Notre Comité de soutien du Lycée Voltaire contre les violences policières et les arrestations arbitraires, constitué suite à l’interpellation et la mise en examen de Ryan, garçon de 15 ans, élève du lycée Voltaire (mis en examen et encourant 15 années d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende pour une peccadille), s’étonne du traitement judiciaire et policier des incidents survenus le jeudi 14 avril 2016 au matin aux portes de l’établissement bloqué par les élèves. Deux membres du personnel de direction y auraient été victimes d’agressions …
Pour autant, il n’y a eu depuis aucune communication de la direction de l’établissement ou du rectorat vers les parents, à part une annonce par le système de communications Pronote avertissant que le lycée serait fermé le jeudi 14 à partir de 15h25 et que les élèves des classes de seconde et de première ne rentreraient qu’à 10h15 le lendemain vendredi 15 avril,sans aucun commentaire.
Pour autant, tout le monde aurait voulu d’autres informations que les bulletins en continu de BFMTV et de TF1, sensationnalistes et inexacts. Qui avait été victime ? De quelle manière ? Quelles conséquences (jours d’ITT ou autres) ?
Côté élèves présents sur les lieux, il n’y aurait eu -à aucun moment- la volonté d’agresser qui que ce soit : de la bousculade et des jets d’œufs, mais aucune agression caractérisée selon eux.
C’est dans cette incertitude que nous avons appris avec stupeur que plusieurs élèves, depuis jeudi soir 14 avril, auraient été interpellés chez eux et gardés à vue de longues heures, -jusqu’à 48 heures !- sans que les enfants, ni les parents aient toujours été correctement informés de leurs droits.
Imaginons ces interpellations à domicile, en présence peut-être de frères et sœurs plus jeunes, des parents désemparés ou absents, et l’expérience traumatisante que constitue une garde à vue, déjà pour un adulte, et plus encore pour un mineur de 15 à 17 ans !
Nous condamnons l’instrumentalisation abusive de la garde à vue et de la mise en examen vis-à-vis de ces jeunes du mouvement étudiant contre la loi El Khomri.
Ces procédés nous indignent et nous inquiètent : bien loin d’apaiser les tensions, les brutalités policières, et la mise en examen de Ryan ont déjà contribué à radicaliser des élèves qui ne l’étaient pas il y a un mois : ils vivent ces réactions disproportionnées comme du mépris et de l’injustice : et maintenant ces gardes à vue ne sont certes pas de nature à restaurer la confiance et à permettre d’avancer vers un apaisement, ce qui devrait pourtant être au premier chef la préoccupation des adultes, autorités et éducateurs, en ce moment.
La « manière forte » », si telle est la philosophie qui sous-tend toutes ces mesures, a montré exactement à quoi elle mène : à obtenir le contraire de ce pour quoi elle prétend être utilisée : ramener le calme et l’ordre. Il est plus que temps de changer de procédés et de rétablir la confiance et le dialogue avec les jeunes.
À Paris, ce lundi 18 avril 2016.