Avis au peuple

Ce que nous voulons, ce n’est pas l’abrogation de la réforme des retraites, ni la promulgation de la retraite à 60 ans, ni même une vie de labeur raccourcie ; non ! Ce que nous voulons, ce n’’est plus de travail du tout ! Ce que nous voulons, c’est le Capitalisme dépassé !

En ce jeudi 16 mars 2023, l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, accordé en urgence en Conseil des Ministres quelques minutes avant le vote de l’Assemblée sur le projet de réforme des retraites, marque un tournant dans la vie politique française : la fin du long règne du fétiche qu’est la Démocratie. Qu’est-ce la Démocratie quand, à coups de clownesques artifices réglementaires et carnavalesques « appels au dialogue social », la « représentation nationale » est muselée, les syndicats traînés dans la fange surie de mépris ; qu’est-ce donc que cette Démocratie, sinon la forme abstraite aux allures de fausseté revêtue par le tailleur même : le rapport-capital démasqué.

Ne vous méprenez pas : ne se présente ici ni perte ni dévoiement ; il n’y a là que l’idée, et sa déterminité toute formelle, de Démocratie qui vole en éclats. Nous ne perdons rien ! ; Alors gagnons tout ! En ce moment de crise, sociale, économique et politique, mais aussi, et de manière centrale, écologique, le thaumatrope s’est subitement arrêté de tourner : l’oiseau n’est plus dans la cage — l’a-t-il jamais été ?

En ce moment hallucinatoire, ce décalage à la réalité, engendré par ses excès, le possible impossible se présente rétréci et déformé comme au travers d’un judas. C’est en ces moments que l’histoire se remet sur ses pieds.

La réforme, ainsi que le rapport social qui la sous-tend, ne sera abrogée que lorsque, des pénétrants mots de Mr. Macron lui-même, Paris prendra feu. « À feu et à sang ! » aurait-il lancé au détour d’un couloir du Palais — ricanant probablement, sans savoir que l’avenir comblerait sa saillie.

Les « masques de caractère », « syndicaliste responsable », « parlementaire républicain » — démocrate-révolutionnaire ? — ou « étudiant gauchiste modéré » etc., doivent joncher le pavé que nous foulerons à nous en casser les vertèbres. Il y a de ces instants dans lesquels compromis et compromission empruntent à la même racine.

Et les centrales syndicales craignent les « jacqueries », et les partis politiques les « révoltes ». La vision déformée que prend la réalité leur sied bien mal ; ils en éructent à ânonner toujours les mêmes sermons. Ce qu’ils craignent nous le préfigurons, ce qu’ils vomissent nous l’appelons. Le raifort qui leur fait monter la soupe au cerveau c’est le peuple en émoi. Ils en viendraient à tirer juste, à toucher de la pointe de leur nez creux le mouvement réel. Jacqueries ! Révoltes ! Et rassemblements spontanés ! Oui ! le mouvement est là. Le mot aussi : Révolution !

Hic Rhodus ! Hic Salta !

En ce moment, l’instabilité transpire par tous les pores. Camarades, ne laissons point l’heure se dérober à nous, demain une décennie encore devra passer. Dessous tout notre poids doit choir ce monde, de tout notre poids employons-nous à cela.

À nous tous : le 23 mars 2023, faisons bloc dans la rue à Paris ; faisons bloc d’histoire. Et poursuivons ! parachevons ! dans la gibecière des dates à engraver farcissons les 25 et 26 mars. De Paris déboulons en Poitou ! Faisons de ces champs, que l’eau plus jamais ne pourra toucher à force de consomption irréfrénable de la nature, le terrain duquel les semis du tout-autre demain germeront. Ce rapport social vampirisant les corps et brûlant les terres, cet autotélique fétiche fétichisant, nous n’en voulons plus ! nous n’en avons jamais voulu !

Et avant ?! Avant, dans la rue ! Avant, aux piquets ! Avant, aux blocages ! Avant, dans les facs ! Et avant, à l’Assemblée ?! Que lundi la fête soit folle à en former les plus rocambolesques contes de tripots. Lundi, avant Tout, « Paris est une fête ! »

Et Paris brûlera
Et Sainte-Soline brûlera

Sur les décombres seuls de ces putrides formes de vie pourront se couler les fondations d’une réalité nouvelle.

Car ce que nous voulons, ce n’est pas l’abrogation de la réforme des retraites, ni la promulgation de la retraite à 60 ans, ni même une vie de labeur raccourcie ; Non ! ce que nous voulons, ce n’est plus de travail du tout ! Ce que nous voulons, c’est le Capitalisme dépassé !

perro

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