Ceci est un cri de révolte d’une enseignante, face au mépris généralisé des privilégiés et des dominants :
En ces temps de répression et de terreur orchestrées par le pouvoir d’un État composé de manipulateurs, la population éducative tente un sursaut d’insoumission, et de révolte, d’indiscipline, s’organisant comme elle le peut, avec les moyens dont elle dispose, jonglant entre les injonctions et les menaces, esquivant les appels à l’exemplarité outranciers assénés par de petits chefs soucieux de préserver leur place et leurs privilèges, leur carrière, leur pouvoir, leur autorité.
Sinon pour quelle raison ?
Leur pouvoir de dissuasion est tel que les travailleurs craignent pour leur statut, leur travail, leur poste, leur vie.
Les libertés n’ont jamais été assurées que dans un cadre défini par le pouvoir. Toute insoumission est réprimée, toutes révoltes et critiques institutionnelles sortant du politiquement acceptable est réprimée et tue.
Baissons la tête, tendons nos doigts et attendons que l’État nous flagelle, car nous avons osé compromettre ses ambitions ultralibérales, capitalistes et autoritaires, car nous avons osé critiquer et mettre à mal sa ligne directrice qu’il a tenté de passer en douce, nous méprisant et nous considérant comme des moins que rien, incapables de se révolter et de s’affirmer et de faire front. Nous sortant un discours prédigéré pour faire accepter cette privatisation cachée des services publics. L’État a toujours essayé de nous endormir pour préserver ses privilèges et favoriser l’entre soi et les élites, faisant payer aux plus précaires les causes de leur échec, les dédaignant et les culpabilisant. La tournure a pris et l’État s’en félicite, derrière notre dos, se frottant les mains, se gavant de l’impunité qu’il récolte.
Je suis en colère face à ce mépris généralisé !
J’ai la gerbe.
Nous devons saboter ses ambitions et organiser sa destruction. Je ne peux plus supporter tant d’inégalités, de mépris et de haine. Tant d’autorité, de discipline à en crever, et d’obéissance illégitime et permanente.
Je ne veux pas travailler, je veux vivre. Je ne veux pas que mes élèves viennent travailler, je veux qu’ils viennent vivre dans l’école.
Nous sommes en lutte dans l’éducation depuis des mois à tenter de grappiller des miettes, à quémander des petits bouts de justice sociale, d’égalité et de reconnaissance. Nous essayons à bout de bras de faire savoir notre indignation, de proclamer que les services publics sont à l’abandon. Mais ne nous leurrons pas, la logique des gouvernements n’est pas de nous inclure dans les discussions, ni de partager, mais de maintenir l’ordre social dans lequel il se sent à l’abri, drapé dans ses acquis, de ses écoles de l’entre-soi. Rien n’est prédestiné à changer ni par la blague électorale ni pas la négociation. C’est un enfumage pour faire taire les révoltes, une blague démocratique. Ce sont des limites qu’ils nous imposent et nous font croire que nous sommes libres de décider et que nous avons le choix. Ils nous endorment comme à chaque fois nous faisant croire qu’ils nous comprennent tout en nous méprisant.
Nous devons libérer l’école de toute oppression étatique, de toute autorité hiérarchique, de tout casernement, de toute violence institutionnelle, et de tout pouvoir. Nous ne sommes pas des illuminés à vouloir une école libre et émancipée, débarrassée du fardeau bureaucratique et autoritaire. À vouloir une autre école, celle de la vie et non celle de l’exploitation !
Je suis en colère face à ce mépris généralisé !
J’ai la gerbe.
Hirondelle A