Dans une lettre daté du 14 janvier 2015, quelques jours après la minute de silence organisé par la direction dans le hall, un salarié a reçu une lettre lui rappelant que la liberté d’expression n’était pas pour tout le monde.
Les accusations sont des plus farfelues :
On notera quand même un « les chefs ne devraient plus exister en 2014 » plutôt bien envoyé. Qui n’a jamais rêvé de balancer cette petite phrase à son supérieur hierarchique ?
Mais ce qui semble avoir le plus choqué c’est tout de même ça :
Qui n’a pas pensé à ça le jour de la mort de Christophe de Margerie (mort au combat, victime d’un accident de pelleteuse) ?
Après tout le directeur de Total avait tout de même du sang sur les mains (jusqu’aux coudes même), que ça soit du fait des multiples marées noires qui ont touché le monde ou bien du soutien à la junte birmane...
« C’est le plus beau jour de ma vie, un patron qui se crache la gueule en avion ça fait plaisir »
Quoi qu’il en soit le syndicat Sud Renault, dont le salarié est membre, a tout de suite réagi en sortant coup sur coup deux tracts assez bien sentis.
Dans l’un de ceux-là, les syndicalistes appuient sur l’aspect complétement délirant des poursuite :
Alors, faut-il réécrire le règlement intérieur pour édifier la poignée de main en pratique quotidienne ?
Ça va être compliqué pour quelques-uns !
- Ceux qui, au nom de leur religion, refusent de serrer la main de leurs collègues féminines !
- Ceux qui, sous prétexte de gastro ou d’un autre motif sanitaire, préfèrent les saluts lointains !
- Ceux qui, chefs ou pas chefs, évitent bien soigneusement de faire le tour des bureaux le matin !
Seules gagnantes : ces femmes qui subissent malgré elles un léchage de joue non réclamé !Dans le ridicule, profitons de la nouvelle réorganisation pour aller encore plus loin :
- Tous les matins, 10mn de gym obligatoire sous la houlette de Tony Parker !
- A 9h, lever du drapeau RENAULT et courbette devant le portrait géant de notre PDG !
Et lorsque le serrage de mains sera démodé, inclinaison du torse dans un angle vers le bas proportionnel au niveau hiérarchique de la personne saluée !
Façon NISSAN…
Dans la deuxième partie du tract, les choses deviennent plus sérieuse et la section locale de sud nous rappelle le quotidien des travailleur de Renault, le quotidien de tous les exploités : la souffrance au travail.
Qu’est-ce qui est le plus caricatural : un hiérarchique zélé qui monte en épingle une situation décalée ou la volonté d’une direction qui refuse de jouer la carte de l’intelligence et de l’apaisement ?
Cette escalade paraît bien médiocre au regard de l’appel à la minute de silence que cette même direction d’établissement avait proposé dans une compassion inhabituelle le 8 janvier pour les victimes de Charlie Hebdo, pour la liberté de la presse et la liberté d’expression.
Nous sommes sur un site où les licenciements se sont multipliés par 2 entre 2012 et 2013. Les sanctions pleuvent tandis que les démissions culminent avec 400 départs sur les 3 dernières années…
Les suicides se perpétuent au point que l’inspection du travail dénonce de graves discriminations auprès du procureur de la République de Versailles. Au lieu de renforcer son ingénierie, la direction joue avec l’explosion sociale et pousse son personnel dehors, la désorganisation sur les futurs projets devient très préoccupante.
Concernant notre élu, le véritable élément à charge, ne serait-il pas qu’il soit un délégué SUD engagé au nom des salariés et qu’il n’a pas sa langue dans sa poche ?
La liberté d’expression est une notion qui reste à imposer aussi chez RENAULT.
Le tract, daté du lendemain de la lettre : A télécharger ici
Le tract d’analyse : A télécharger ici
L’intégralité de la lettre de sanction :A télécharger ici