Communiqué Street Médic journée du 10 mai 2016

Nous sommes plusieurs dizaines de manifestantEs (étudiantEs, salariéEs, intermittentEs, précaires, grévistes ou non, Nuit Deboutistes de l’infirmerie militante de la place de la République) à avoir décidé de venir équipéEs de matériel de premiers soins en manifestation afin d’aider TOUTES les personnes victimes de la répression policière.

Face à la répression qui touche tous les mouvements sociaux, et pour citer les plus récents : les mobilisations contre l’état d’urgence et la COP21, les luttes des migrantEs de Calais et d’ailleurs, les Zad de Notre-Dame-des Landes et du Testet (souvenons-nous de la mort de Rémi Fraisse sous les grenades des Gendarmes Mobiles), et bien sûr aujourd’hui la bataille contre la « Loi Travail » et son monde.

Face aux assignations à résidence, aux poursuites judiciaires, à la disparition progressive du droit de manifester.
Face aux yeux crevés par les tirs de Flash-ball, aux brûlures et contusions parfois très sérieuses des grenades lacrymogènes et de désencerclement, aux os brisés par les coups de Tonfa et face aux traumatismes psychologiques que la répression génère.
Nous sommes plusieurs dizaines de manifestantEs (étudiantEs, salariéEs, intermittentEs, précaires, grévistes ou non, Nuit Deboutistes de l’infirmerie militante de la place de la République) à avoir décidé de venir équipéEs de matériel de premiers soins en manifestation afin d’aider TOUTES les personnes victimes de la répression policière.

Bilan de la journée d’hier :
- Dans le camion emmenant les personnes arrêtées suite à l’action « Joue-la comme Mayotte » au commissariat de la Goutte d’or, une dizaine de personnes se sont fait tabasser par 4 policiers : - coups de pieds, coups de poing, coups de matraques, gifles. On recense à cette heure plusieurs hématomes et un œdème au doigt.
Le soir devant l’Assemblée nationale, plusieurs blessures dues à des tirs tendus de grenades :

  • Hématomes, plaies, trous, œdèmes sur les testicules, les chevilles, les fesses, les mollets, les pieds, les côtes.
  • Une entorse à la cheville suite à une chute due à une poussée de la police.
  • Une personne ayant reçu de multiples éclats de grenade dans le mollet droit a dû se faire opérer ce mercredi 11 mai.
  • Des policiers ont tenté délibérément de pousser quelqu’un par-dessus le quai, des manifestantEs les en ont empêché.
  • Plusieurs personnes ont sauté du quai mesurant environ 5 m de hauteur pour échapper aux gaz et à la nasse, certaines sont reparties en boitant sévèrement. Cela aurait évidemment pu être pire.
    Conséquences immédiates dues aux gaz : en plus des difficultés respiratoires et des pleurs, nous constatons que l’utilisation intempestive des gaz provoque beaucoup d’effets à moyen terme tel que des nausées, des difficultés respiratoires, des inflammations des voies respiratoires, des maux de têtes, des inflammations du larynx et des cordes vocales, des bronchites, de l’asthme etc.

Les effets à long terme du chlorobenzylidène malonitrile (Gaz CS) peuvent induire des maladies du foie et des reins ainsi que des troubles neurologiques comme l’épilepsie, la nécrose des tissus dans les voies respiratoires, la nécrose des tissus dans l’appareil digestif, des œdèmes pulmonaires (trou ou bulle d’air dans le ou les poumons), des hémorragies internes (hémorragies des glandes surrénales). Sur les bombes lacrymogènes ont peu lire qu’elles contiennent du dichlorométhane et que ce produit a un effet cancérigène suspecté.
On ne veut pas revendiquer une « bonne » façon de réprimer les manifestantEs. Nous rejetons l’idée d’un « maintien de l’ordre à visage humain ». Nous n’exigeons pas d’eux une manière légale d’utiliser leurs armes soit disant « non létales » car nous ne considérons pas qu’il existe un maintien de l’ordre plus juste ou plus tolérable.
Malgré tout, nous constatons que les grenades lacrymogènes, les grenades de désencerclement, le flashball ne sont ici pas utilisées de manière « non létale » et ne sont pas utilisées ici pour « désencercler » mais pour blesser et traumatiser.

Hier comme lors du 1 er mai, ils poussent les manifestantEs en les gazant de manière ininterrompus en visant de façon évidente le haut du corps avec leurs grenades ou leurs flashballs. Engendrant en plus des blesséEs dus aux éclats, aux impacts ou aux explosions, des mouvements de foule, beaucoup de panique, des accidents (chutes, écrasements, malaises). Tout ça afin de nasser la foule.
A cela, il faut ajouter toutEs les blesséEs dont nous n’avons pas pris connaissance. Ce bilan ne peut être qu’approximatif et ne reflète qu’une infime partie du nombre de blesséEs. Nous ne pouvons nous empêcher de voir dans une telle violence la volonté politique assumée d’intimider les manifestantEs de tous bords, de les effrayer, de les dissuader de descendre dans la rue, et ainsi de tuer toute velléité d’opposition à la loi travail et son monde.

Nous ne sommes ni sauveuses, ni sauveteurs. Juste des manifestant.es qui se préfèrent debout qu’à genoux ! La solidarité est notre arme.

Des Street Medics, le 11 mai 2016

Pour prendre contact ou apporter votre témoignage : street-medic@riseup.net

Mots-clefs : armes de la police
Localisation : Paris 7e

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