Avec ou sans-papiers, on s’est invitéEs à la « fête » de la mairie

Juste trois jours après l’expulsion du lycée abandonné Jean Jaures, occupé par 300 migrants dans le centre ville de Paris, la maire de la Ville, Anne Hidalgo (PS), a lancé, à l’heure de la “Fête de l’Europe”, un débat intitulé "Europe - réfugiés : un test de solidarité ?". Une hypocrisie qui ne pouvait pas se dérouler sous silence. Nous sommes donc plus de 300 (migrant-E-s, personnes solidaires, collectifs de sans papiers et participant-e-s à Nuit Debout) à nous être invitéEs à l’événement.

Le parvis de l’Hotel de Ville a été envahi avec détermination, le dispositif policier contourné avec agilité. Nous avons rejoint le forum où le débat devait avoir lieu et à ce moment ce sont les migrants qui ont pris la parole. Une prise de parole importante parce que ce sont les migrants, les premiers concernés des “politiques migratoires”, qui sont souvent condamnés à l’invisibilité par des dispositifs paternalistes comme celui de l’ “accueil humanitaire”. Ce n’est pas par hasard qu’aucun sujet non-européen n’ait été invité au débat officiel. Pourtant, les personnes qui arrivent en France ne sont pas des sujets passifs en recherche d’aide, mais des individus libres qui ont décidé d’exercer leur liberté en bougeant et parmi les principales raisons qui expliquent leur migration il y a les politique de guerre et de domination économique et militaire portées par les pays occidentaux en Syrie, en Afghanistan, en Irak et en Afrique.

Nous n’avons pas besoin d’une “politique des aides”, d’être envoyés dans les Centres d’Accueil loin des villes, mais de solutions politiques : il faut arrêter avec les expulsions, avec les OQTF, avec la militarisation des frontières, et avec le dernier accord entre l’UE et la Turquie. Un accord terrible qui légalise de fait les déportations de la “civile” Europe.

L’action a eu lieu pendant le weekend “Global Debout”, un événement lancé par un appel international de Nuit Debout qui invitait les gens de tous les pays à rejoindre Place de la République. De la place beaucoup d’européens, français et non-français, sont partis pour participer à l’action et ont crié leur NON à un modèle d’Europe fondé sur les frontières le racisme et l’exploitation. Un modèle dans lequel les forces de l’ordre sont l’outil constant pour supprimer toute expression et action politique et plus largement toute liberté autre que celle d’exploiter et de consommer.

Pour représenter "l’union européenne des frontières”, au débat de l’hôtel de ville il y avait Cecile Kyenge, ex-ministre italienne de l’ “intégration” et actuellement parlementaire européenne pour le Parti Démocratique italien (dans le groupe du Parti Socialiste Européen). Madame Kyenge faisait partie du gouvernement italien au moment de l’intervention en Lybie, un gouvernement co-responsable des politiques de guerre qui sont communes aux partis socialistes de tout le continent.

video : un camarade italien explique à madame Kyenge ses responsabilités

Après une heure sur le parvis de l’hotel de ville, nous avons décidé de partir de la fête de l’Europe : une manif sauvage transnationale a parcouru les rue de Paris pour revenir à Place de la République. Encore une fois les luttes des migrants ont cassé le climat répressif de l’état d’urgence avec une action de lutte, pour revendiquer plus de droits et la liberté de circulation. Contre l’hypocrisie du pouvoir, nous continuerons à lutter et bouger librement.

No Borders !

Mots-clefs : manifestation | migrants
Localisation : Paris

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