Depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, les caisses de grèves fleurissent un peu partout et se multiplient. Si on peut se féliciter de ces initiatives, démontrant le fort ancrage local de la grève et la solidarité effective avec les grévistes, les sommes récoltées à l’heure actuelle demeurent insuffisantes pour couvrir financièrement les pertes de toutes les personnes en grève reconductible depuis le 5 décembre, et qui comptent encore le rester jusqu’au retrait [1] !
Un seul syndicat possède une caisse de grève conséquente à l’échelle nationale, mais pas de bol il s’agit de... la CFDT. Elle s’élèverait à plus de 126 millions d’euros [2], soit la possibilité pour tout-te-s les adhérent-e-s du syndicat de se mettre en grève reconductible pendant 2 mois (ce qui bien sûr ne semble pas prêt d’arriver un jour). Pas la peine de toute façon de compter sur ce pactole... par contre, dans l’intersyndicale qui tient (pour le moment) des positions fermes sur la poursuite de la mobilisation, les ressources potentielles sont loin d’être ridicules ! Faisons rapidement le compte :
La CGT revendique environ 650 000 adhérent.e.s, FO 500 000, la FSU 165 000 et Solidaires 110 000 [3], soit environ 1,4 millions d’adhérent.e.s en tout. Si comme pour les appels à manifestation, il est bien évidemment impossible de faire participer l’ensemble des adhérent.e.s de ces organisations, ces dernières ont néanmoins les moyens de lever plusieurs millions d’euros. C’est l’action absolument urgente et prioritaire à mener ces prochains jours : nombre de grévistes ne pourront pas tenir financièrement au-delà de la perte d’un mois de salaire, la survie du mouvement au-delà de la période des fêtes en dépend ! Puisqu’elles attendent le 9 janvier pour une journée d’action nationale, les centrales devraient consacrer leurs efforts à une grande levée de fonds ! Que les centrales syndicales en appellent à tou-te-s leurs adhérent-e-s, et au-delà bien sûr à toutes les personnes qui soutiennent le mouvement, pour la solidarité financière avec les secteurs en grève reconductible.
En cette période de Noël, les différentes études montrent que les français-e-s dépensent en moyenne 550 euros dans les achats de fin d’année [4] : si seulement 1 syndicaliste sur 10 des organisations pré-citées donnait seulement 10% de son budget de Noël à une caisse de grève, cela représenterait déjà 7 à 8 millions d’euros récoltés ! L’intersyndicale doit d’urgence organiser un appel aux dons lors d’une grande journée nationale en soutien aux grévistes !
L’idée est lancée. Si une telle initiative n’est pas prise « d’en haut », il faudra l’organiser à la base. Cependant, mener efficacement une telle opération reste très difficile sur du long terme... Aujourd’hui, l’urgence de la situation et le niveau de coordination nationale doivent nous faire changer d’échelle. Il en va de la responsabilité des grands syndicats. Mais ce mouvement nous réserve encore sûrement des surprises !
C.B