Retour sur la kermesse antifasciste du 7 juillet

Retour sur l’organisation et le déroulé de la kermesse antifasciste qui s’est tenue dimanche 7 juillet à Place des Fêtes.

Ce dimanche 7 juillet, nous avons décidé d’investir la place des Fêtes afin de proposer autre chose que la passivité des journées électorales, de leurs émissions spéciales et de leurs sondages permanents. Nous souhaitions être dehors, au contact de nos voisin·es et de nos camarades, afin de nous rencontrer et d’échanger au-delà de la seule question du vote.

La préparation

« Nous », c’est un ensemble de collectifs et d’associations plus ou moins formelles renforcées par des ami·es et des camarades : la Cantine des Pyrénées, le Kalo, des militant·es contre les violences policières, le GRC et des membres du DOC. En une dizaine de jours, nous nous sommes réuni·es à plusieurs reprises, nous avons tracté et collé dans le quartier, confectionné des banderoles et cuisiné pour plusieurs centaines de personnes. Sur la place des Fêtes, comme le veut la tradition, pas de déclaration en Préfecture : les événements s’auto-organisent, et la place se partage avec les habitant·es présent·es.

L’installation

Ce dimanche, il nous a fallu composer avec l’association des Jeunes Ambitieux, qui organisait sur la place une journée de jeux sportifs à destination des enfants et familles du quartier. Ils n’avaient pas particulièrement envie de ramener des questions politiques à cet endroit. Alors que nous convenons de l’organisation de l’espace avec eux, nous découvrons qu’une rumeur circule quant à l’organisation sur la place cette même après-midi d’une « manifestation propalestienne antisémite ». En discutant avec des voisin·es du quartier, nous comprenons que quelques mauvais esprits ont voulu faire passer notre kermesse antifasciste pour autre chose que qu’elle était censée être, en instrumentalisant la peur et la confusion. La facilité avec laquelle cette rumeur a pris nous a laissé songeur sur l’état émotionnel qui a eu court pendant ce moment.

Ce qui s’est passé

Rapidement, d’autres habitant·es du quartier, investi·es dans sa vie associative ou non, sont venu·es proposer leur aide pour installer et gérer le barbecue. Dans la file d’attente interminable pour accéder aux salades et aux gâteaux préparés par la Cantine des Pyrénées et aux merguez (réalimentées in extremis par un commerçant du quartier), des adolescent·es découvraient le principe du prix libre et l’expliquaient aux plus jeunes. Au stand de tir à la carabine, ça défouraillait sec pour gagner Les Aventures des Crametout, la bande dessinée rocambolesque produite spécialement pour l’occasion par Corto Malaise. A l’infokiosque, bien achalandée de brochure antifascistes en tout genre, on ressentait bien l’enthousiasme et l’intérêt des habitant·es. Dans le même temps, les camarades du Ménilmontant FC animaient une partie de football avec les enfants de la place, la Fanfare Invisible prenait le flambeau de la sono pour faire danser la foule. Doucement, les habitant·es venu·es pour les activités sportives des Jeunes Ambitieux, et ceux attiré·es par les merguez antifascistes commencent à se mélanger. Tout le monde n’était pas là pour les mêmes raisons, mais on était ensemble.

Soulagement et cortège populaire

Au moment de l’annonce des résultats électoraux, de grands cris parcourent la place. Celles et ceux qui fêtent la victoire de la gauche côtoient ceux qui ont promis de ne plus jamais se réjouir de la réussite d’une gauche traitresse par nature. Mais c’est surtout le soulagement qui prévaut, les chants, les cris, les danses fêtent un nouveau sursis face à la montée du RN qui aurait pu, cette fois, rafler la mise. Pour exprimer ce soulagement, nous tendons le micro aux jeunes de la place qui, tour à tour, insultent les morts de Bardella et des racistes de ce pays. Plus question d’une séparation entre les jeunes sportifs d’un côté et les militant·es politiques de l’autre, la place est unie derrière un constat commun : nous vivons bien dans un quartier qui est, et qui restera, antifasciste et antiraciste.

Peu avant 21h, un cortège se constitue, joyeux et déterminé, il descend la rue de Belleville et bat le pavé jusqu’à la place de la République. Au rythme de la Fanfare invisible, nous sommes rejoint·es tout du long par les habitant·es des quartiers traversés et c’est tout Belleville qui vient crier sa rage et son soulagement sur cette place déjà bondée et encerclée par les forces de police, que nous n’avions pas vu de la journée.

Se rencontrer et s’organiser

Nous qui avons impulsé et organisé cet événement pensons que, face à la menace de l’extrême droite et aux trahisons de la gauche bourgeoise, rien n’est possible sans l’organisation concrète des habitant·es dans leur quartier. Le déroulé de cette kermesse antifasciste nous conforte dans notre volonté d’intervention et d’organisation territorialisée. Notre seul regret est de ne pas avoir su expliciter plus clairement les enjeux politiques du moment : la nécessité de faire naître une force populaire consciente de ses buts, c’est-à-dire un antifascisme conséquent et par là même révolutionnaire. Nous continuerons de développer les liens tissés dans la préparation de l’événement et auparavant, et de travailler à rendre re-joignable et intelligibles nos perspectives et nos positions politiques. Ce n’est qu’un début.

Localisation : Paris 19e

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