Saint-Denis : les tableaux numériques ne cachent pas la précarité

Des tableaux numériques et de la peinture fraîche ? Pourtant l’école continue de s’effondrer dans le 93 !

Jeudi 18 septembre à 17h, le Conseil Général et la Direction Académique inaugurent l’une des nouvelles « vitrines » du département, le collège intercommunal Saint-Denis - Saint-Ouen, Dora Maar [1] . Tout le gratin sera là : Troussel, le président du conseil général de Seine-Saint-Denis, Gille, la rectrice, Hanotin, le vice-président du conseil général chargé de l’éducation et de la jeunesse, Brison, le directeur académique des services départementaux de l’éducation nationale, et cetera, et cetera...

C’est l’occasion de montrer à tout ce beau monde que non, la rentrée ne se passe pas bien, pas plus à Dora Maar que dans tous les collèges du département.
Les effets d’annonce et les collèges Potemkine n’y changent rien : les services d’utilité publique manquent toujours autant de moyens en Seine-Saint-Denis. [2]
Les collèges en travaux ouvrent dans des conditions désastreuses. [3]
Les seuils sont dépassés dans de nombreux établissements.
Une majorité des enseignant-e-s a fait sa rentrée devant des classes de plus de 25 élèves.
La précarité des personnels est toujours très importante, en particulier les personnels techniques et contractuels. [4]
Après de nombreuses années de luttes, les AVS (encadrant les enfants en situation de handicap) ont enfin obtenu une possibilité de CDI mais au prix d’une rémunération en-dessous du seuil de pauvreté.
De manière générale, la pénurie de remplaçant-e-s organisée sous Sarkozy n’a pas connu de changement depuis 2012 et cette année encore, on peut évaluer que plus de 100 000 journées de classes ne seront pas assurées.
Il y a un manque global de personnels, en particulier médicaux et sociaux, alors que des postes d’agents sont supprimés...
Poudre aux yeux, pixels et peinture fraîche ne cachent pas le manque de moyens pour l’éducation.

Les décideurs politiques préfèrent mettre des tableaux numériques plutôt que recruter des personnels.
Au-delà du juteux marché de rééquipement (en partenariat public-privé) et de la fascination pour le progrès technique, ces dispositifs pourraient marquer un retour en arrière pédagogique : dans la mise en pratique concrète, ils limitent l’interactivité, et menacent la liberté pédagogique des enseignant-e-s. [5]
Ces choix budgétaires se font sous la pression de puissants lobbies économiques (éditeurs de manuels numériques, de logiciels pédagogiques, fabricants de tablettes...) au gré des modes publicitaires ou technologiques .
Tout se passe comme si l’Education Nationale voulait aujourd’hui qu’un cours ressemble à un Powerpoint présentant les résultats financiers d’une entreprise à des actionnaires.
Ainsi, les décideurs politiques jouent à nouveau la carte du contrôle social et de l’écran impersonnel, contre les besoins humains réels et l’échange pédagogique.

Syndicats [6] et militant-e-s de l’éducation appellent à un rassemblement jeudi 18 septembre à 17h pendant l’inauguration du collège Dora Maar.

Rendez-vous au 41 rue ampère à Saint-Denis (métro 13, carrefour pleyel), jeudi 18 dès 17h !

Notes

[1Dora Maar, de son vrai nom Henriette Theodora Markovitch, née le 22 novembre 1907 à Paris et morte le 16 juillet 1997 à Paris, est une photographe et peintre française ; elle fut l’amante et la muse de Pablo Picasso, rôle qui a éclipsé l’ensemble de son œuvre.
Dans sa jeunesse, Dora Maar fréquente le groupe Octobre (troupe de théâtre française d’agit-prop formée autour de Prévert après sa rupture avec le surréalisme), ainsi que la revue communiste antistalinienne, Masses. Après les manifestations fascistes du 6 février 1934 devant l’Assemblée nationale française, elle signe le tract Appel à la lutte lancé par André Breton.
Fin 1935, Dora Maar rencontre Pablo Picasso. Leur liaison durera près de neuf années.
Dora Maar photographie les étapes successives de Guernica et Picasso utilise ces photos dans son processus de création. Parallèlement, elle est son principal modèle, Picasso la représente le plus souvent en larmes.
Aux côtés de Picasso, Dora Maar abandonne la photographie pour la peinture. Picasso semble vouloir éloigner son amante du domaine où elle excelle pour la contraindre dans une peinture au style cubisant.
C’est à partir de la douloureuse séparation d’avec Picasso qu’apparaît vraiment Dora Maar peintre. Les œuvres tragiques figuratives comme Portrait d’Éluard, ou Autoportrait à l’enfant (1946), traduisent dans une palette sombre la douleur des années d’après-guerre.
Après des années de lutte, entre dépressions et mysticisme, l’enfermement volontaire de Dora Maar avec ses souvenirs connaît une brève embellie dans les années 1960 à 70, avec des grands formats abstraits aux couleurs chatoyantes.
Mais c’est à partir des années 1980 que le peintre s’exprime pleinement dans ses multiples tableaux du Lubéron, où les paysages sauvages autour de sa maison de Ménerbes, balayés de nuages et de vent, révèlent avec force la lutte d’une artiste aux prises avec les fantômes de son passé.

[2Voir aussi cet article sur les problèmes d’accès au soin.

[4Voir aussi cet article sur la situation générale à la rentrée.

[5Version soft power, il est facile de trouver des supports de cours pré-mâchés, version contrôle, les tableaux numériques pourraient être utilisés par la hiérarchie pour avoir une trace de ce qui se passe dans la classe.

[6SUD éducation Créteil et la CGT éduc’action

Localisation : Saint-Denis

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