Soyons involontaires pour les JOP 2024 - Rencontre avec une involontaire

| Saccage 2024

Rencontre avec une involontaire (nommons la Laurie), inscrite en tant que volontaire aux JOP de Paris 2024, et qui a décidé de ne pas y aller.

Au début de l’année 2023, les JOP (Jeux Olympiques et Paralympiques) de Paris 2024 avaient ouvert leur campagne de recrutement de 45 000 volontaires (traduction : bénévoles) pour leurs jeux. Saccage 2024 avait proposé de lancer une campagne « Soyons involontaires pour les JOP », visant à dénoncer le recours au travail gratuit et dissimulé de la part du COJOP (Comite d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques), ainsi qu’un certain nombre de travers. Des involontaires de partout en France avaient répondu présent.e.s et s’étaient inscrit.e.s.

(Un hérisson en peluche arborant le bob de l’uniforme des volontaires de Paris 2024 – mais que va t’il en faire ?)

S2024 : Pourquoi tu t’es inscrite en tant qu’involontaire aux JOP de Paris2024 ?

Laurie : C’était un moyen simple pour moi de faire quelque chose contre les JO alors que j’habite loin, et que mon territoire est peu concerné. En plus, j’étais dans un moment ou je pouvais faire cette action depuis chez moi, depuis ma maison, contre les JO.

S2024 : Pourquoi tu n’aimes pas les JOP ?

Laurie : Les JO, ça représente beaucoup d’argent qu’on utilise pour des trucs qui ne servent à rien. ON peut faire du sport (de compétition ou hors compétition sportive) sans cette débauche de fric.
Les JO, ça fait chier plein de personnes précaires, comme les étudiants et les étudiantes, qui se font virer de leurs logements, les personnes exilées… Il y aussi des problèmes avec la gentrification, les JO ont des impacts surtout sur les personnes précaires.

S2024 : En quoi ça t’importe ?

Laurie : J’ai envie de vivre dans un monde mieux pour tou.te.s les gentes (pauvres, exilées, …). J’ai l’impression que les JO, ça empire les choses plus que ça les résout. On a besoin de l’argent des JO pour faire des choses chouettes (qui ne soient pas des JO). Mais pas que. On a besoin aussi de l’argent de Bernard Arnault.

S2024 : Comment tu as entendu parler de la campagne des involontaires ?

Laurie : J’en ai entendu par des gens qui connaissent des gens qui connaissent Saccage2024 et l’existence de cette campagne. J’en ai aussi parlé à des gentes autour de moi, même si je suis pas sûre qu’iels soient passé.e.s à l’acte. Peut-être que pour les prochaines fois, on pourrait organiser des ateliers d’inscriptions collectives, pour se motiver.
Ça m’amuse beaucoup comme militantisme, ça permet de voir les JO de l’intérieur. Avant, j’ignorai tout des JO, maintenant j’ai connaissance de ce qui est important pour eux. Par exemple, au cours d’une des formations que doivent suivre les volontaires, il y a une séquence concernant le repérage des marques qui font de la publicité sur les JO, sans être partenaire officiel. Les volontaires doivent bien vérifier que ces marques sont vraiment associées au JO, notamment parce que le modèle économique des JO est basé sur le sponsoring. Ce n’est pas qu’un évènement sportif, mais aussi super commercial et en tant que bénévole, on te demande d’être flic des marques sur les JO.

S2024 : Qu’est ce que tu penses du fait que les JOP aient un recours massif au bénévolat ?

Laurie : Pour moi, le sport populaire a une dimension associative et bénévole et ne rentre pas dans le champ du capitalisme. Ça me parle que le sport reste dans un champ en dehors du capitalisme. Il y a une vraie privatisation du sport, que ce soit le sport des élites, mais également via les salles de sport privées. Les gentes s’inscrivent dans ces lieux plutôt que d’aller dans des associations. Ces lieux participent à l’accaparement du sport, comme les JO. Je veux bien qu’il y ait des bénévoles dans le sport, mais plus de JO.

(Une autre peluche (un racoon cette fois-ci) piétinant le bob de l’uniforme des volontaires de Paris 2024)

S2024 : Quelles ont été tes étapes de recrutement ?

Laurie : Au début, c’était les deux questionnaires « psy » de 90 questions chacun – j’ai trouvé ça un peu très long, très intrusif, mais aussi absurde, voire rigolo. Les questions pouvaient être interprétées avec un humour absurde.
Ensuite, j’ai dû donner mon identité pour faire mon accréditation, qui me permet d’avoir accès à certains périmètre. Puis, on m’a proposé plusieurs missions, que j’ai acceptées et on m’a invitée à la convention des volontaires, qui a eu lieu le 23 mars, à Nanterre. J’y ai été en visio, c’était pas très intéressant, mais c’était hyper impressionnant de voir la salle remplie (U-ARENA- 10 000 places). Pour aller à ce truc là, il fallait payer le trajet à mes frais.
Ensuite, j’ai pu récupérer mon planning – soit des journées de 7 heures, qui commencent à 5h du matin. Ça me va bien, car j’ai prévu de ne pas y aller.
Après, il y a eu la formation générale des volontaires (sorte de MOOC- formation en ligne), en visio, avec des heures de formations comme celle sur comment repérer les marques non partenaires des JO). Enfin, je suis passée retirer mon accréditation et mon uniforme (merci à Décathlon pour ces pantalons) et je viens de recevoir les modules de formation spécifiques à ma mission.

Il y a un côté amusant que ça se déroule un peu tous les mois, avec des nouvelles étapes, et le site est assez ludique. Je suis assez assidue sur mon espace volontaire.

S2024 : Et si c’était à refaire (par exemple pour Alpes 2030) ?

Laurie : Les goodies de l’uniforme de Décathlon seraient encore mieux, donc oui, je referai !

(Oh, encore une peluche qui a volé un Bob de l’uniforme des volontaires de Paris 2024 ! Un croco, cette fois !)

Mots-clefs : Jeux olympiques

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