17 décembre : cortège de tête à l’assaut de la métropole

Depuis le 5 décembre, un puissant mouvement de lutte contre la réforme des retraites secoue notre pays : la grève est fortement suivie en particulier dans les bastions de la SNCF et de la RATP, les manifestations sont massives et rassemblent des centaines de milliers de personnes à travers la France.

Mais l’honnêteté impose d’admettre que le déroulement des dernières manifestations parisiennes, en particulier celle du 10 décembre, pose question. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas observé un cortège aussi apathique, pacifié, sans initiative. Comme résigné à l’idée de se laisser accompagner jusqu’au point d’arrivée par des lignes compactes de forces de l’ordre sur les deux côtés.

La constitution de blocs festifs a permis de produire une atmosphère animée et rejoignable, avec musique, chants, danses et slogans. Aussi bien que de fluidifier la conduite du cortège en évitant les périodes de trop longue stagnation. Mais cet acquis tactique n’a de sens que s’il s’articule à d’autres pratiques et d’autres types d’intervention.

Nous ne pouvons nous résoudre à ce qu’un mouvement aussi puissant (et potentiellement victorieux) exprime des niveaux d’antagonisme et de conflictualité aussi bas. Compter sur la « spontanéité des masses » c’est une manière hypocrite de se résoudre à l’inaction. Il est impératif que les différentes réalités en prise avec la situation se retrouvent et s’organisent collectivement sur des objectifs partagés.

Suite au discours d’Édouard Philippe, le front de la grève s’est élargi, avec la constitution d’une unité syndicale de fait, jamais vue depuis 2010. Il ne fait nul doute que la manif nationale de mardi prochain sera une date décisive pour le destin du mouvement. Que le cortège de tête y affirme une ligne de conduite commune est donc d’autant plus nécessaire.

Les Gilets jaunes ont montré que le pouvoir ne se sent réellement menacé qu’en face de luttes qui débordent des cadres établis. Il est donc urgent de sortir des formes balisées de la contestation pour faire surgir la conflictualité tant lors des manifestations de rue que lors des actions de blocage. Et à d’autres moments, en d’autres lieux, par des formes encore à inventer. Refuser l’initiative c’est se condamner à la défaite.

Pour assumer la démonstration de force dont nous avons besoin, il serait utile de converger à Paris pour la probable dernière manifestation d’envergure avant les vacances de Noël.

Retrouvons-nous tous les jours sur les différents points de blocage et mardi prochain place de la République, à 14h, en tête de la manifestation parisienne !

Note

Article initialement publié sur Acta

Localisation : Paris

À lire également...