Discrétion, intelligence et connexion
La municipalité Perdriesque [1] se veut à la pointe de la Smart City : design, ultraconnectée et surveillée. Les start-ups de la cité du design sont donc mises à l’honneur avec ce nouveau projet digne de Georges Orwell. Son petit nom c’est SOFT pour Saint-Étienne observatoire des fréquences du territoire. On croirait presque à un dispositif de défense de nos droits, type Observatoire international des prisons. Rien à voir.
Pour la première fois en France, une vingtaine de capteurs sont installés dans l’espace public, dissimulés dans des lampadaires ou des panneaux de signalisation. Ils n’enregistreront pas les voix (pour l’instant), mais détecteront les bruits « suspects » et donneront l’alerte. L’objectif affiché est de prévenir les keufs en cas de cris ou de coups de feu. Une fois de plus, la lutte contre le terrorisme sert de prétexte à une plus grande surveillance de nos vies. Un agent sera dédié à l’écoute des alertes pour confirmer à l’oreille si les bruits décelés sont bien suspects. On redoute la confirmation par vidéosurveillance qui risque de pousser encore plus loin la réduction de nos libertés privées. L’expérimentation de six mois risque d’aller plus loin par la suite et déployée sur toute la ville.
SereniCity parle d’un module « discret, intelligent et connecté » pour évoquer les capteurs du leadeur international Analog Devices. La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) – sur laquelle on ne comptait pas vraiment – a validé le projet. « Nous n’enregistrons rien […] nous détectons seulement la signature acoustique » rassure Fabrice Koszyk, l’un des directeurs de la filiale et responsable de plusieurs entreprises spécialisées dans le business-conseil ou dans l’accompagnement de PME dans leurs « transactions digitales » [1]. Un mec qui pèse quoi.Les nouveaux nouveaux riches
Parlons-en justement de ceux qui font l’entreprise. SereniCity fait partie des start-up chéries par la municipalité et installées à la Cité du design. Elle a été créée en juin 2018 et est dirigée par six associés. Guillaume Verney-Carron l’héritier fabriquant d’armes la préside. Un joli combo : start-up, armement, municipalité, État. En creusant un peu, on se rend compte que l’un des associés, Éric Pétrotto est bien connu du quartier Manufacture-Plaine Achille sur lequel est implantée la Cité du design. Il est l’ancien directeur du Fil, de la Fabuleuse Cantine et de 1DTouch.
Il est aussi le directeur de DOOD pour Digital Orchestra Of Data, une entreprise fondée en 2017 qui a pour but « la création, cocréation, la propulsion, la transformation de start-ups du ‘nouVeau nouveau’ monde ». « Dood » c’est aussi en anglais argotique un ami proche, quelqu’un qui te rend fou… On peut dire tellement proche qu’il nous rend fous c’est sûr. Loin d’être une simple entreprise d’informatique telle qu’annoncée sur leur page Facebook, DOOD est référencé sur « societe.com » comme une société spécialisée dans le secteur d’activité de la gestion de fonds. En clair, nous avons à faire ici à la société type d’un « business angel » qui investit dans la nouvelle économie, le nouvel écosystème numérique d’aujourd’hui. Avec Pétrotto, tout passe à la sauce digitalisation : la musique (1DLab/1Dtouch), l’alimentation (FABuleuse cantine), la santé (Allobobo),… et la sécurité (Serenicity) !
The wire, Tarentaize sur écoute
Le Numéro zéro de Saint-Étienne publie un article sur le projet orwellien d’installer des micros pour surveiller les rues.
« Design et numérique sont les mots préférés de nos puissant(e)s pour défendre n’importe lequel de leur projet stéphanois. Les armes fabriquées par Verney-Carron sont design, les micros qui seront installés par sa filiale Serenicity le seront sûrement aussi. »
Notes
[1] Par rapport au nom du maire, Gaël Perdriau