5 raisons de ne pas attendre la prochaine grosse manifestation

Traduction d’un article d’Anathema, publication anarchiste de Philadelphie USA, paru en novembre 2017.

Les initiatives autonomes sont vitales pour l’anarchie.

Sans des individus qui rêvent, intriguent et transforment leurs pensées en actions, rien ne se passe. Les organisateurs de manifestations n’ont rien de spécial ; ils imaginent une situation qu’ils veulent voir advenir et ils demandent aux autres de les aider à y parvenir. Ce constat est vrai pour toute initiative anarchiste impliquant plus d’une personne. Jardins, sabotages, collectes de fonds, occupations, groupes affinitaires : elles résultent toutes de personnes décidant de créer leur propre réalité. Le processus continu consistant à penser et à agir sans qu’on nous dise quoi faire est ce qui rend l’anarchie possible. Certaines personnes appellent cela l’autonomie, et sans elle l’anarchie est impossible.

L’attente des manifestations reporte la responsabilité d’agir sur les autres.

En tant qu’anarchistes, nous rejetons l’idée que les autres sont responsables de faire de nos vies ce que nous voudrions qu’elles soient. Nous n’avons pas envie de faire confiance à des dirigeants pour satisfaire nos besoins et nos désirs. Nous devons agir en fonction de ce que nous voulons nous-mêmes. Lorsque nous attendons des manifestations au lieu de faire ce que nous voulons, nous confions la satisfaction de nos besoins aux organisateurs, aux flics, aux autres militants ou à quiconque planifie le prochain grand événement. Si nous voulons pratiquer l’autodétermination, nous ne pouvons pas suivre le courant en attendant la prochaine manifestation.

L’attente des manifestations centralise notre puissance.

Il y a un nombre infini de façons dont nous pouvons être puissants ; la lutte est protéiforme. Nous pouvons construire notre autonomie matérielle et nous soutenir les uns les autres, nous pouvons affiner nos analyses pour mieux comprendre et combattre toute autorité, nous pouvons gagner en confiance et apprendre de nouvelles compétences, nous pouvons attaquer ce qui nous tient éloigné de la liberté. Lorsque nous abandonnons nos projets en anticipant la prochaine manifestation, nous limitons notre puissance à une seule forme.

Attendre les manifestations implique d’agir uniquement avec la police et les sociaux-démocrates.

Toutes les grandes manifestations garantissent la présence de deux acteurs : la police et les sociaux-démocrates. La police est payée pour garantir la paix sociale, et les sociaux-démocrates sont plus que disposés à essayer de la maintenir gratuitement. Ces personnes ne sont pas des compagnons idéaux pour des rebelles créatifs. Il est certain que des choses peuvent encore se passer s’ils sont là, mais généralement beaucoup moins - alors pourquoi essayer de faire avec eux ce que nous pourrions faire sans eux un autre jour ? Ce n’est pas un appel à abandonner complètement les marches et les rassemblements, mais plutôt à faire des choses à l’extérieur et à côté d’eux quand cela a plus de sens.

Attendre la prochaine manifestation, c’est attendre.

On ne répétera jamais assez que « le secret c’est de commencer vraiment ». Quand nous remettons à plus tard les actions que nous savons nécessaires pour créer les vies que nous voulons, libre de toute domination, nous contribuons à l’inertie et à l’inaction que nous combattons par ailleurs. L’anarchie n’est pas seulement un horizon lointain que nous atteindrons après la révolution, c’est aussi chaque instant de liberté vécu ici et maintenant.

Note

Article tiré du magazine Anathema (vol.3, n°9) : https://anathema.noblogs.org/

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