À l’abordage des élections présidentielles : pour une autonomie politique !

Plus que jamais, alors que l’État s’attache à expulser le moindre espace qui lui résiste, nous voulons nous retrouver pour discuter, agir et construire des contre-espaces. Rendez-vous le samedi 19 novembre, à partir de 12H30, sur le Belvedere du parc de Belleville, pour une troisième édition du banquet « A l’abordage ! »

Le mouvement contre la loi travail et son monde a confirmé la naissance d’une nouvelle force politique autonome. Cependant, depuis l’épuisement de la mobilisation de printemps et l’acceptation honteuse de la défaite par les bureaucraties syndicales, cette force est durement mise à l’épreuve.

« perturbation des meetings et des primaires, sabotage de la propagande, subversion des campagnes idéologiques, blocages logistiques, agitation sur le thème « ne votez plus, organisez-vous ! », attaques locales contre les permanences PS, LR, FN, créations d’assemblées populaires afin de discuter de la manière dont une politique est possible qui ne soit pas arrimée au fétiche du pouvoir »

La puissance du cortège de tête doit aujourd’hui trouver une nouvelle cible sauf à glisser lentement vers l’inconsistance et l’invisibilité. Cette nouvelle cible, tout le monde ou presque en a l’intuition, ne peut être que la prochaine élection présidentielle, qui s’annonce déjà comme un sommet d’obscénité. Comme l’avait noté avec une grande lucidité le Service Central du Renseignement Territorial (SCRT), "la controverse suscitée par la loi sur le travail dérive vers une crise idéologique et un rejet du système dans son ensemble" : or, quoi de plus représentatif de ce système agonisant que l’élection présidentielle, outil suprême de légitimation idéologique.

Dire « il n’y aura pas d’élection présidentielle », et en assumer les conséquences, c’est prendre acte du fait que la distance par rapport à l’État est la condition d’une politique contemporaine d’émancipation : les trahisons récentes de Syriza et de Podemos ont confirmé que l’électoralisme substitue aux élans d’auto-organisation, aux enthousiasmes émeutiers, les coups tactiques, les manipulations et les jeux de pouvoir. Le vote est d’autant plus un mécanisme de dépossession qu’il est massivement présenté comme le geste essentiel de la citoyenneté démocratique moderne. Or, une part de plus en plus grande de la population perçoit bien que le choix électoral n’en est pas un, qu’il ne délivre aucun changement fondamental. A cette défiance généralisée, il manque encore l’audace d’une affirmation collective.

L’Université d’été du PS aurait du marquer le début d’une offensive à grande échelle : ses dirigeants ont préféré l’annuler plutôt que de risquer une humiliation. Et même si la présidentielle représente un objectif bien plus audacieux, nous connaissons désormais la marche à suivre : former partout, dans toutes les villes de France, des comités locaux rassemblant les différentes composantes qui ont fait la vitalité insurrectionnelle du mouvement et se lancer patiemment, méthodiquement à l’assaut de la machine hypnotique. Une multitude d’occasions s’offrent à nous dans les prochaines semaines : perturbation des meetings et des primaires, sabotage de la propagande, subversion des campagnes idéologiques, blocages logistiques, agitation sur le thème « ne votez plus, organisez-vous ! », attaques locales contre les permanences PS, LR, FN, créations d’assemblées populaires afin de discuter de la manière dont une politique est possible qui ne soit pas arrimée au fétiche du pouvoir. Non pas se réduire au travail de l’antagonisme envers l’État mais plutôt édifier une politique à partir de processus qui se constituent dans leur propre dynamique : par tous les moyens et sous toutes les formes possibles, il faut faire croître les espaces libérés dans nos quartiers, nos lieux de travail et d’enseignement, en vue de faire communauté, rendre possible l’autonomie comme déploiement d’instances locales de décision et d’organisation collective.

Développons notre processus d’organisation positivement - et non simplement par la négation de l’ennemi, le dérèglement de son programme. Car vouloir saboter l’élection présidentielle, vouloir saboter la démocratie (du moins celle que nous connaissons : la démocratie du capital), cela revient immédiatement à chercher ensemble les moyens concrets de vivre sous le signe de son dépérissement.

Alors préparons dès maintenant l’année qui vient, que 2017 soit le cauchemar de ceux qui nous gouvernent et l’affirmation irrépressible de notre force : à l’abordage !

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