
L’intention était de pouvoir dès le début donner à voir les idées déjà proposée, afin d’en discuter plus précisément.
J’ai isolé 4 thèmes, qui me semblaient représenter les prises de paroles.
Avec le recul, je crois que cette facilitation, aurait pu permettre à 4 groupe de se former :
- Celleux qui souhaitent construire un rapport de force avec l’état en s’attaquant à ses institution.
- Celleux qui souhaitent amener la question des violences policières.
- Celleux qui souhaitent organiser une/des mobilisations/rassemblements/manifs.
- Celleux qui souhaitent discuter des raisons de la lutte du Testet.
Ces groupes aurait produit des propositions concrète à transmettre à l’AG.
EVÈNEMENTS
- Rassemblement ce mercredi 29 octobre à 19h sur le parvis de l’hôtel de Ville. P : rdv à 17h30 pour faire les banderoles à la Fontaine des Innocents. Apporter des casques. Expliquer, parler aux gens
- France Nature Environnement propose un rassemblement dans la soirée de dimanche, heure à déterminer
Rémi était spécialiste d’une fleur : la Redoncule qui sera amenée sur la manif dimanche.
> dimanche soir n’est pas le meilleur moment, il faut un moment large où les familles et gens puissent venir. - Semaine de la justice pour tous la semaine prochaine pour faire le lien avec les crimes policiers
- 13h30 mercredi 29/10, jugement des manifestants palestiniens
- Une réunion d’organisations (partis, assos, syndicats, etc.) a lieu demain soir à 18h pour aboutir à une position unitaire à la suite du décès de Rémi.
- Appel à une manif. dimanche à 15h
> Pas envie de faire le parcours Denfert-Hôtel de ville, mais plutôt aller dans les quartiers populaires amis, comme par exemple départ à Stalingrad.
* Manif mercredi soir sur la Place de Grève parce que c’était une place d’exécution autrefois et que c’est la place où dimanche la manif a été encerclée.
FORME D’ORGANISATION POUR LA SUITE
- Proposition de recréation d’une assemblée qui puisse porter un message à adresser au Testet ?
- Assemblées sur des places occupées
- Proposition d’organiser un forum anti-répression
- Proposition de manif. nationale dans un horizon d’un mois
- Poursuivre les assemblées sur le même modèle qu’aujourd’hui, à la Parole Errante
- Mettre en place une caisse de solidarité et du soutien matériel pour le Testet.
- Organiser un évènement à l’occasion de la manifestation de la police (qui réclament des moyens) le 13 novembre.
Pour s’inscrire sur la liste d’information : http://listes.testet.fr/wws/subscribe/assemblee-paris
Pour contacter l’assemblée par mail : assemblee-paris-editor@listes.testet.fr