Un matin de permanence syndicale pour le BTP à Paris

Un matin de permanence syndicale pour le BTP à Paris. C’est la permanance du syndicat du BTP de la CNT vignoles.

Il est 8H30 à Paris, en ce samedi de printemps, et Ferdinand est aujourd’hui de permanence syndicale pour le BTP. Il l’est en fait une fois toutes les huit semaines, en mandat tournant avec d’autres camarades.

Il pousse la grille sur rue, la bloque pour en signifier le dorénavant libre accès, et d’un pas décidé se dirige vers le fond de l’impasse.

Le trousseau de clé déjà en main, il recherche celle qui permet l’accès à la salle du fond, où il officiera toute la matinée.

Il ouvre puis, par deux néons blafards, donne de la lumière sur cette pièce aux tables qui gardent encore les traces de la réunion de la veille, à celles ou s’empilent tracts et journaux syndicaux, au bar où sont abandonnées tasses à café à moitié vides et cendriers pleins de mégots.

Ferdinand, maintenant la porte ouverte sur la cour, ventile au mieux l’espace confiné.

Dans ce premier quart d’heure, il effectue les rangements préliminaires qui permettront d’accueillir les travailleurs et camarades qui le rejoindront bientôt.

Vers 8H45, arrive Sergio de permanence comme lui. Ensemble, ils installent la salle et le matériel nécessaire à la bonne tenue de la permanence hebdomadaire du syndicat Unifié du Bâtiment.

A 9H00 débute le cours d’alphabétisation. Chaque travailleur, syndiqué ou non, peut s’y inscrire pour approfondir ses connaissances, se préparer pour un test professionnel, y développer son allocution… Comment en effet pouvoir discuter avec le patron si les mots font défaut, si la pensée s’embrouille, si on ne comprends pas ce qu’il dit ?

Comment aider ses mômes dans leurs devoirs quand on a fait soi-même que deux ans d’école de brousse ?

Comment accéder à une formation qualifiante, quand on se fait généralement bouler dès les tests de français qui ont été mis partout ?

Chacun dispose de la mallette remise par le syndicat, et qui contient le classeur où sont rangés les cours et les exercices corrigés. Les présents se choisissent un crayon dans la boîte commune, le taille méticuleusement si nécessaire, et jette un premier regard sur la feuille du sujet du jour que Sergio vient de distribuer. C’est en effet lui qui cette semaine est mandaté pour animer la cession. Un boulot pas facile-facile pour ce compagnon plombier-chauffagiste, certes motivé par la formation mais qui se sentirait plus à l’aise à expliquer la soudure sur le chantier syndical que la différenciation en genre et en nombre à quelques travailleurs avides de ces nouveaux savoirs.

Alors que dans un murmure studieux s’amorce le cours d’Alphabétisation, Ibrahim rejoint l’équipe d’animation de la permanence.

Ibrahim, a un dossier prud’hommes suivi par le syndicat, et vient filer un coup de main. Comme le syndicat le fait pour lui, il accueillera à partir de 10H00 les salariés, syndiqués ou non, qui sont en attente de conseil. Alors que Ferdinand analysera le fond de chaque demande, Ibrahim lui veillera à recevoir au mieux chaque nouvel arrivant, offrira l’éventuel café, vérifiera que la personne dispose bien de tous les éléments suffisants pour que son problème soit compris, que son activité dépend bien de notre champ de syndicalisation ou la réorientera vers un autre syndicat si nécessaire.

Il est maintenant 9H50. Alors que l’odeur du café zapatiste emplit la petite salle, et qu’Ibrahim fini d’essuyer la vaisselle derrière le bar, Ferdinand termine le balayage de l’impasse.

Il en est à passer la serpillière dans le sanitaire quand les premières personnes se présentent pour la permanence. La clémence du temps, lui permet de les arrêter avant qu’ils pénètrent dans la salle, leur expliquant que le cours d’alphabétisation se termine et qu’il est préférable que les dernières consignes pour la semaine, données par Sergio, puissent s’entendre dans les meilleures conditions. Il en profite pour saluer un camarade qui revient de vacances au pays et pour s’enquérir sur la façon dont un nouveau venu a connu la permanence.

Vu sur le site de la CNT-vignole

Mots-clefs : prolétariat
Localisation : Paris 20e

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