Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme du Val-de-Marne :
Hier mercredi 7 novembre, la préfecture soutenue par la municipalité de Choisy-le-Roi a expulsé les familles présentes sur le bidonville.
Une partie d’entre elles avait quitté leur habitat dans la nuit : la police faisait pression depuis plusieurs jours. Ces familles sont donc aujourd’hui dans l’errance cherchant un nouvel endroit où se poser.
Le préfet avait obtenu du Tribunal Administratif de Melun une décision d’expulsion car il avait fait un recours le 2 novembre. Ceci pour mieux détourner la décision de justice rendue par le Tribunal de Grande Instance de Créteil qui donnait un délai de 6 mois aux familles leur permettant de bénéficier de la trêve hivernale. La mairie de Choisy le Roi par son avocate présente à l’audience avait appuyé cette expulsion.
Lors de l’expulsion de mercredi la Drihl était absente mais le représentant du préfet avait en mains une liste d’hôtels. Dès son arrivée, nous avons signalé qu’une famille avait un enfant scolarisé à Choisy-le-Roi et qu’il était essentiel que cette famille acceptant l’hôtel puisse avoir un hébergement à proximité, que les parents des enfants étant handicapés et à la charge des grands parents, il était impératif que cette famille ne soit pas séparée. Les deux familles (parents et grands parents) sont aujourd’hui dans l’Essonne dans deux communes différentes. Avec l’appui d’un directeur d’école présent nous avons protesté. Sans résultat.
Nous demandons aujourd’hui à la mairie de Choisy le Roi d’intervenir pour que la famille revienne sur la commune et que l’enfant en UPE2A retrouve sa place à l’école.
Par ailleurs, le directeur de cabinet du préfet présent nous a affirmé que les familles seraient mises à l’abri à l’hôtel jusqu’à la fin de la trêve hivernale, qu’à l’issue des trois jours le 115 prolongerait l’hébergement. Nous savons par plusieurs familles parlant parfaitement le français expulsées de Bonneuil le 25 octobre 2018, qui nous ont appelés, que le 115 ne renouvelait pas la mise à l’abri. C’est ainsi qu’une famille se retrouve à nouveau en errance alors que les enfants sont inscrits à l’école de Bonneuil, d’autres sont encore à la recherche d’un lieu où se poser.
Nous sommes obligés de constater à nouveau que la résorption des bidonvilles passe par l’expulsion des familles alors que l’instruction gouvernementale du 26 janvier 2018 préconise un travail en amont de tous les acteurs concernés. "Résorber cela signifie agir sur tous les bidonvilles en les encadrant et en travaillant le plus tôt possible à l’accompagnement des personnes vers la sortie dans le but d’une résorption complète des campements. Il s’agit de dépasser l’approche centrée sur les évacuations et d’inscrire l’intervention publique dans une dimension plus large, depuis l’implantation du campement jusqu’à sa disparition » Ni la commune de Choisy ni la préfecture n’ont dépassé cette approche de l’expulsion puisque depuis l’arrivée des familles ces deux autorités n’ont eu de cesse de les faire partir sans accompagnement.
Il est reproché aux familles de ne pas faire la preuve de leur intégration. Comment le pourraient-elles alors qu’elles sont constamment menacées d’expulsion et que l’inscription des enfants à l’école est un parcours du combattant, qu’il a fallu demander par voie de justice l’installation de l’eau et de toilettes sur le bidonville, que seules des associations sont intervenues auprès des familles pour les accompagner à la PMI, à l’école, au pôle emploi etc ?….
Tant que cette politique répressive d’expulsion ne cessera pas aucune intégration digne de ce nom ne sera possible. Nous serons donc toujours aux côtés des familles pour dénoncer le rejet, la discrimination qui entraîne la haine et le racisme anti-tsigane.