Jeudi, nous sommes deux à quitter notre appartement dans le haut de Belleville pour rejoindre la manifestation à Denfert-Rochereau.
Quelques mètres après la sortie de l’immeuble, des flics en civil (au moins sept officiers de police judiciaire) sortent leur carte de police et nous arrêtent pour un contrôle d’identité. On proteste, et exigeons de connaître le motif : « Réquisition du Procureur ».
On finira par lire le document qui leur autorise entre midi et 20 heures, le contrôle, la fouille des sacs et voitures dans une vingtaine de quartiers de Paris. Au moment de sortir le document, on aperçoit dans le même dossier un papier avec un trombinoscope. Évidemment, l’arrestation est ciblée, le contrôle d’identité est un prétexte, puisqu’ils savent très bien qui nous sommes. Ils fouillent nos sacs où ils trouvent tout l’attirail du manifestant (lunettes de plongée, masque, sérum, pulvérisateur au maalox, foulards, gants, citron), ainsi que quelques œufs de peinture. Ils prétextent que l’absence de carte officielle les empêche d’établir avec certitude notre identité. On est embarqué au commissariat de Louis-Blanc malheureusement toujours en service malgré l’attaque qu’il a subi après les violences policières au lycée Bergson...
On est fouillé plus méthodiquement. Les œufs sont testés (pas sur la destination qui leur était réservée) et reniflés par les mêmes chiens qui nous ont arrêtés. De même pour le maalox. Le tout est pris en photo sous toutes ses coutures. Ils ne cherchent pas trop à nous interroger puisque nous ne répondons pas. A défaut de pouvoir nous inculper pour quoi que ce soit, ils veulent juste nous priver de manifestation, et nous garder les quatre heures complètes du contrôle que permet la loi. Juste avant de nous relâcher, dernière vengeance : ils vident méticuleusement un sachet de farine dans nos affaires. Nous repartons avec notre kit complet moins les œufs, mais la manif est déjà finie.
Depuis le début du mouvement, la répression est féroce, qu’elle se fasse directement à coups de matraque (des flics ou du SO), de flashball, de gaz, et de peines de prison ; ou plus insidieusement en empêchant toutes les tentatives de s’organiser (tenir une AG, occuper des lieux, bloquer, et maintenant aller en manif).
A priori, d’autres personnes ont été arrêtés préventivement jeudi. Il serait intéressant d’en connaître le nombre, et de s’organiser en conséquence la prochaine fois.
On va pas se laisser intimider, on reste déterminé !