Une fois, on était posés, la police est venue nous contrôler et a saisi nos sept chaises pliantes et quatre chichas [1] pour aucune raison, ils nous ont aussi mis des amendes pour tapage alors qu’il était 16h de l’après-midi
Quasi tous les soirs, la police vient nous contrôler en prétextant des tapages nocturnes ou diurnes alors que les habitations sont loin d’où on se retouve
On s’est déjà fait gazer par des policiers qui passaient devant nous en voiture.
La police s’amuse à nous provoquer, par exemple : ils nous disent que le quartier d’à côté est plus « chaud » que le notre
Au mieux, on est soumis à des contrôles de quelques dizaines de minutes et au pire on est embarqué.e.s au poste
Alors que tous.t.es les étudiant.e.s et jeunes actif.ves se retrouvent le soir pour siroter des pintes sous les parasols chauffants des terrasses des cafés – espaces privés et payants qui débordent allègrement sur les trottoirs des rues de Belleville, Ménilmontant, Jean-Pierre Timbaud ou encore Oberkampf... D’autres jeunes habitant.e.s du quartier, alors qu’ils font à peu près la même chose quelques rues plus loin, dans l’espace public, se font harceler quotidiennement par la police.
L’espace public des « quartiers populaires » – trottoirs, murets, abords de parcs – est le théâtre de contrôles permanents où décliner son identité, recevoir des amendes, se voir confisquer son matériel de confort ou de loisir est devenu la norme. Au-delà de la violence générée par la répétition de ces interventions, le harcèlement moral, physique ou financier des jeunes pose des questions : jusqu’à quand vont-ils continuer de rétrécir les espaces de déambulations, de loisirs, de convivialités des habitant.e.s de ces quartiers ?
Pourquoi « boire des coups » n’est-il pas toléré de la même façon à une terrasse que sur un muret ?
Quels droits vont-ils continuer de rayer arbitrairement après celui d’être au chaud, de s’asseoir, de discuter, de fumer, de taper un foot ?
Qu’il s’agisse de personnes sans domicile fixe auxquelles les collectivités, main dans la main avec les promoteurs et agences d’urbanisme, suppriment les espaces de repos, de personnes « migrantes » à qui l’État a pris l’habitude de confisquer tentes et duvets ; ou de jeunes habitant.e.s de « quartier populaire » à qui on ôte jusqu’au droit de s’asseoir la sentence est la même : certain.e.s ne peuvent ni s’approprier, ni déambuler, ni même s’attarder dans l’espace public sous peine d’y être réprimé.e.s, incarcéré.e.s, tué.e.s.
Le bar, le magasin, l’école, le lieu de travail et autres sont autant d’espaces exclusifs ou les discriminations règnent et dans lesquels pouvoir exister est souvent conditionné à l’adoption d’apparences et de comportements « typés », normatifs...
Quels espaces, alors, reste-t-il pour se rencontrer, parler, s’organiser ?