Un vaste mouvement de grèves traverse la France, mais reste invisible

Les luttes sociales semblent être amorphes en France en comparaison au reste de l’Europe.
Pourtant, un mouvement social d’ampleur invisible, y compris aux yeux de la plupart des militants est en œuvre, on peut ainsi compter au moins 750 grèves en France pour les six semaines couvrant le mois de juin et les deux premières semaines de juillet 2015, un niveau quasi-équivalent aux périodes de mouvements sociaux.

Ce qui témoigne d’une conflictualité élevée et plus que d’une simple résistance, mais d’un véritable « mouvement ». Mais les statistiques officielles « oublient » 84% des conflits et les médias traitent de plus en plus ses grèves comme de banals faits divers !

Cet article essaye ici de décrire ces grèves, ce qu’elles ont comme limites, portent comme possibilités et de comprendre aussi pourquoi elles sont si peu perceptibles, même aux yeux de ceux qui les souhaitent.

Depuis la victoire de François Hollande en 2012, un profond climat de morosité afflige la majorité des militants ouvriers, syndicaux ou politiques : jamais le pays n’aura connu autant de reculs sociaux d’une telle ampleur et il n’y aurait pourtant – à leurs yeux – aucun mouvement de riposte populaire, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays voisins.

Il est vrai qu’avec les différentes mesures gouvernementales prises en trois ans, – ANI (Accord national interprofessionnel), CICE (Crédit, d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), Pacte de Responsabilité ou en train d’être prises, loi Macron (Emmanuel Macron, ministre de l’Economie depuis août 2014), Dialogue social, plan Hirsch (Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris) – et d’autres envisagées dans un avenir proche contre le Code du travail ou les retraites complémentaires, jamais il n’y avait eu un tel recul social.

Par contre, il est faux de penser qu’il n’y a pas de mouvement de contestation de ce décrochage social. Il y en a un, assez important même, mais pourtant invisible, y compris aux yeux de la plupart des militants qui souhaiteraient pourtant sincèrement un tel mouvement, qu’ils soient de gauche, de gauche de la gauche ou d’extrême gauche.

Ce serait d’ailleurs étonnant qu’il n’y ait pas de résistance en France si on peut en voir, à des degrés certes divers, en Grèce, Espagne, Portugal, Belgique, Grande Bretagne, Irlande, Allemagne ou Italie.

Un niveau de conflictualité élevé

À partir de ce que donnent les journaux sur Internet, j’ai recensé assez rapidement un peu plus de 750 grèves en France pour les six semaines couvrant le mois de juin et les deux premières semaines de juillet 2015. Vous trouverez le tableau des luttes du 1er juin au 15 juillet 2015, sous forme PDF en cliquant ici.

Ce qui témoigne d’une conflictualité élevée et plus que d’une simple résistance, mais d’un véritable « mouvement ».

Nous allons donc essayer de décrire ces grèves, ce qu’elles ont comme limites, portent comme possibilités et comprendre aussi pourquoi elles sont si peu perceptibles, même aux yeux de ceux qui les souhaitent.

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Mots-clefs : grève | prolétariat

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