Nous avons décidé, au vu du jugement du 14 décembre dernier, faire appel de la condamnation de Bagui Traoré et des dommages et intérêts qu’il doit payer avec son frère Yssoufou Traoré. L’appel aura lieu le mardi 25 avril 2017, au tribunal de Versailles.
Pour rappel des faits :
Le 17 novembre se tenait le conseil municipal de la ville de Beaumont-sur-Oise. La Maire, Nathalie Groux avait l’intention de porter plainte contre Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré, pour diffamation suite à ses propos tenus dans l’émission du “Gros Journal” du 28 septembre 2016. Mme Nathalie Groux voulait alors inscrire à l’ordre du jour la prise en charge de ses frais judiciaires ainsi que de sa protection personnelle. Comme il est du droit des habitants de la ville, les habitants de Boyenval et la famille Traoré voulaient alors assister à ce conseil. Ils ont été accueillis à l’entrée de la mairie par une cinquantaine de policiers municipaux et de gendarmes. L’entrée leur a été bloquée et leurs droits bafoués. Les habitants, qui étaient venus jouir pacifiquement de leurs droits, se sont fait malmenés, et certains même frappés à coup de matraque. Le conseil a été annulé et ajourné au 22 novembre. Le soir même, le quartier de Boyenval a subi une expédition punitive, des gendarmes sont venus nombreux frapper et gazer les habitants restés en bas de leur immeuble. Cette expédition, inutile dans le quartier, n’était que les représailles de la gendarmerie contre les habitants venus assister au conseil.
À l’issu de cette soirée, Bagui et Yssoufou Traoré ont été accusés de “violence”, “outrage” et “menaces de mort” sur agents de la police municipale. Ils furent arrêtés le matin du second conseil de la ville, soit 5 jour après les faits. Ils ont étés placés en mandat de dépôt jusqu’à être jugés le 14 décembre 2016 au tribunal de Pontoise. Rappelons que l’instruction relative à la mort d’Adama a été dépaysée de ce tribunal en raison des mensonges que cette institution a fabriqué dès le lendemain de la mort d’Adama. Le procès du 14 décembre a révélé les mensonges des policiers et la faiblesse des témoignages des gendarmes. Leur passage à la barre ont fait état du manque de rigueur et d’honnêteté, au reflet de la procédure elle-même. Aucun des plaignants n’a été capable d’apporter la moindre preuve indiscutable. Ainsi, nous avons confirmé que l’usage de gaz s’est fait dans la panique, ne respectant pas les sommations obligatoires. La policière qui affirmait avoir reçu un coup de poing a avoué de ne pas savoir de qui et a n’avoir accusé Bagui que sur les conseils de son collègue, lui-même resté à l’écart de la foule lors des faits. Il aurait aussi modifié sa déposition quelques jours après les faits. Cette policière affirme par ailleurs avoir fait usage de la force pour protéger un de ses collègues qui ne subissait pourtant aucune violence. Le comble a été le témoignage d’un policier qui avait porté plainte contre X pour violences, on apprendra pendant le procès qui s’est fait mordre par son propre chien.
Il y a là une incompétence déplorable des forces de l’ordre ayant accusé les frères Traoré de violences. Incapables de certifier le bien-fondé de leur témoignage, ces derniers ont été comme l’a dit notre avocat « évolutifs ».
Pourtant, après un procès de 11 heures, nos frères, fils et amis Youssouf et Bagui Traoré ont été déclarés coupables des faits qui leur été reprochés, alors qu’aucune preuve intangible n’a pu être apportée et malgré les aveux de faux témoignages des parties plaignantes. Youssouf a été condamné à 3 mois de prison aménageables. Bagui est depuis condamné à 8 mois d’emprisonnement avec maintien en détention et deux ans d’interdiction à Beaumont-sur-Oise. Ils doivent également dédommager les policiers, au total de 7 400 euros. Il s’agit là de peines lourdes, disproportionnées, visant à la simple destruction de notre cellule familiale.
Depuis, de lourdes charges ont été ajoutées sur Bagui Traoré. Il est actuellement mis en examen pour “tentative d’assassinat sur agent dépositaire de l’autorité publique”. Il entame depuis la fin du mois de février une grève de la faim pour contester ses conditions de détention. Nous ne pouvons voir là qu’un acharnement bien utile à la criminalisation de notre famille et à la destruction de notre cellule familiale. Ces accusations d’une extrême gravité servent essentiellement à nous noyer sous les procédures, à ralentir notre combat et à nous affaiblir. Bagui est le témoin clé dans l’affaire de la mort de son frère Adama. Pour les institutions judiciaires et la gendarmerie, qui ont par le passé tout entrepris pour occulter les causes de la mort, il est nécessaire de décrédibiliser le témoignage de notre frère, et surtout le détruire psychologiquement tout en détruisant notre famille.
Le mois d’avril sera pour nous un moment important dans la mobilisation pour Adama et Bagui. On ne peut ne dissocier ces deux affaires. Nous avons donc besoin de tous les soutiens et de toutes les forces. Nous exigeons la libération de Bagui Traoré, et plus que jamais la mise en examen des gendarmes responsables de la mort d’Adama Traoré.
Bagui, Yssoufou,Yacouba, 8 mois, 3 morts.
Pas de Justice pas de Paix